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Le premier coup d'Etat moderne
Thierry Lentz   Le 18 brumaire
Perrin - Tempus 2010 /  11 € - 72.05 ffr. / 522 pages
ISBN : 978-2-262-03281-4
FORMAT : 11cmx18cm

L'auteur du compte rendu : Alexis Fourmont a étudié les sciences politiques des deux côtés du Rhin.
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Sceptique, Sieyès déclara à propos du Directoire que "ce gouvernement est mal divisé... Tout cela, ajoutait-il, aurait besoin d'ensemble et d'harmonie". Le constat du grand théoricien de la Révolution était parfaitement fondé. Le talon d'Achille de la Constitution du 5 fructidor an III résidait en effet dans la séparation trop stricte du Directoire et des deux assemblées, i.e. les Conseils des Cinq-Cents et des Anciens, censés incarner respectivement "l'imagination de la République" ainsi que sa "raison" pour reprendre la formule de Boissy d'Anglas. D'après le rapporteur de la commission des Onze, les organes exécutif et législatifs devaient en effet "se balancer sans se heurter et se surveiller sans ce combattre". La réalité fut tout autre, si bien qu'à trop songer à diviser les pouvoirs on a fini par instiller les ferments de la division au cœur même de la République.

A l'inefficacité des institutions s'ajouteront les insurrections et les coups d'État, opposant souvent les Jacobins aux monarchistes. Quand il présida le Directoire, Sieyès tenta de modifier la Constitution. Toutefois, son entreprise demeura vaine du fait de la complexité de la procédure de révision constitutionnelle, laquelle rendait toute réforme sinon impossible, du moins fort improbable. Afin de réaliser ses projets, Sieyès chercha donc l'aide d'une "épée". C'est ainsi qu'entra en scène le général Bonaparte. S'alliant avec l'abbé et Roger Ducos, Bonaparte, ce "Robespierre à cheval", prépara et exécuta le coup d'État du 18 Brumaire, auquel Thierry Lentz a consacré un livre en 1997, qui vient de faire l'objet d'une nouvelle publication.

Dans cette brillante étude, le directeur de la Fondation Napoléon se penche sur ce que Curzio Malaparte a naguère qualifié de "premier coup d'État moderne", au cours duquel "pas une goutte de sang ne fut versée" et "pas un coup de feu ne fut tiré". En effet, seules "quelques centaines de députés furent mis en fuite par une compagnie de grenadiers". Comme l'écrit à juste titre Thierry Lentz, les 18 et 19 Brumaire an VIII, Bonaparte et Sieyès se bornèrent à "cueillir ensemble le pouvoir. Un mois et demi plus tard, le premier était le seul maître de l'exécutif d'un nouveau régime et affirmait avoir "fini" la Révolution". Bref, un véritable "coup de maître", rien de moins. Pourtant, Tocqueville prit jadis la plume pour fustiger ce coup d'État, qu'il allait même jusqu'à considérer comme l'"un des plus mal conçus et les plus mal conduits qu'on puisse imaginer" (p.7).

L'objet de cet ouvrage est de décrypter les tenants et les aboutissants de ce changement de régime. Dans son introduction, l'historien annonce les questionnements qui ont guidé sa réflexion et pose les enjeux liés au 18 Brumaire. "Comment et pourquoi, s'interroge-t-il, pareille opération put-elle réussir ? Était-elle inévitable ? Quelles sont les circonstances qui la rendirent possible ? Quels types de complicités furent nécessaires à son succès ? Quels furent les rôles et apports respectifs à la conspiration de Sieyès et de Bonaparte, des militaires et des idéologues, des politiques et des financiers ? Comment le général, pourtant absent de France depuis un an et demi, parvint-il à éliminer le directeur qui avait tout préparé et pensait se voir enfin propulsé à la tête de la République ?" (pp.7-8).

Pour répondre à toutes ces interrogations, Thierry Lentz débute par l'étude du bilan du Directoire, en vue de vérifier si, comme le prétendent la légende napoléonienne et la majorité des historiens, le régime était véritablement en échec. La question n'est pas anodine, sachant que "le procès du Directoire s'est poursuivi depuis deux siècles" et que ce régime n'a pas suscité d'engouement particulier de la part de l'historiographie. Régime de transition entre "la Révolution marchante" et "la stabilisation", le Directoire a été le cadre de la cristallisation d'un "conflit tripartite entre les Jacobins, la Révolution modérée et la Contre-Révolution" (pp.9-10). De cet affrontement naquit de nombreuses conjurations, dont celle de Sieyès et de Bonaparte.

Ensuite, T. Lentz évoque également les hommes, i.e. "leur personnalité, leur volonté, leurs bassesses ou leurs petits côtés". En effet, tous ces éléments "jouèrent aussi un rôle dans l'organisation, l'exécution et les suites de la conspiration". Car, "comme à n'importe quel moment de l'histoire, rien ne se déroula seulement dans une démarche logique et cohérente, par éliminations successives de "contradictions". Il y eut aussi l'action des hommes, têtes d'affiche ou non" (pp.11-12). Pour finir, l'auteur traite l'après-coup d'État. Certes le pouvoir avait été pris, voire bel et bien confisqué, mais il restait encore à l'organiser. Très rapidement, un nouveau coup d'État évinça Sieyès et débuta alors "le Grand Consulat, période flamboyante au cours de laquelle un trentenaire galopant et insatiable parvint à imposer la synthèse, plus sociale que politique, de l'Ancien Régime et de la Révolution" (pp.11-13).


Alexis Fourmont
( Mis en ligne le 08/02/2011 )
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