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Histoire & Sciences sociales  ->  Antiquité & préhistoire  
 

Un fléau bien fade
Roger Caratini   Attila
Hachette 2000 /  18.32 € - 120 ffr. / 284 pages
ISBN : 2-01-235516-1
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A la mort de l’empereur Théodose, en 395, l’Empire romain est partagé définitivement en deux afin d’être mieux gouverné: l’Occident sous la direction d’Honorius, et l’Orient sous celle de son frère Arcadius. Pourtant, à la fin du IVè siècle, la Pax Romana appartient déjà au passé : en 378, l’armée romaine a été anéantie à Andrinople par les Goths. La sécurité de l’Empire n’est plus assurée. Le Limes, système de postes militaires organisé le long des frontières, est franchi en 406 par plusieurs peuples germaniques, qui envahissent l’Occident et s’y installent. Autre danger, l’armée romaine recrute de plus en plus d’auxiliaires et de mercenaires germaniques. L’Empire, sans s’en rendre compte, a remis son sort entre les mains de ses ennemis. Surgis des steppes centrales, cavaliers redoutables, les Huns arrivent dans le bassin pannonien (Hongrie actuelle) vers la fin du IVè siècle. La renommée de ce peuple ne cessera de s’amplifier à travers les siècles grâce à son chef légendaire, Attila, dont les historiographes chrétiens feront "le Fléau de Dieu".

Tributaires de cet héritage, nous sommes nombreux encore à associer son image à la barbarie, à la cruauté et à la destruction. Le livre de Roger Caratini vient s’inscrire contre ce processus, effort louable. Néanmoins, son ouvrage n’est pas un livre à mettre entre toutes les mains. Une étude sur les Huns n’est pas courante et les spécialistes sont rares, mais pour peu que l’on se donne le moyen de lire les quelques sources sur la période, d’en faire une critique sérieuse, agrémentée de cartes, de tableaux récapitulatifs, de chronologies, l’ensemble pourrait être au premier abord attirant. Malheureusement, on se demande parfois si l’auteur s’est relu : approximations, mauvais emploi de certains mots (le racisme, au sens actuel, de l’écrivain romain Ammien Marcellin, est plus à rapprocher d’un antagonisme entre le monde civilisé et les barbares), erreurs de liens de parenté (Théodose II serait le père de Galla Placida, alors qu’il est son neveu), anachronismes, comparaisons maladroites, discréditent les bonnes parties de l’ouvrage.

On peut surtout regretter que l’auteur s’engage dans un classement des grands hommes, qui n’a pas sa place ici. En séparant les visionnaires (tels Robespierre, Napoléon III, Lénine, Hitler, Nelson Mandela ou De Gaulle…) "dont la Lebenslinie -"la trajectoire de vie"- est tracée par quelques principes, une idéologie ou une vision hautaine -vrai ou fausse- des hommes ou des choses", des opportunistes (tels Louis XIV, Napoléon Ier, Mussolini, Staline…) "mus par des forces psychologiques banales (l’amour, la haine, l’ambition, etc.)", il laisse son lecteur perplexe sur sa digression et nuit totalement à son étude sur Attila.

Si l’Empire romain devait s’effondrer sous la seule pression des peuples germaniques avec ou sans les chevauchées des Huns, il faut rappeler qu’en matière de géopolitique les Huns étaient les plus forts entre 430 et 450. Leur influence sur les événements politiques a accéléré la déliquescence de l’empire d’Occident : les peuples germaniques, profitant de la disparition de l’autorité romaine, ont agrandi ou se sont emparés de nouveaux territoires. Le tour de force d’Attila fut de réussir l’union sous sa domination des peuples Huns, de leurs alliés et de divers peuples soumis. Son territoire s’étendait de la Pannonie à la mer Caspienne. Durant son règne personnel (445-453), Attila, tel un conquérant, imposa sa volonté et son autorité aux deux empires. En Orient, il obtint un tribut annuel jusqu’à ce qu’un empereur refuse de payer. Puis, il se tourna vers l’empire d’Occident où il dévasta la Gaule en 451 et fut arrêté à la bataille des Champs Catalauniques par le général romain Aetius. Episode sans lendemain. En 452, il pillait l’Italie et rançonnait Rome. Le conquérant mourut en 453 pendant sa nuit de noces et son empire se désagrégea avec ses successeurs

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur Attila, consultez l’ouvrage en anglais sous la direction de F. H. Baumil et M. D. Birnbaum, Attila, The Man and his Image, Budapest, 1990, ou encore de M. Loi, Attila, mon ami, Mémoires d’Aetius, Paris, 1997 ; et sous la direction de J. Y Marin, Attila, les Influences danubiennes dans l’Ouest de l’Europe au Vè siècle, catalogue de l’exposition du musée de Normandie, Caen , 1990.


Emmanuel Dumas
( Mis en ligne le 15/12/2000 )
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