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Histoire & Sciences sociales  ->  Moyen-Age  
 

Insaisissable Moyen Âge
Jean Verdon   Le Moyen Age. Ombres et lumières
Perrin - Collection Pour l’Histoire 2005 /  20.50 € - 134.28 ffr. / 306 pages
ISBN : 2-262-01988-6
FORMAT : 14x23 cm

L'auteur du compte rendu : Historienne et journaliste, Jacqueline Martin-Bagnaudez est particulièrement sensibilisée aux questions d’histoire des religions et d’histoire des mentalités. Elle a publié (chez Desclée de Brouwer) des ouvrages d’initiation portant notamment sur le Moyen Age et sur l’histoire de l’art.
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Devons-nous porter sur le Moyen Âge un regard optimiste, ou critique au sens primaire de ces qualificatifs ? Telle est au fond la question que Jean Verdon, habitué des grandes synthèses thématiques portant sur la période, veut ici nous poser, et que restitue bien le sous-titre de l’ouvrage. Les sources et les références concernent essentiellement ce qui serait aujourd’hui la France ; chronologiquement, la démonstration s’allonge sur tout le millénaire médiéval. À l’intérieur d’une étude ainsi délimitée, l’auteur envisage tout à tour un certain nombre de thèmes dont il s’emploie à analyser les aspects tantôt noirs tantôt lumineux. Il fait le tour de chacun en en proposant, à la façon d’un diptyque, des appréciations contradictoires. La méthode a le mérite de la clarté.

Un exemple : celui du chapitre intitulé «Les faibles» (p.118 sq.). Il s’agit de situer la place dans la société des petites gens, des campagnes comme des villes. Impossible de négliger le fait qu’une partie de la population rurale n’est pas libre et que le servage entraîne un certain nombre d’empêchements, à commencer par celui de fonder une famille que nous qualifierions, de nos jours, de «normale». Mais quand on a en outre chargé la condition paysanne du poids de la corvée, des redevances, on devra en contre-point souligner que les échappatoires à ces contraintes drastiques sont nombreuses, qu’il existe aussi des paysans libres, que les affranchissements font partie des œuvres pies largement pratiquées et que les défrichements sont une chance offerte au paysan entreprenant. Ombres et lumières donc…

Cette méthode, utilisée pour chacun des thèmes envisagés, est d’une grande pédagogie démonstrative. L’ouvrage, d’ailleurs, s’adresse à tout lecteur intéressé et ne néglige aucune façon d’aborder l’histoire médiévale. Sans doute peut-on s’interroger sur la logique de l’ordre choisi pour en classer la présentation ; s’il semble normal de dresser d’abord Le cadre [géographique] (p.13), puis de s’intéresser aux besoins élémentaires que sont Manger (p.24) et Se soigner (p.37), voire d’introduire tout de suite après L’Église (p.72), la cohérence n’est plus bien apparente dans l’ordre de présentation des classes sociales, du rôle spécifique des femmes, et de la violence.

Ce serait faire un mauvais procès à ce livre, voulu comme synthétique, nourri de connaissances solidement étayées et proposant la bonne bibliographie à ceux qui désireraient aller plus loin sur tel ou tel sujet, que de lui faire grief d’un manque de nuances, marqué ici ou là. On sent bien, fût-ce par les titres de paragraphes (qu’ils soient de l’auteur ou de son éditeur), que pour J. Verdon, les lumières l’emportent sur les ombres. Il n’est pas gratuit de qualifier de «mythe» l’expression de «pauvre Jacques», d’«actifs» les seigneurs, de «compétents» les officiers royaux, d’«éclairés» les hommes d’affaires, etc. Plus fâcheux sont les rapprochements rapides, conséquences directes de la méthode choisie, qui juxtaposent des événements et des situations fort éloignés dans le temps ou dans l’espace. Par exemple, qu’apporte de plus à l’aspiration à la sainteté de l’un et de l’autre l’ascèse pratiquée en 580 par Dalmas, évêque de Rodez, et celle du franciscain Marzio de Gualdo (p.115) ?

Quoi qu’il en soit, cet ouvrage est porteur d’un mérite qu’il convient de souligner : malgré la présentation antithétique des thèmes qu’il envisage, le tableau incite à voir les choses de façon toujours nuancée ; l’auteur a su éviter tout jugement à l’emporte-pièce et réussit le défi qu’il s’était lancé (p.10) : «dissiper [une] caricature».


Jacqueline Martin-Bagnaudez
( Mis en ligne le 27/04/2005 )
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