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Histoire & Sciences sociales  ->  Antiquité & préhistoire  
 

Une analyse complète d’un site particulièrement bien préservé
Nicole Pigeot   Les Derniers magdaléniens d'Etiolles. Perspectives culturelles et paléohistoriques
CNRS éditions 2004 /  55 € - 360.25 ffr. / 349 pages
ISBN : 2-271-06154-7
FORMAT : 22x28 cm

L’auteur du compte rendu : autodidacte formé à la préhistoire, notamment le Néolithique du sud-est de la France, Yvon Luneau a travaillé sur plusieurs chantiers archéologiques dans la Drôme et l’Ardèche avec Marie Hélène Moncel, de l’Institut de Paléontologie Humaine de Paris. Il poursuit actuellement une campagne de prospection de surface sur la Valdaine (26), en relation avec le Centre d’Archéologie Préhistorique de Valence, M. Beeching, archélogue (CNRS) et M. Brochier, archéo-géologue.
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Le Magdalénien est la dernière période culturelle du Paléolithique supérieur, et s’inscrit dans la dernière glaciation, le Tardiglaciaire. La vallée de la Seine, dans la partie en amont de Paris, a livré plusieurs sites de plein air du Magdalénien dont les plus connus sont Pincevent, Etiolles et Verberie. Les grands travaux qui ont suivi ces découvertes, dans le nord du Bassin Parisien, ont révélé de nouveaux habitats de cette période. Ce corpus d’habitats, bien conservés, permet l’observation des éléments d’organisation ethnique de cette culture et l’examen des points communs et des différences entre les sites.

Cet ouvrage n’a pas vocation d’être une synthèse des connaissances acquises sur le Magdalénien parisien ; il n’est pas, non plus, un ouvrage de vulgarisation. C’est une monographie rendant compte des recherches menées sur le site d’Etiolles, et plus particulièrement concernant l’unité Q31, vraisemblablement l’occupation la plus récente des huit successives du locus. La très bonne taphonomie du site, la qualité exceptionnelle du silex local ont permis une étude palethnologique poussée de cette unité, comme peut le constater le lecteur qui parcourt les différents articles constituant ce livre.

L’unité archéologique Q31 apparaît sous forme d’une très grande nappe de silex avec deux importants foyers et un petit, secondaire. Fouillé depuis le début des années 80, cet habitat bien conservé a livré de nombreuses informations sur les activités des Magdaléniens, même si les restes faunistiques sont rares et très dégradés. Nicole Pingeot présente, dans un premier article, l’intérêt de ce site qui contribue à révéler un Magdalénien «pluriel», où se perpétuent des traits culturels communs mais dont les variables sont nombreuses.

à 30 km en amont de Paris, le site se trouve sur une terrasse en bord de Seine, à la confluence d’un ruisseau. Les crues régulières ont rapidement recouvert les occupations successives, ce qui les a bien préservées. Le contexte paléo-environnemental explique la fréquence des occupations de cette terrasse alluviale. En effet, l’existence probable d’un gué sur la Seine, passage obligé pour le gibier, et la présence d’un gisement de grosses dalles de silex affleurant, sont autant de motifs justifiant une présence humaine durant cette période.

Les 26 268 vestiges en silex forment l’essentiel des données. Leur nature et leur répartition permettent de saisir les activités des occupants de l’unité Q31. Les chercheurs ont eu recours au remontage de nucléus pour analyser la chaîne opératoire et les processus d’exploitation de la matière siliceuse. Ces aspects font l’objet des quatre articles qui suivent : le lecteur apprend les critères de sélection des blocs de silex, la mise en forme des nucléus, les techniques de débitage laminaire, les armatures et outils etc.

L’art magdalénien bénéficie de nombreux témoins, notamment dans le sud-ouest français et en Espagne, alors qu’il y en a très peu dans le Bassin Parisien. L’unité Q31 présente deux vestiges énigmatiques. Ils sont décrits dans un article qui leur est dédié : il s’agit d’un éclat de silex retouché ressemblant à un cheval et d’une pierre, présente sur le site, qui évoque, vraisemblablement, de manière stylisée, une femme. Les trois articles suivants traitent de l’espace habité, de son organisation et de sa longévité. Le premier petit foyer est utilisé peu de temps. Le lecteur découvre ensuite différentes aires d’activités autour des deux principaux foyers dont un se trouvait à l’entrée d’une structure d’habitat souple, une tente, d’une dizaine de mètres carrés. Les auteurs présentent un habitat bien organisé, occupé durant une saison avant d’être recouvert par le limon des crues qui ont suivi.

Le dernier article dresse le bilan des connaissances acquises sur l’unité Q31 et entreprend une comparaison avec les occupations précédentes. Les habitants de l’unité Q31 s’inscrivent dans le faciès culturel Magdalénien récent dont la pérennité culturelle s’observe dans la production de l’outillage. Néanmoins plusieurs divergences, notamment avec l’unité U5, plus ancienne, témoignent d’une mutation du point de vue de l’organisation sociale et de ses manifestations culturelles. En effet, l’abandon progressif de certains traits magdaléniens est le signe précurseur d’un changement de culture, du passage à l’Azilien.

L’approche palethnologique, chère à André Leroi-Gourhan, prouve tout son intérêt dans l’étude de l’unité Q31, objet de cet ouvrage. Elle permet de comprendre les différents processus de traitement et de gestion du silex, la chronologie des activités, la structuration du site, qui sont autant d’éléments des habitudes socioculturelles de ses occupants. La comparaison avec d’autres unités d’occupation sur place, ou ailleurs, dans le Bassin Parisien, permet d’apprécier les variables au sein du contexte magdalénien. Aucun indice fourni par le site n’est négligé : l’origine des matériaux, leur traitement, leur répartition, le remontage des nucléus ; le lecteur notera les 24 débitages de nucléus présentés en annexes. Les photographies, diagrammes et schémas interviennent à bon escient pour illustrer le propos.

S’adressant aux étudiants et aux chercheurs, cet ouvrage est une référence bibliographique pour l’étude du Magdalénien, plus particulièrement en ce qui concerne de son évolution.


Yvon Luneau
( Mis en ligne le 27/04/2005 )
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