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Histoire & Sciences sociales -> Période Moderne |
| Jean Delumeau La Seconde gloire de Rome - XVe-XVIIe siècle Perrin - Pour l'Histoire 2013 / 22 € - 144.1 ffr. / 297 pages ISBN : 978-2-262-03310-1 FORMAT : 14,0 cm × 21,0 cm Imprimer
Professeur honoraire au Collège de France, membre de lAcadémie des inscriptions et belles-lettres, Jean Delumeau a consacré beaucoup de ses travaux à Rome. Il est par ailleurs lauteur de nombreux ouvrages, tels que Le Péché et la Peur : la culpabilisation en Occident, Une histoire du paradis et Le Christianisme va-t-il mourir ? Il vient décrire La Seconde gloire de Rome. XVe-XVIIe siècle, récemment paru aux éditions Perrin.
En 324 de notre ère, lempereur romain Constantin transféra la capitale de lEmpire en Orient. La ville prit son nom pour devenir Constantinople, l'actuelle Istanbul. Alors que Rome fut le centre de lunivers pendant plus de quatre siècles, la ville éternelle connut un très long déclin dun millénaire. Certes le pape y siégeait, mais cela ne parvint point à empêcher cette chute, quaccentua le Grand Schisme de 1417. A cette époque, la cité papale était en ruines. Elle comptait vingt fois moins dhabitants que mille ans plus tôt.
Cependant, Rome fit lexpérience dun surprenant regain de fortune quelques deux siècles et demi plus tard. La ville rayonnait alors dune splendeur incomparable à travers tout lOccident. Elle connut alors une seconde gloire, dans la plus parfaite continuité de son âge dor antique. Pour y parvenir, les papes multiplièrent les efforts. Ils dévoilèrent des trésors dénergie et de ténacité pour rendre à la ville tout son lustre et concourir à sa résurrection. Ce fut une uvre gigantesque, de très longue haleine.
Louvrage de Jean Delumeau ne vise pas à entreprendre «un récit complet de lhistoire de Rome entre le milieu du XVe siècle et celui du XVIIe siècle». Il sagit en réalité d«une réflexion historique sur la remontée spectaculaire dune ville qui semblait moribonde», mais qui redevint la ville la plus brillante dOccident. Lauteur entend «faire comprendre les raisons et les moyens par lesquels ce redressement spectaculaire devint possible et se réalisa contre toute attente et en dépit dobstacles de tout genre : financiers, religieux, militaires et politiques».
Grâce à une politique papale excessivement ambitieuse, le village romain passa de 20.000 à 100.000 habitants en lespace de quelques 150 ans, rien de moins ! Pour concurrencer efficacement la Réforme protestante, la ville éternelle se devait de faire bonne figure. Cest ainsi que Rome se dota de monuments, de grandes artères et dun formidable réseau deau potable. Le visage de la ville se transforma très sensiblement. Pour ce faire, explique lhistorien Jean Delumeau, les papes neurent de cesse daccaparer les moindres parcelles de pouvoir et den faire bénéficier leurs proches. Il sagissait, in fine, de surmonter les divisions qui affaiblirent tant lEglise et, par suite, la cité romaine. A cette fin, les papes guerroyèrent, punirent les villes rebelles et semparèrent de leurs trésors. Bref, assez paradoxalement, le népotisme et la concentration des pouvoirs eurent dévidents avantages.
Toutefois, le «superbe lever de soleil» que fut la Révolution française (Hegel) mit un terme à cette seconde gloire, laquelle devint «un grand chapitre dune histoire désormais révolue». La cité romaine dut alors sefforcer de rester «une capitale religieuse de rayonnement mondial, mais en sappuyant le moins possible sur les richesses et pouvoirs dici-bas».
Jean-Paul Fourmont ( Mis en ligne le 04/06/2013 ) Imprimer
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