L'actualité du livre Jeudi 28 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Histoire & Sciences sociales  ->  
Biographie
Science Politique
Sociologie / Economie
Historiographie
Témoignages et Sources Historiques
Géopolitique
Antiquité & préhistoire
Moyen-Age
Période Moderne
Période Contemporaine
Temps Présent
Histoire Générale
Poches
Dossiers thématiques
Entretiens
Portraits

Notre équipe
Littérature
Essais & documents
Philosophie
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Histoire & Sciences sociales  ->  Période Contemporaine  
 

Un modèle d'industrialisation méconnu
Jean-Pierre Locci   Mémoires d’industries vauclusiennes - XIXe-XXe siècles
Association pour la Sauvegarde et la Promotion du Patrimoine Industriel en Vaucluse 2004 /  30 € - 196.5 ffr. / 240 pages
ISBN : 2-9502875-7-3

L'auteur du compte rendu: Natalie Petiteau, professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Poitiers, est historienne de la société du XIXe siècle et de la portée des années napoléoniennes. Elle a notamment publié Napoléon, de la mythologie à l'histoire (Seuil, 1999) et Lendemains d'Empire: les soldats de Napoléon dans la France du XIXe siècle (Boutique de l'histoire, 2003).
Elle est par ailleurs responsable éditorial du site http://www.calenda.org.

Imprimer

Voilà un ouvrage qui, en dépit de son titre, présente un intérêt qui va au delà de l’histoire du Vaucluse. Car Jean-Pierre Locci, excellent connaisseur du patrimoine industriel, ajoute ici une pierre essentielle à la connaissance de l’histoire économique et sociale des provinces françaises, histoire dans laquelle on oublie souvent un peu hâtivement le Vaucluse, sans doute parce qu’il obéit à un modèle d’industrialisation qui n’est guère celui de la révolution industrielle. Et c’est donc bien là un des atouts de ce beau livre, que de rappeler et de montrer, photos à l’appui, ce que fut la réalité d’activités économiques de modeste envergure et pourtant essentielles au maintien de tout un tissu social.

Il n’est donc pas étonnant de découvrir l’ancienneté de ces activités, souvent organisées au fil de l’eau, abondante en cette terre de sorgues, ce qui n’a nullement empêché la révolution industrielle de faire naître de nouvelles dynamiques : si le département compte 667 établissements industriels en 1835, ceux-ci sont au nombre de 1737 en 1886, et de 2414 actuellement. Le Vaucluse apparaît ainsi comme un cas d’école qui pourra être mis en évidence avec profit par tout historien de l’économie et de la société. Il pourra s’appuyer avec confiance sur cet ouvrage, fruit d’une patiente synthèse de tous les travaux menés en Vaucluse depuis plus de 30 ans, tant par des érudits locaux que dans le cadre de travaux universitaires. Mais Jean-Pierre Locci a également patiemment réuni une riche collection de photographies et d’archives d’entreprises, sources auxquelles s’ajoutent celle d’archives départementales assez bien pourvues et conservées, comportant y compris tous les papiers de la chambre de commerce ou du tribunal des prud’hommes.

Après avoir présenté la condition ouvrière dans le département, en mettant en relief les spécificités vauclusiennes qui ne sont en fait que spécificités provinciales - un temps de travail supérieur de 2 heures à celui des ouvriers parisiens par exemple -, Jean-Pierre Locci insiste sur le rôle essentiel de l’eau dans cette industrialisation : en 1862, le département compte 443 sites usiniers hydrauliques. La célèbre rue des Teinturiers d’Avignon – connue localement sous le nom de rue des Roues – témoignait de cette densité d’exploitation du réseau des voies d’eau : elle était bordée de 23 roues hydrauliques en 1817.

Vient ensuite la présentation des principaux secteurs d’activité : l’un des plus anciennement développés, précisément grâce aux moulins à farine ou à huile, est celui que l’on nomme aujourd’hui l’agroalimentaire. Mais aux moulins s’ajoutent l’activité des conserveries de fruits ou de salaisons ou encore des fabriques de réglisses, de pâtes alimentaires ou de biscuits. Cette tradition se maintient aujourd’hui, par exemple avec les activités du groupe Ducros. L’un des autres fleurons de l’industrie vauclusienne est l’activité textile : la soie est présente notamment à Avignon, dans l’orbite lyonnaise, avec ateliers de filature et de tissage, mais aussi teinturiers. Après le déclin des soieries, le travail de fibres nouvelles a pris le relais, comme la ramie ; puis apparaît la soie artificielle dans les années 1920. Notons aussi que la production de la garance a également animé le Vaucluse durant une bonne partie du XIXe siècle, jusqu’à la découverte de l’alizarine synthétique, à la fin des années 1860. L’industrie papetière et celle du cartonnage ont elles aussi occupé une place importante dans la vie industrielle du département.

On ne saurait ici rendre compte de toute la richesse de cet inventaire précis et exhaustif. On ne peut qu’inviter l’amateur d’histoire industrielle à s’y reporter, tout en le prévenant qu’il reste à attendre de nouveaux travaux pour avoir une synthèse sur les entrepreneurs, les financements ou la main-d’œuvre. Mais avec ce magistral point de départ, que signe ici Jean-Pierre Locci, nul doute que l’histoire de l’industrie vauclusienne donnera encore naissance à de belles pages.


Natalie Petiteau
( Mis en ligne le 24/11/2004 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • Des clous, des horloges et des lunettes
       de Jean-Marc Olivier
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd