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Bande dessinée -> Humour |
| Miguelanxo Prado Chroniques absurdes (tome 3) - Un monde barbare Dupuis - Expresso 2005 / 9.50 € - 62.23 ffr. / 56 pages ISBN : 2-8001-3680-4 FORMAT : 24 x 32 cm Imprimer
Suite des rééditions de luvre de Miguelanxo Prado. Après « Un monde délirant » et « Un monde de brutes », voici lavant-dernier tome des indispensables Chroniques absurdes de lauteur espagnol. Ces récits autrefois disponibles chez Les Humanoïdes Associés retrouvent un second souffle dans la jeune et déjà très riche collection « Expresso » de chez Dupuis.
Le principe est toujours le même : des histoires courtes, quatre planches maximum, une scène de vie qui vire soudain au cauchemar ou à labsurde le plus total. Dans la ligne de mire, lhomme est ses gros travers (de porc), la méchanceté et la stupidité qui semblent ne pas avoir de limites. Quinze histoires, dont une jusqualors inédite, sont ici réunies, et le niveau général ne faiblit pas, bien au contraire. Le regard de Prado est toujours aussi acéré et chaque récit fait mouche avec une grande précision.
Les cibles préférées de lauteur sont présentes : la justice, les décideurs en tout genre, les petits beaufs, les bimbos et les militaires sont de nouveau enrôlés pour une démonstration de pure bêtise. À ces acteurs récurrents sajoutent cette fois les taxis, les touristes (« ces pays du tiers-monde sont tellement bon marché »), ou même les enfants surdoués. Chez Prado, pas de risque de grossir le trait au point de devenir trop énorme : il y a dès les premières vignettes une telle assurance pour poser le décor et ses personnages que le lecteur est immédiatement captivé, approuvant avec délice et malice la caricature. Et même si le contexte semble au premier abord plus facile (larmée qui, suite à une erreur de manuvre, bombarde Venise par exemple), lauteur a suffisamment datouts cachés dans ses manches pour finalement parvenir à épater et étonner.
Le lecteur assidu remarquera sans peine un graphisme qui connaît une certaine évolution : alors quen effet les récits sont toujours aussi virulents, le trait de Prado sadoucit, les faciès se font moins déformés, et les silhouettes moins tordues. Comme un retour progressif vers un style plus réaliste, un dessin plus souple qui, logiquement, renforce le caractère violemment banal de ces saynètes. Ce gain de réalisme rapproche dès lors de plus en plus le travail de Prado des grands films satyriques italiens, Les Monstres ou Affreux, sales et méchants en tête. Même bassesse humaine pointée du doigt, même bras dhonneur à la morale chrétienne.
Pour toutes ces raisons, et pour des pages de bonheur en plus, la publication déjà prévue dun quatrième tome, cette fois entièrement composé dhistoires inédites, sannonce dores et déjà passionnante.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 05/03/2005 ) Imprimer
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