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Histoire & Sciences sociales  ->  Période Contemporaine  
 

Des maîtres des forges aux parachutes dorés
Jean-Claude Daumas    Collectif   Dictionnaire historique des patrons français
Flammarion 2010 /  65 € - 425.75 ffr. / 1613 pages
ISBN : 978-2-08-122834-4
FORMAT : 17cm x 24,3cm

L'auteur du compte rendu : Alexis Fourmont a étudié les sciences politiques des deux côtés du Rhin.
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Si «les patrons et le patronat tiennent une place de choix dans notre imaginaire national», «les images et les symboles qui leur sont associés ont été profondément renouvelés». En effet, au début du XXe siècle, la figure du «patron bedonnant, vêtu de noir, en haut-de-forme, assis sur un sac de pièces d'or, un gros cigare à la bouche» était la représentation dominante. De nos jours, est particulièrement décriée «la cupidité des grands patrons qui collectionnent parachutes dorés, retraites chapeaux et stock-options» (p.7).

En exorde du Dictionnaire historique des patrons français, Jean-Claude Daumas multiplie les exemples de cette évolution dans la façon de considérer les patrons en France. Il affirme, au surplus, que cette transformation «en recouvre une autre dans les structures mêmes du patronat français : les maîtres des forges, les Wendel ou les Schneider, les représentants de la haute banque, les Rotschild ou les Lazard, les rois du textile, les Motte ou les Prouvost, ont quitté le devant de la scène, d'autres figures du capitalisme prenant leur place sous les projecteurs» (p.7).

L'objet de cet ouvrage collectif est, précisément, d'offrir un tableau inédit et complet «des patrons, bien sûr, c'est-à-dire les personnes qui, indépendamment de leur statut, ont un pouvoir de décision dans l'entreprise, mais aussi, plus largement, du patronat comme groupe social mobilisé capable d'exercer une influence dans la société et l'État, ainsi que de ceux qui sont à son service, c'est-à-dire les permanents patronaux» (p.8).

Véritable somme, ce Dictionnaire historique des patrons français comporte quelques 1613 pages, 300 biographies individuelles ou collectives et 120 entrées thématiques embrassant la totalité des profils et des trajectoires du monde patronal de la IIIe République à nos jours. Très exhaustif, l'ouvrage réunit les contributions de 168 spécialistes de la question patronale. Les profils des auteurs sont très divers. Ils sont pour la plupart historiens, sociologues, politistes ou gestionnaires. Les hommes, les familles et les territoires sont abordés, de même que le monde des patrons, i.e. leur identité, leur recrutement, leurs pratiques, leurs idées et valeurs, leurs connexions avec le monde politique...

Dans un article intitulé «Au Parlement : représentation et lobbying», les Professeurs Fraboulet et Richard retracent l'histoire des relations entre le monde patronal et le monde politique. La IIIe République «se montrant de plus en plus interventionniste dans les domaines économique et social», les patrons ont fini par investir le Parlement, «centre du pouvoir depuis la crise de 1877-1879», pour peser lors de la confection des lois. Les rapports entre les pouvoirs économique et politique seront grandement facilités par «l'étroitesse des liens personnels qui existent entre les deux milieux». L'endogamie est, en effet, relativement répandue. D'autre part, «les liens sont [d'autant plus] évidents lorsque le parlementaire est en même temps chef d'entreprise». En outre, «après une carrière parlementaire, certains hommes politiques entrent dans le monde des affaires» (p.1186).

Néanmoins, même s'ils continuent à être «sur-représentés» au Parlement par rapport à leur poids démographique, les patrons ont dû prendre acte de la progressive dévalorisation du Parlement en faisant évoluer leurs méthodes d'influence de la production normative. A cet égard, «le tournant décisif» est bel et bien l'instauration de la Ve République. Le lobbying patronal a quelque peu délaissé les enceintes parlementaires pour s'effectuer, désormais, «en amont et en aval» de l'édiction des normes législatives et réglementaires. D'ailleurs, concluent les universitaires, «le renoncement pur et simple en août 2009 de Pierre Méhaignerie, président de la Commission des affaires sociales, à proposer une réforme des «niches fiscales» dit assez combien le Parlement d'aujourd'hui a perdu les pouvoirs qu'il avait sous les Républiques précédentes» (pp.1190-1191).


Alexis Fourmont
( Mis en ligne le 14/12/2010 )
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