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Bande dessinée -> Adaptation |
| Alexis Nesme Les Enfants du Capitaine Grant, de Jules Verne (vol. 1) Delcourt - Ex-Libris 2009 / 9.95 € - 65.17 ffr. / 48 pages ISBN : 978-2-7560-1053-3 FORMAT : 22,6x29,8 cm Imprimer
Ce 26 juillet 1864, les marins du Duncan ramènent à bord un énorme requin. Dans son estomac, on trouve une bouteille renfermant un message à moitié effacé : un appel au secours
Cest le début dune aventure incroyable pour Lord Glenervan, le maître à bord, et son épouse. Le message de détresse provient du Capitaine Grant, disparu mystérieusement et sans laisser de traces deux années auparavant. Après une première tentative de déchiffrage, Lord Glenervan, fougueux et fier écossais, tente dalerter lamirauté britannique. Mais la marine de la Reine na que faire de cette disparition et ne peut sengager dans une escapade qui na rien de sûr. Alors que les deux enfants du Capitaine Grant rejoignent Glenervan, celui-ci décide de partir lui-même au secours du pauvre disparu. En route vers lAmérique du Sud, là où, sans aucun doute, le capitaine serait prisonnier dune tribu indienne
Avec ce très bel album, la collection Ex-Libris senrichit dune belle pièce. Sil ne sagit certes pas du plus célèbre des romans de Jules Verne, Les Enfants du Capitaine Grant demeure lun des plus emblématiques, et un classique du roman daventures. Nous sommes dans le récit de voyage par excellence, le pur divertissement : un message trouvé dans une bouteille, une traversée de locéan à bord dun grand voilier, des personnages hauts en couleurs (ici, le géographe Paganel, père spirituel de Tryphon Tournesol), des péripéties au bout du monde et des paysages extraordinaires. Cest une histoire un peu folle, avec ce parfum de grand classique un peu désuet, un peu passé mais toujours terriblement attirant.
Limaginaire de Verne a toujours fasciné les faiseurs dicônes : des gravures de Neuville aux films de Hollywood, en passant par les planches de Hergé ou celles de Schuiten et Peeters. Jules Verne a toujours su tirer de son goût pour les sciences et la pure aventure des scènes fortes et des moments de bravoure qui restent gravés dans les mémoires, de purs instants visuels, encourageant toutes les velléités graphiques. Pour loccasion, Alexis Nesme réalise à son tour un superbe travail dillustration, en phase avec le caractère dantan du récit et loin de ses recherches numériques un peu laides mises en place dans Grabouillon: plutôt quune modernisation du texte cest lartisanat qui reprend ici le dessus, le travail fait main, lenluminure. La couverture reprend lesthétique Hetzel, puis ce sont les planisphères jaunis, les mouchetures comme celles dun vieux grimoire, les dorures, et les illustrations comme sorties dun livre dimages dautrefois. Réalisé en couleurs directes, avec un jeu particulièrement soigné sur les rendus, les décors, les lumières et les couleurs, lalbum est dune grande beauté. Lesthétique est riche et raffinée, et faite de ce trop-plein qui donne envie de décortiquer chaque case et de se plonger entièrement dans ces ambiances. On pense à Michel Plessix, avec qui Nesme entretient un autre point commun, puisque cet album reprend des figures animalières comme protagonistes principaux. Les trentenaires se souviennent dune adaptation en dessin animé du Tour du monde en 80 jours où Phileas Fogg avait les traits dun lion, et Passepartout ceux dun gros chat. On retrouve ici cette transposition immédiatement familière et forcément efficace.
Ils sont de plus en plus rares ces albums faisant preuve dun lourd travail graphique. Le genre serait passé de mode, lépoque est plus au dessin rapidement exécuté, nonchalamment jeté. Avec cette imagerie un rien désuète, nous sommes pourtant en plein dans le genre. Alexis Nesme ne cherche pas à bouleverser Verne, à le moderniser bêtement mais bel et bien à lui rendre hommage avec la plus parfaite mise en images dun texte de genre toujours passionnant.
La combinaison de tous ces éléments façonne le genre de livre quon nespérait plus lire : ces classiques de la littérature jeunesse qui sinscrivent dans les gènes à force dêtre lus et relus, ces albums illustrés qui fascinent grâce à leurs images fortes et leurs rebondissements constants.
Alors certes, parfois, lauteur semble un peu à létroit. Son découpage étriqué et la petitesse des planches ne mettent pas forcément en valeur son dessin, et ladaptation, transparente, aligne une par une et un peu platement les scènes sans forcément se préoccuper du rythme, laissant forcément le texte de Verne, riche en informations, dans les coulisses. Cest une petite réserve, un simple bémol tant la lecture de ce livre ravit autant les yeux que lesprit et redonne, lespace dun moment, le plaisir de redevenir lenfant découvrant les ouvrages qui le suivront toute sa vie. Un album qui a donc tout dune cure de jouvence.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 08/06/2009 ) Imprimer
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