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Bande dessinée -> Jeunesse |
| Michel Plessix Le Vent dans les Sables (tome 3) - La Tentation du Désert Delcourt - jeunesse 2009 / 11.50 € - 75.33 ffr. / 48 pages ISBN : 978-2-7560-1269-8 FORMAT : 22,6x29,8 cm Imprimer
Dans sa troisième fournée du Vent dans les Sables, Michel Plessix poursuit la description dun Maghreb enchanteur. Rat, Taupe et Crapaud sont perdus dans une Afrique du Nord mystérieuse, loin de leurs saules habituels. Ils sy efforcent de gagner tant bien que mal largent qui pourra leur servir à payer le voyage du retour, mais la bourse ne se remplit pas vite ! Sans compter que Crapaud est toujours incontrôlable, ambitieux et égoïste. Il sinvente des aventures et disparaît pour les corvées ; et bien sûr, lorsquil entend une vieille mendiante évoquer la légende dun trésor lointain, sen va seul dans le désert ! Ses amis sont donc obligés de partir à sa recherche. Les voilà partis dans les dunes.
Il y a là du désert pour toute la famille. Depuis quil a commencé ce nouveau cycle, Plessix ne se soucie plus vraiment dun public jeunesse. Il se plaît à raconter des histoires universelles, avec ironie et savoir-faire. Dailleurs, ses thèmes de prédilection ne changent pas dun volume à lautre : en particulier la tolérance dans la découverte des coutumes étrangères, et le charme de la civilisation maghrébine. Il se plaît donc à confronter ses héros à de faux tapis volants, à des rencontres inattendues, à des proverbes soufis et aux pâtisseries au miel. Laction, elle, avance peu.
Et pourtant, ces trente pages sont denses, car à chaque vignette, lauteur remplit de chaleur son dessin, peaufine les expressions et ajoute des détails. Les animaux secondaires, mouches et chameaux, ont tout aussi droit à la parole que les autres, bande dessinée animalière oblige : ils rajoutent donc une bande-son supplémentaire, multipliant les actions parallèles. Larrière plan, parfois, compte plus que le premier. Cest aussi que Plessix précise largement les décors, dans un découpage généreux en plans densemble où le lecteur peut se perdre.
On oublie donc la lenteur du récit, pour apprécier la bande au fil de la case. Un carpe diem que Plessix ne cesse de prêcher, transformant le voyage de ses personnages en hymne à la contemplation.
Il accentue dans ce troisième volume les références à un art de vivre lentement. Il convoque les figures de la philosophie, quelles soient orientales (les soufis) ou européennes (la vieille mendiante rappelle fort Diogène). Cest quil observe tout simplement lopposition entre religion intégriste et humanisme cuménique : à côté du monde idéal dans lequel les religions se côtoient sans se bousculer, on sent pointer les fondamentalistes. Leur présence risque sans doute dinférer avec celle de nos héros dans le prochain volume.
Mine de rien, en dessinant des bêtes de poil et décaille, Plessix nous livre des leçons de vie. Il nous apprend à prendre des chemins détournés, à se laisser guider par le hasard et par la découverte, sans simposer de limite. Il justifie donc, comme sil en avait besoin, son voyage en terres inconnues, au rythme issu de lintérieur. Et surtout, il nous donne furieusement envie de laccompagner dans ses deux prochaines étapes.
Clément Lemoine ( Mis en ligne le 11/05/2009 ) Imprimer
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