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Le département de la Loire sous l’Empire
Pascal Chambon   La Loire et l'Aigle - Les Foréziens face à l'Etat napoléonien
Presses Universitaires de Saint Etienne 2005 /  23 € - 150.65 ffr. / 574 pages
ISBN : 2-86272-351-7
FORMAT : 16,0cm x 24,0cm

L'auteur du compte rendu: Natalie Petiteau, professeur d'histoire contemporaine à l'Université d'Avignon, est historienne de la société du XIXe siècle et de la portée des années napoléoniennes. Elle a notamment publié Napoléon, de la mythologie à l'histoire (Seuil, 1999) et Lendemains d'Empire: les soldats de Napoléon dans la France du XIXe siècle (Boutique de l'histoire, 2003).
Elle est par ailleurs responsable éditorial du site http://www.calenda.org.

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Pascal Chambon livre ici une version remaniée de sa thèse et permet ainsi au public de découvrir le fruit de recherches fouillées sur un département français durant l’Empire, celui de la Loire. Il choisit là une voie fort utile pour la relecture des années consulaires et impériales, la seule qui permette de savoir comment les Français ont vécu sous ce régime. Pascal Chambon examine tout d’abord l’organisation locale de la société des notables foréziens, constituée par un noyau finalement peu nombreux de nobles et de bourgeois qui restent fort distants à l’égard du régime, pour la plupart d’entre eux du moins. Parallèlement, les autorités s’emploient pour leur part, bien évidemment, à tenter de donner une image positive de ce département qui a pourtant mauvaise réputation. L’ouvrage apporte donc également de précieuses données sur l’opinion, y compris en 1813-1815. Il montre combien les mentalités foréziennes sont conservatrices et marquées par l’empreinte religieuse. Mais c’est la crise économique de 1812 surtout qui est responsable de la cassure radicale entre le régime et cette population.

L’auteur est particulièrement précis lorsqu’il aborde la question de la conscription et des résistances qui lui sont opposées, car c’est en fait par ce sujet-là qu’il est entré dans cette recherche, et c’est cela finalement qui occupe l’essentiel de ce livre, un peu déséquilibré de ce fait. Pascal Chambon travaille y compris sur des cohortes suivies dans les registres matricules des archives de l’Armée de Terre. Il donne ainsi de nombreuses éléments sur la géographie et la chronologie des insoumissions et des désertions, lesquelles s’inscrivent dans la continuité de l’histoire d’un Forez qui a toujours été bien peu militariste : on voit ainsi que la plaine, bien contrôlée par la noblesse, est plus soumise que les montagnes. Les citoyens foréziens n’adhèrent guère à un service national voulu par la collectivité. L’ouvrage montre de façon particulièrement détaillée comment les mariages ont pu constituer des stratégies d’évitement. Au delà des insoumissions, qui se manifestent avant l’enrôlement, les désertions sont fréquentes : sur un contingent de 295 hommes partis en mars 1810, 250 ont déserté, et à peu de distance de leur point de départ. Les procédures de répression, garnisaires et colonnes mobiles, sont minutieusement décrites : on voit combien pesait lourdement l’entretien de ces troupes par les familles des insoumis. L’insertion des réfractaires dans le tissu des sociétés locales est également montrée avec d’intéressantes précisions. La communauté de village fonctionne comme un clan qui cache ses enfants par tous les moyens. Mais l’on reste sur sa faim face à l’analyse de l’appartenance sociale des insoumis : il fallait poser la question de l’enjeu de l’insoumission pour les fils de petits propriétaires. Par ailleurs, les très longs développements sur les combats de l’armée de Lyon en 1814 éloignent considérablement du sujet. On peut aussi regretter que la troisième partie, consacrée à la période 1813-1815, peine souvent à parvenir à la synthèse. On comprend toutefois qu’un sursaut en vue de défendre tout à la fois petite Patrie et Nation s’est produit en 1814, sans se renouveler pourtant en 1815.

Il faut regretter que ce texte dense comporte de nombreuses coquilles qui rendent même parfois le texte incompréhensible. Il faut aussi faire le reproche d’une bibliographie non actualisée et d’un enfermement un peu excessif, donc, dans le Forez, ainsi qu'un refus de mise en écho avec les actuels renouvellements de l’historiographie du sujet. Reste que ce livre participe lui-même de cette relecture si nécessaire des années 1800-1815, et l’on doit donc remercier l’auteur de faire profiter le public du fruit de ses longues recherches dans les archives.


Natalie Petiteau
( Mis en ligne le 23/05/2006 )
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