|
Bande dessinée -> Humour |
| Daniel Goossens Passions Fluide Glacial 2014 / 14 € - 91.7 ffr. / 48 pages ISBN : 9782352072980 FORMAT : 24,2x32,1 cm Imprimer
Un nouvel album de Daniel Goossens est toujours un événement. Il y a trois ans, lauteur nous offrait lun de ses plus beaux livres, Sacré Comique, et cest donc avec une envie décuplée que lon découvre ces nouvelles Passions. Comme toujours, les lecteurs de Fluide Glacial auront déjà eu la primeur de ces planches. Remarquons dailleurs que le magazine a, depuis quelques mois, retrouvé une forme olympique, comme à la grande époque.
Pilier du magazine dès ses premières apparitions à la fin des années 70, Goossens est aussi celui qui a su le mieux négocier le passage à la couleur. Si maintenant tous les autres auteurs ont dompté leurs pinceaux Photoshop et leurs aquarelles il fut un temps où il était difficile de se faire à ces dégradés ambitieux et autres teintes suspectes sans risquer la conjonctivite. Goossens lui était déjà comme un poisson dans leau, parfaitement à laise avec ses couleurs et ne regrettant pas ses lavis de gris. Son dessin avait de plus pris encore plus de force, moins étriqué, toujours plus dynamique et précis. Ceci pour en rajouter une couche à son génie : Goossens nest pas seulement drôle et intelligent, il est aussi un excellent dessinateur, lun des meilleurs. Certes il nest pas de ceux qui vont sétendre et se pavaner : son dessin est toujours au service dun texte précis, sans esbroufe. Et la couleur est donc une valeur ajoutée à ses histoires. On est passé au Technicolor, brillant, pétillant.
Du Technicolor, il y en a dans lune de ces histoires, une relecture lointaine (forcément) et décalée du Mogambo de John Ford, le récit le plus réussi de lalbum. La jungle africaine est le décor pour cette aventure qui mêle lamour impossible et étranges péripéties (la chasse du terrible bébé sauvage afin de récupérer ses couches). Cest ici le Goossens brasseur de genres et didées qui pointe son nez. Lamateur de Hollywood qui, à partir dun cliché vieux comme lhistoire du cinéma, brode une variante totalement loufoque mais toujours sur le fil. Les personnages de Goossens sont imperturbablement sérieux, débitant des âneries au kilomètre avec un sublime aplomb, les rendant toujours plus ridicules à force dêtre abrutis.
Comme toujours chez Goossens, le principe de cause à effet est dynamité. Comme dans une machine qui aurait un gros défaut mais qui continuerait à faire de plus en plus mal son travail, les scénarios de Goossens partent dune idée bête, déplacée, pour filer droit dans un mur dabsurde et dhumour. Un jeu de mot, une drôle de relation entre deux idées (et si les Bidochon refaisaient Autant en emporte le vent ?), et cest toute une histoire insensée qui est contée par la suite.
Après Einstein, les bébés et Dieu, Goossens sattaque donc à lamour et aux Passions. Quelles soient platoniques, fantomatiques, débridées (Georges et Louis forment désormais un vieux couple, chaise longue et peignoir dans le jardin) ou simplement bizarres. Si lensemble na pas la tenue de Sacré comique, on reste tout de même ici dans les hauts plateaux de lhumour intelligent, un genre a peu près désaffecté et dont Goossens serait lunique représentant.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 01/04/2014 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:Sacré comique de Daniel Goossens Georges et Louis (tome 6) de Daniel Goossens | | |
|
|
|
|