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Le temps de son adolescence | | | Sam Pivnik Rescapé, Auschwitz, la Marche de la mort et mon combat pour la liberté Fleuve noir 2013 / 19.90 € - 130.35 ffr. / 327 pages ISBN : 978-2-265-09723-0 FORMAT : 14,2 cm × 22,6 cm
Thierry Marignac (Traducteur) Imprimer
Les miracles existent. Telle pourrait être la conviction de ce multirécidiviste de la survie dont lexceptionnelle capacité à sadapter et à rebondir en toute circonstance, par bien des aspects, évoque le destin de Martin Gray. Quest-ce qui fait que, dans les mêmes circonstances, certains individus échappent à une mort inéluctable tandis que la majorité des autres y est engloutie ? Comment de plus comprendre la répétition dun phénomène exceptionnel ?
À treize ans le jour de sa fête de Bar Mitsva bâclée, coïncidant le 1er septembre 1939 avec linvasion de Bedzin sa ville natale , Sam Pivnik est déporté avec sa famille au ghetto de Kamionka où, fait particulier, la population juive chassée dOświęcim (Auschwitz) afflue, le temps de construire le camp ; puis en 1943, il est déporté à Auschwitz distant dà peine une quarantaine de kilomètres. Ses parents et ses jeunes frères et surs y sont gazés dès leur arrivée. Contre toute attente, il guérit du typhus, saffranchit de toutes les sélections et dune invraisemblable série de situations extrêmes dont le récit est impressionnant. À bientôt 19 ans, à Neustadt, le voilà un homme libre. La guerre est finie.
Aujourdhui il aura 87 ans en septembre 2013 , alors que de rares personnes sont en vie après un tel parcours, non seulement Sam Pivnik défie les statistiques de longévité masculine mais à la lumière des informations et des réflexions acquises, il tente de contextualiser son expérience et den laisser une trace écrite. Cest à MJ Trow, bien connu pour ses fictions et ses séries policières, moins pour ses compétences dhistorien militaire il enseigne lHistoire , quil confie le soin de recadrer et de rédiger ses souvenirs. Il en résulte un duo très tonifiant, proche du langage parlé, empreint dun humour inattendu dans un tel contexte,
Mémoire dun fort-à-bras ou bénéficiaire dheureux hasards ? Les deux sans doute, car son talentueux appétit à vivre naurait sans doute pas suffi sans un exceptionnel jeu de circonstances : Sam Pivnik ne tient dailleurs pas à se présenter comme un héros. Fils de tailleur dans une famille nombreuse moyennement observante, banalement polyglotte comme létaient peu ou prou la plupart des juifs polonais de lépoque, ni athlète, ni fort en thème, il préférait le football et les jeux espiègles aux apprentissages scolaires de son école laïque, interrompus dés le début de la guerre.
Devenu citoyen londonien après avoir tenté laventure sioniste en Palestine en plein conflit, au prix de nouveaux risques, Sam Pivnik a souhaité revenir ces dernières années sur les lieux de sa jeunesse. À Bedzin, il lui a été clairement signifié que sa place désormais était à Auschwitz. Peut-être de ce lieu a-il effacé quelques dates précises mais, comme le montrent les films tournés sur place, son corps a conservé intacte lempreinte spatiale dont, à laide de sa canne, il désigne et commente chaque détail dans un anglais fluide teinté daccent polonais.
Ce sont les traces ineffaçables de son parcours que lauteur réunit dans cet ouvrage de lecture aisée et cependant informatif, à lintention des jeunes générations. Comme il le dit lui-même, il nest pas historien ni psychologue ni sociologue, il est «seulement» le témoin encore vivant de ce quil a vu et éprouvé dans les camps nazis de 1939 à 1945 : le temps de son adolescence.
Monika Boekholt ( Mis en ligne le 05/02/2013 ) Imprimer
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