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Histoire & Sciences sociales  ->  Antiquité & préhistoire  
 

La diffusion du modèle romain
Hervé Inglebert   Gilles Sauron   Pierre Gros   Histoire de la civilisation romaine
PUF - Nouvelle clio 2005 /  48 € - 314.4 ffr. / 512 pages
ISBN : 2-13-050659-3
FORMAT : 15x22 cm

L'auteur du compte rendu : Christophe Badel, professeur d'histoire romaine à l'Université de Rennes II, est un spécialiste des structures politiques et sociales de la Rome impériale. Il a étudié le modèle social de la noblesse romaine dans La Noblesse de l'Empire romain. Les masques et la vertu (Champ Vallon, 2005). Il a aussi dirigé un recueil de documents, Sources d'histoire romaine, Ier siècle av. J.-C.-début du Ve siècle apr. J.-C, (Larousse, 1993), et rédigé plusieurs ouvrages liés au programme de l'agrégation et du CAPES (dont L'Empire romain au IIIe siècle après J.-C., Textes et documents, SEDES, 1998).
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Collection universitaire de haut niveau, Nouvelle Clio a déjà consacré plusieurs volumes au monde romain (C. Nicolet, Rome et la conquête du monde méditerranéen, I-II, 1977-1978 ; F. Jacques et J. Scheid, Rome et l'intégration de l'Empire, I, 1990 ; C. Lepelley, Rome et l'intégration de l'Empire, II, 1998), mais aucun d'entre eux ne s'était intéressé à la civilisation romaine en tant que telle. C'est ce pari difficile qu'a relevé H. Inglebert, professeur d'histoire romaine à Nanterre, spécialiste de la culture de l'Antiquité tardive, avec l'aide de deux des meilleurs connaisseurs de l'art romain, P. Gros, professeur d'archéologie à Aix, et G. Sauron, professeur d'archéologie à Paris IV-Sorbonne. Par rapport aux volumes précédents, qui privilégiaient l'angle politique, l'ouvrage se place du point de vue de la civilisation mais la définition d'une telle notion ne s'avère pas une tâche aisée.

Cette difficulté, H. Inglebert la résout de façon magistrale dans sa première partie : "Approches de la civilisation romaine". Dans le contexte romain, le problème est accru par le fait que les Romains ont dominé un vaste territoire, abritant des cultures diverses, et que tous les traits de civilisation connus dans cet empire ne sont pas forcément romains pour autant. Il distingue ainsi très judicieusement la "culture romaine", le "monde romain" et la "civilisation romaine". Si la culture désigne les éléments matériels et mentaux considérés comme caractéristiques, la civilisation concerne ceux d'entre eux qui se sont diffusés hors de leur aire d'origine. Étudier la civilisation romaine revient donc à étudier un phénomène de diffusion. Des aspects très divers furent touchés par ce phénomène mais l'auteur place au coeur de ce modèle les aspects juridiques et civiques tels que la citoyenneté romaine et le modèle de la cité. Pour lui, la civilisation romaine disparut sous Justinien vers 540, lorsque s'effacèrent les formes de participation civique, qui s'exprimaient par l'intermédiaire des jeux sous l'Empire.

Une deuxième partie, consacrée à une "Approche thématique de la civilisation romaine", permet de mettre en oeuvre les principes énoncés plus haut. Les questions de la spécificité et de la diffusion se trouvent naturellement au coeur de la réflexion. Comme le rappelle H. Inglebert, le droit fut une création originale des Romains, qui permettait de structurer leur compréhension du monde mais il se répandit dans tout l'empire par le biais de la citoyenneté romaine. Calqué sur une image de Rome plus mythique que réelle, le modèle de la ville romaine, étudié par P. Gros, se diffusa de même parce que c'était un des moyens principaux de participer à la communauté romaine.

La spécificité de l'art romain s'avère plus problématique car il utilisait des formes élaborées par les Grecs. Mais G. Sauron montre bien que l'originalité romaine résidait dans l'utilisation synchronique des styles grecs et le détournement de leur sens en fonction des valeurs romaines. La ville de Rome se présentait comme un creuset de tous les courants grecs, caractère qui garantissait la diffusion de l'art romain dans toute la Méditerranée. En revanche, ainsi que le souligne H. Inglebert dans le chapitre sur les "cultures", la langue latine ne s'imposa jamais dans tout l'empire car le grec resta la langue de culture de l'Orient et les langues indigènes mirent beaucoup de temps à disparaître.

Le monde romain était dominé par deux cultures, la latine et la grecque, mais ce n'étaient ni des cultures coloniales, car elles n'étaient pas imposées, ni des cultures mixtes, car l'élément classique restait toujours prédominant. Cette constatation mène logiquement à la troisième partie du livre, "Problématiques et débats", consacrée aux débats actuels sur la romanisation. Dans son évocation des divers modèles d'explication (assimilation voulue par Rome, auto-romanisation, "négociation" des élites locales avec Rome), H. Inglebert note qu'aucun n'est pleinement satisfaisant et propose une synthèse qui associe l'imposition de structures de pouvoir par Rome aux interactions culturelles et à l'imitation volontaire de Rome par les élites locales. Son interprétation conduit à revaloriser le rôle de Rome par rapport à l'école "dualiste" anglo-saxonne, qui insiste sur l'importance des dynamiques locales. Tout logiquement, son étude des participations à la romanité privilégie à nouveau les aspects civiques, citoyenneté romaine et citoyenneté locale, même si les aspects culturels ne sont pas oubliés.

En définitive, on ne peut qu'être frappé par l'ampleur de vue et la maîtrise conceptuelle de cet ouvrage. Seul le chapitre II de la première partie, qui mêle démographie, économie et vie civique, détonne dans l'ensemble par son hétérogénéité. De manière pénétrante, H. Inglebert montre comment Rome, à partir du critère juridique de la cité, sut forger une identité double, combinant appartenance impériale et appartenance locale.


Christophe Badel
( Mis en ligne le 27/05/2005 )
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