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Sortir du débat, comprendre l'histoire
Marc Michel   Essai sur la colonisation positive - Affrontements et accomodements en Afrique noire (1830-1930)
Perrin 2009 /  22 € - 144.1 ffr. / 417 pages
ISBN : 978-2-262-02486-4
FORMAT : 14cm x 21cm

L'auteur du compte rendu : Historien des relations internationales à Sciences Po Paris, Pierre Grosser est directeur des études de l’institut diplomatique du ministère des affaires étrangères.
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Lorsqu’est parue récemment la volumineuse Oxford History of the British Empire, certains ont fait la fine bouche parce qu’elle semblait «old fashioned», sans doute parce que Foucault et Saïd ne sont pas cités à toutes les pages. Pourtant l’érudition des «anciens» de l’histoire coloniale est indispensable. Ils avaient abordé bien des problématiques prétendues «révolutionnaires». Ainsi celle de l’encounter colonial. Le livre d’un de ces «anciens», Marc Michel, est dédicacé à Henri Brunschwig, qui a écrit des pages remarquables sur ce contact colonial. Affrontements et accommodations en Afrique noire est tout entier un livre passionnant. Le titre Essai sur la colonisation positive inscrit le livre dans le débat récent sur le bilan de la colonisation, et semble malheureusement le placer d’un côté du débat, ce qui n’est pas le cas (il suffit de lire les pages sur le travail forcé, le goût de certains missionnaires pour le martyre, la consolidation du «tribalisme»…). Il faut donc l’oublier et se plonger dans des chapitres à la fois chronologiques et thématiques, nourris d’exemples précis qui seront très utiles à tous les enseignants, et écrits de manière à la fois sobre et vivante.

Loin des vitupérations anticolonialistes qui font des Africains des victimes passives, l’auteur montre comment des individus et des groupes ont pu tirer profit de la présence européenne dès l’installation des premiers comptoirs, et comment les «réactions» à l’intrusion européenne ont été très diverses. Cette diversité est liée également à l’incroyable diversité des situations locales et des pratiques coloniales, qu’il s’agisse des explorations, des activités missionnaires ou bien des modes d’administration. Le livre se garde bien d’établir des typologies rigides entre les «modes de gouvernement» des différentes puissances colonisatrices. A plusieurs reprises il tort le cou à l’opposition facile entre colonisations britannique et française. En revanche, il montre que seule la France a utilisé massivement les soldats africains, en particulier sur le sol européen durant la Première Guerre mondiale (sujet de la grande thèse de l’auteur, L’Appel à l’Afrique). Au passage, il rappelle que l’armée ségrégationniste des États-Unis fut étonnée de la proximité entre métropolitains et Noirs !

On lira avec grand intérêt la narration de la mission Marchand ; les pages consacrées à la «palabre», qui aurait pu être reliée aux réflexions récentes sur l’histoire de la diplomatie et de la souveraineté ; la description des guerres de conquête, qui lèvent bien des mythes sur la faiblesse de l’armement des indigènes (les trafics d’armes ne sont pas une nouveauté !) et rappellent leur faible coût financier ; le quotidien des administrateurs coloniaux, qu’il s’agisse de leurs charges considérables sur un territoire immense, ou de leurs relations charnelles avec les autochtones. Enfin, les derniers chapitres montrent comment la Première Guerre mondiale a changé la donne. D’une part, elle encouragea les oppositions à la domination coloniale, d’abord par des révoltes (dans l’Ouest-Volta par exemple) mais aussi par un embryon de mobilisation politique par les «évolués». D’autre part, elle amena les puissances coloniales à vouloir passer à la «mise en valeur» des colonies, et donc à accroître présence et exploitation. La phase des années 1930 aux années 1950 est particulièrement importante en ce sens, puisqu’elle amorce le temps du «développement», qui fait l’objet de nombreuses études récentes. Espérons que Marc Michel, qui a été la cheville ouvrière de maints travaux comparatifs sur les décolonisations africaines, livrera un second tome portant sur ces années cruciales !


Pierre Grosser
( Mis en ligne le 29/09/2009 )
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