| Pascal Vernus Jean Yoyotte Dictionnaire des pharaons
Perrin - Tempus 2004 / 9 € - 58.95 ffr. / 348 pages
ISBN : 2-262-02230-5
FORMAT : 11x18 cm
L'auteur du compte rendu : Historienne et journaliste, Jacqueline Martin-Bagnaudez est particulièrement sensibilisée aux questions dhistoire des religions et dhistoire des mentalités. Elle a publié (chez Desclée de Brouwer) des ouvrages dinitiation portant notamment sur le Moyen Age et sur lhistoire de lart.
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Voici la 4e édition, cette fois en «poche», dun ouvrage dont le succès, depuis 1988, ne faiblit pas. Il faut dire que ses auteurs (qui sabstiennent de signer leurs contributions) appartiennent au monde des grands égyptologues contemporains. Et si cette réédition na pas (sauf exceptions) fait lobjet dactualisation, doit-on en conclure que le livre était, déjà, parfait ? Nul doute, en tout cas, que son faible coût, sa maniabilité, la relative facilité de sa rédaction lui promettent encore une longue carrière. Le succès des expositions par exemple la manifestation présentée actuellement à lInstitut du Monde Arabe atteste dailleurs du goût inlassable du public pour lÉgypte ancienne.
Les lecteurs, spécialistes ou amateurs, qui souhaitent une information juste et précise, trouveront dans ce Dictionnaire des Pharaons de quoi les satisfaire. La matière traitée, de fait, va bien au-delà de ce que le titre annonce. Sans doute les souverains égyptiens occupent-ils une bonne part du propos. Pourtant il nétait pas des intentions des auteurs de donner une notice sur chacun des pharaons successifs, mais seulement sur une sélection dentre eux. On ne sera pas surpris de trouver des articles correspondant aux Ramsès II, III et IV, au très ancien Mykérinos, à Akhenaton et à tant dautres. Moins connus du grand public sont des figures comme celles de Smendès (XIe siècle), du Soudanais Piyé (VIIIe siècle). Les reines célèbres, Nefertiti, Hatchepsout, font lobjet dun article spécifique. Par contre, la plus connue des Cléopâtre, septième du nom et dernier «pharaon» spécifiquement égyptien, nest traitée quavec ses homonymes. De tous ces personnages on raconte lhistoire, on fait, quand on le peut, un portrait, on souligne la place quils ont tenue dans lhistoire de lÉgypte et on rappelle les vestiges matériels quils ont laissés. Des notices systématiques présentent les dynasties dans leur globalité, selon un ordre alphabétique se référant à la prononciation du chiffre désignant leur rang, ce qui nest pas toujours dune consultation très commode.
Quelques personnages importants ont lhonneur de figurer à côté des souverains : Imhotep, larchitecte de la pyramide de Djoser ; Oudjahorresné, prêtre et médecin, etc. Mais Manéthon, personnage important pour lhistoire de la science égyptologique puisque cest lui qui assura, vers 290, le classement des pharaons en dynasties, nest traité quà lintérieur de la notice «Dynasties».
Une large place est consacrée aux articles traitant des institutions : ainsi le Vizir (dont les fonctions sont analysées), le Harem (un regroupement des femmes qui ressemble assez peu à la notion des harems orientaux), la Corégence (permettant au souverain de désigner son successeur), et bien sûr le Pharaon lui-même, qui fait lobjet dun long développement concernant ses fonctions, sa légitimité, la façon dont il exerçait son pouvoir, sa place dans le monde du divin.
On entre dans un monde plus matériel, quoique chargé de symboles, avec des notices telles que celles traitant des Pyramides, des Couronnes, de lUraeus. Et puis un certain nombre dévénements sont érigés au rang dinstitutions quand ils influent sur le cours de lhistoire, tels la Famine, la Guerre, les Conspirations, le Martelage. Même traitement pour les noms géographiques traités en fonction du rôle quils ont tenu dans lhistoire de lÉgypte, politique ou religieuse : ainsi en va-t-il de Thèbes, Tanis, Méroé, Taremou, Pount
Si louvrage na pas systématiquement fait lobjet dune mise à jour, on na pas laissé pour compte une certaine actualité de la recherche. Cest ainsi quun article sur la [dynastie] Zéro a été ajouté, fruit de recherches récentes, et un autre sur lUnification [de la Haute et de la Basse Égypte], considérations sur une problématique actuelle. Enfin les «Sources de lhistoire» incitent à une réflexion sur la façon dappréhender les choses. On laura compris, lévénementiel nest nullement le propos de ce livre et napparaît quà loccasion. De même, culture, civilisation, religion ne sont traités que dans leurs rapports avec les pharaons.
Sur le plan de la forme, on appréciera la présence des courtes bibliographies accompagnant les notices, généralement accessibles même pour un public non spécialisé, alors que la bibliographie finale est surtout destinée aux scientifiques et intègre les titres parus depuis la 1ère édition du livre. Les cartes/croquis, divisant lÉgypte en trois tronçons, manquent de lisibilité et, à part celles concernant la Nubie, ne sont pas dun bien grand apport. Au chapitre des regrets, on signalera aussi labsence dune liste exhaustive des notices, même si lindex détaillé facilite, bien sûr, la consultation, tout autant que les utiles renvois dune notice à lautre permettent de faire un tour dhorizon logique sur les questions traitées.
Jacqueline Marin-Bagnaudez
( Mis en ligne le 15/11/2004 )
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