Pierre Casselle Napoléon III contre Haussmann ? - Commission des embellissements de Paris : rapport présenté à l’empereur Napoléon III
16.79 € - 109.97 ffr. / 205 pages
ISBN : 2 85738 012 7
Cahiers de la Rotonde N°23
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Les archives relatives au Paris du Second Empire sont rares. Elles ont pour la plupart brûlé en mai 1871 dans l’incendie de l’Hôtel de Ville. Pour les reconstituer, les administrateurs de la IIIe République firent appel aux documents conservés en mains privées. Des centaines de milliers de Parisiens vinrent apporter leurs actes de naissance et de mariage afin de permettre la reconstitution de l’état civil. A la demande de l’architecte Eugène Viollet le Duc, alors conseiller municipal, des artistes, des architectes, comme Victor Baltard, remirent à la préfecture de la Seine les actes de commande, les lettres, les certificats justifiant des travaux qu’ils avaient réalisé, permettant la rédaction d’un monumental inventaire des objets d’art religieux et civils de la ville de Paris. Mais après cet immense travail de mémoire, les découvertes de documents inédits furent rares. Sans les trouvailles de chercheurs curieux, les historiens manqueraient aujourd’hui de matière pour répondre à leurs interrogations toujours renouvelées.
L’achat en 1996 par la Bibliothèque administrative de la ville de Paris d’un rapport de la Commission des embellissements de Paris, daté de 1853, est de ceux qui sont destinés à faire date. Le rôle de la Commission des embellissements est considéré comme négligeable par Haussmann dans ses Mémoires, la principale source des travaux publiés sur la période. Il faut dire que quand Haussmann rédigea celles-ci, il savait le comte Siméon, rapporteur de la commission des embellissements, mort depuis plus de dix ans et pouvait estimer ses travaux détruits. Haussmann s’est-il cru alors autorisé à usurper l’œuvre du comte Siméon ?
Toujours est-il que le rapport de la Commission des embellissements est d’un intérêt considérable pour la connaissance des projets élaborés à la préfecture de la Seine avant la nomination d’Haussmann. On y voit pour la première fois tracé sur un plan de Paris un programme ambitieux de percées et de croisées, destiné à faciliter la circulation dans la capitale. Profitant des possibilités nouvelles d’exproprier les terrains offertes par la loi de 1841, le rapport Siméon propose l’organisation d’un réseau de boulevards dans la capitale. Allant au-delà de ce qu’Haussmann souhaitait et anticipant sur ce qu’il fut finalement contraint de réaliser à partir de 1860, il va même jusqu’à envisager les conséquences d’une extension de Paris jusqu’aux fortifications de Thiers, alors à peine achevées. Là où Haussmann prétendait innover, Siméon ne lui laisse finalement que le génie de l’exécution…
C’est à Pierre Casselle, l’« inventeur » du rapport Siméon, à qui l’on doit déjà de savantes études sur la période, qu’il revenait d’éditer et de présenter ce document, après l’avoir analysé, en 1997, dans un remarquable article de la Bibliothèque de l’Ecole des chartes. On appréciera les nombreuses cartes en couleur, les magnifiques illustrations (dont de nombreuses photographies de Charles Marville) et le savant apparat critique de cette édition. C’est à la fois un ouvrage scientifique indispensable aux historiens et aux chercheurs qui travaillent sur cette période et un document de travail incontestable, accessible à tous, notamment aux élèves des collèges et lycées qui souhaitent travailler avec leurs professeurs sur l’histoire de Paris.
Jean-Philippe Dumas
( Mis en ligne le 06/12/2001 )
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