L'actualité du livre Jeudi 18 avril 2024
  
 
     
Le Livre
Histoire & Sciences sociales  ->  
Biographie
Science Politique
Sociologie / Economie
Historiographie
Témoignages et Sources Historiques
Géopolitique
Antiquité & préhistoire
Moyen-Age
Période Moderne
Période Contemporaine
Temps Présent
Histoire Générale
Poches
Dossiers thématiques
Entretiens
Portraits

Notre équipe
Littérature
Essais & documents
Philosophie
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Histoire & Sciences sociales  ->  Période Moderne  
 

Les filles de Saint Vincent
Matthieu Brejon de Lavergnée   Histoire des filles de la charité. XVIIe-XVIIIe siècle - La rue pour cloître
Fayard 2011 /  30 € - 196.5 ffr. / 690 pages
ISBN : 978-2-213-66257-2
FORMAT : 15,3cm x 23,5cm

Préface de Dominique Julia
Imprimer

Mathieu Brejon de Lavergnée vient d’écrire une Histoire des Filles de la Charité, parue chez Fayard. Ce livre est le fruit d’un travail de plusieurs années. Il court de la fondation par Vincent de Paul et Louise de Marillac d’une confrérie de bonnes filles au service des pauvres au XVIIe siècle jusqu’à leur suppression pendant la Révolution française, à propos de laquelle le préfacier écrit qu’elle a inauguré «la longue généalogie des atrocités commises contre la liberté religieuse». La thèse n’est pas nouvelle.

Initialement appelées les «sœurs grises», les Filles de la Charités constituent la première congrégation féminine hospitalière avec près de 20.000 membres. Elles sont par ailleurs présentes dans une centaine de pays. Les Parisiens connaissent bien cette congrégation, puisque la chapelle de la rue du Bac à Paris leur appartient et accueille chaque année plus de 2 millions de visiteurs. On peut d’ailleurs y voir le corps embaumé de Louise Marillac.

Dans cet ouvrage dense et très documenté, l’auteur commence par relater la vie des fondateurs de la congrégation. Saint Vincent de Paul et Louise Marillac sont donc présentés. On apprend, notamment, qu’elle était «une bâtarde», ce qui explique les difficultés à laquelle sa béatification a pu se heurter. Cette Histoire des Filles de la Charité permet de se rendre compte de l’originalité du statut, à tout le moins équivoque, de ces filles qui ne sont ni religieuses ni mariées, mais séculières. La création de la congrégation a permis à des paysannes de fréquenter la cour et de partir à l’étranger. Certaines se sont même illustrées en se comportant en martyrs.

Les Filles de la Charité différaient des communautés religieuses de l’époque, car elles étaient liées à Dieu par des vœux simples et non pas aussi solennels qu’ailleurs. Souvent, leurs vœux étaient annuels et non pas perpétuels. De plain-pied avec la réalité, les Filles de la Charité allaient directement dans la rue et s’occupaient des malades jusque dans leurs maisons. Elles se rendaient également dans les hôpitaux. Elles soignaient les galériens et les enfants trouvés. Elles prenaient en charge l’éducation des petites filles, des vieillards et des fous.

C’est Saint Vincent de Paul qui organisa, dans les années 1600, cette congrégation. En effet, il se rendit compte que tout ceci devait être organisé plus efficacement et rationnellement. Il créa donc, en décembre 1617, l’association des Dames de la Charité. Alarmée par la misère de l’Ancien Régime, une fille simple du nom de Marguerite Nassau épaula Saint Vincent de Paul dans sa démarche. Cet exemple fut contagieux, mais Marguerite Nassau mourut de la peste après avoir prêté son lit à une pestiférée.

La direction spirituelle de cette congrégation ainsi que son administration fut confiée à Louise Marillac le 29 novembre 1633. Celle-ci fut canonisée en 1934. Elle entreprenait des visites fréquentes pour s’assurer de la qualité des services qui étaient offerts aux nécessiteux. Un jour, Louise Marillac eut une vision dans laquelle elle se voyait en train de servir les pauvres sous la direction d’un prêtre. Plus tard, elle fit la connaissance de Saint Vincent. L’auteur insiste sur le fait que toute l’action des Filles de la Charité repose sur une imitatio christi, c'est-à-dire une compassion véritable par rapport aux souffrances et misères des pauvres. Il est à remarquer que Louise Marillac, grâce son action en faveur des nécessiteux, réussit à guérir de sa dépression.

Cet ouvrage permet, également, d’apprécier l’intelligence politique de Saint Vincent. En effet, il attendit avant de fixer les formes juridiques de la nouvelle congrégation pour l’adapter au plus près des réalités.

Mathieu Brejon de Lavergnée rappelle que son ouvrage se situe à la croisée de deux champs de recherches, l’histoire des femmes et l’histoire religieuse. Il fait sien le célèbre aphorisme de Raymond Aron, selon lequel «chaque société a son histoire et la réécrit au fur et à mesure qu’elle change elle-même».


Jean-Paul Fourmont
( Mis en ligne le 24/05/2011 )
Imprimer
 
SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

 
  Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
Site réalisé en 2001 par Afiny
 
livre dvd