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Histoire & Sciences sociales  ->  Période Contemporaine  
 

L’entrée dans la guerre moderne
Damien Baldin   Emmanuel Saint-Fuscien   Charleroi - 21-23 août 1914
Tallandier - L'Histoire en batailles 2012 /  18.50 € - 121.18 ffr. / 221 pages
ISBN : 978-2-84734-739-5
FORMAT : 12,8 cm × 20,0 cm

L'auteur du compte rendu : administrateur territorial, agrégé d’histoire et diplômé en Etudes stratégiques, Antoine Picardat a enseigné dans le secondaire et en IEP, et travaillé au ministère de la Défense. Il est aujourd’hui cadre en collectivité territoriale.
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S’il existait un guide des champs de bataille à l’attention des états-majors, comme il existe des guides touristiques, nul doute que Charleroi et sa région y figureraient, avec la mention «A ne pas manquer !». Les armées européennes ont toujours apprécié l’endroit et s’y sont affrontées tout au long de l’histoire : victoire de César sur les Nerviens au franchissement de la Sambre en 57 av. J.C., batailles de Fleurus, en 1622, 1690 et 1794, et de Ligny en 1815, qui fut la dernière victoire de Napoléon. Rien de surprenant donc, à ce que Charleroi soit le théâtre d’une des batailles inaugurales de la Première Guerre mondiale.

Du 20 au 23 août 1914, plus de deux millions d’hommes s’affrontèrent de Charleroi à la Lorraine. La défaite des armées françaises ouvrit le territoire national à l’invasion, qui ne fut arrêtée que sur la Marne deux semaines plus tard. Cet ensemble de batailles est appelé bataille des frontières. Il s’agit de la plus grande bataille et des journées les plus meurtrières de toute la guerre. Elle est bien connue des historiens, mais est cependant très méconnue du grand public et pratiquement absente de la mémoire collective, qui retient surtout la «guerre des tranchées» et ses batailles emblématiques : Verdun, la Somme ou le Chemin des Dames. Le petit livre de Damien Baldin et Emmanuel Saint-Fuscien est consacré à la bataille de Charleroi, qui opposa du 20 au 23 août entre Sambre et Meuse, la 5e armée française du général Lanrezac aux IIe et IIIe armées allemandes de von Bülow et von Hausen, qui exécutaient le plan Schlieffen.

En un texte de moins de 200 pages, les auteurs poursuivent un double objet. Ils racontent tout d’abord la campagne et la bataille, faisant pour cela largement appel au récit de combattants, parmi lesquels le lieutenant Charles de Gaulle, blessé à Dinant le 15 août, et le sergent Pierre Drieu la Rochelle. Mobilisation, concentration, description des armées, entrée en campagne, combats, victoire allemande et retraite française : le récit est linéaire et classique. Dans un deuxième temps, ils entendent montrer que ce qui s’est passé dans la fournaise d’août 14 sur ce vieux champ de bataille européen, fut rien moins que la fin de la guerre traditionnelle et le début d’une nouvelle ère : celle de la guerre industrielle et moderne.

Pour cela, ils déconstruisent le récit ordonné de la bataille qu’ils viennent de proposer. Comme John Keegan dans Anatomie de la bataille ou Alessandro Barbero dans Waterloo, ils montrent que la bataille est un espace chaotique, de peur, de mort et de désordre. Un espace où les combattants de 1914 découvrent la terrifiante puissance des armes modernes, capables de faucher des dizaines d’hommes en quelques instants. Elle avait déjà été observée dans les guerres du début du siècle : Boers, Manchourie, Balkans, mais rares étaient ceux qui avaient compris ce qu’elle signifiait concrètement. Elle provoque sidération ou effondrement nerveux chez les survivants, y compris chez certains généraux, ne pouvant supporter la réalité d’une guerre à laquelle ils s’étaient pourtant préparés toute leur vie.

Elle provoque en outre deux évolutions tactiques irrémédiables. C’est tout d’abord la fin de la charge d’infanterie, soldats épaule contre épaule, s’élançant à l’assaut, à la suite de leur officier bien droit et sabre au clair. En même temps, l’exercice du commandement et la relation d’autorité se transforment. Emmanuel Saint-Fuscien reprend ici un thème qu’il a déjà étudié dans A vos ordres ! Sur un champ de bataille très étendu, le combat se morcelle en une foule d’affrontements locaux sur lesquels le général a peu de prise. C’est désormais l’initiative, l’autonomie et l’ascendant des sous-officiers et officiers de terrain, à la tête de petits groupes d’hommes qui prime.

Avec l’apparition spontanée des premières tranchées, c’est bien dans une nouvelle forme de guerre que l’Europe entre en août 1914.


Antoine Picardat
( Mis en ligne le 03/12/2013 )
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