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Histoire & Sciences sociales -> Période Contemporaine |
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Complexité et ambivalences du Kunstschutz | | | Christina Kott Préserver l’art de l’ennemi ? - Le patrimoine artistique en Belgique et en France occupées, 1914-1918 Peter Lang 2006 / 52.50 € - 343.88 ffr. / 441 pages ISBN : 90-5201-332-2
L'auteur du compte rendu : Thérèse Krempp mène une recherche en doctorat à l'Ecole des hautes études en sciences sociales sur l'armée française d'Orient pendant la Première Guerre mondiale. Avec Jean-Noël Grandhomme, elle a publié Charles de Rose, pionnier de l'aviation de chasse (éditions de la Nuée Bleue, septembre 2003). Imprimer
Pendant la Première Guerre mondiale, le patrimoine artistique fut largement mobilisé par tous les belligérants, et les historiens dart contribuèrent activement à son instrumentalisation. Commises lors de linvasion allemande en 1914, les «atrocités culturelles», telles que lincendie de la bibliothèque de Louvain et le bombardement de la cathédrale de Reims, ont soulevé de vives protestations dans le monde entier. Accusées de «barbarie», les autorités allemandes ripostèrent en créant le Kunstschutz en Belgique et dans la France du nord occupée. Cest à une étude fouillée de ce service de préservation du patrimoine artistique que sest livrée Ch. Kott, maître de conférences à lUniversité Panthéon-Assas Paris 2 et chercheur associé à lIHTP. Utilisant les sources françaises, belges et allemandes, lauteur nous présente la complexité et les ambivalences de ce Kunstschutz et la vision qui a été conservée dans limaginaire national de chacun des belligérants.
Dans une première partie lauteur sattache au contexte de la mise en place du Kunstschutz et aux débats suscités dans les milieux intellectuels allemands par les «atrocités culturelles». Le patrimoine artistique, la question de sa destruction ou de sa conservation, fut lun des thèmes majeurs de la «guerre des cultures», guerre de propagande sans précédent. Les conventions internationales de La Haye sur les lois et les coutumes de la guerre sur terre avaient intégré, en 1899 et 1907, le principe de la protection des biens culturels. Cependant, en 1914, les avancées technologiques en matière darmement, et particulièrement de bombardement, avaient rendu ces conventions obsolètes.
Le premier chapitre de la deuxième partie nous présente linvention du Kunstschutz. Aucun programme particulier navait été établi par les autorités allemandes au moment de linvasion de la Belgique. Linitiative en revint à quelques personnages issus du monde des musées. Selon Ch. Kott, trois hypothèses peuvent être avancées pour expliquer la création dun service tel que le Kunstschutz :
- «la préservation du patrimoine ennemi comme tentative de réparation de limage souillée de la culture allemande (motif propagandiste)»
- «la préservation du patrimoine ennemi, considéré comme une partie du patrimoine artistique de lhumanité (motif humaniste et altruistes)»
- «la préservation du patrimoine ennemi, considéré soit comme patrimoine annexé dans la perspective dune occupation prolongée ou dune annexion, soit comme monnaie déchange contre des biens culturels enlevés lors de précédentes guerres (motif nationaliste et revanchard)».
Lauteur étudie ensuite la place du Kunstschutz au sein du Gouvernement général allemand à Bruxelles ainsi que ses différentes réalisations : politique de conservation, inventaires, mais aussi études sur lart belge réalisées par les historiens dart allemands. La troisième partie de louvrage est consacrée au Kunstschutz en France, sa mise en place et ses activités qui, selon Ch. Kott, se distinguèrent sensiblement des réalisations allemandes en Belgique, entre réquisition, mise à labri, exposition et recherche. Lune des principales différences entre les deux services fut liée à labsence dune administration civile allemande sur le territoire français qui resta sous administration militaire pendant toute la durée de loccupation. Par ailleurs la poursuite des combats sur le territoire français rendit difficile le développement du Kunstschutz. Dans la conclusion de son louvrage, Ch. Kott pose quelques jalons qui permettent de comparer le Kunstschutz de 14-18 et celui de 40-44.
Cet excellent livre vient combler un vide historiographique important et nous présente un volet fort intéressant de lhistoire culturelle de la Grande Guerre. On peut cependant regretter que la première partie de louvrage soit si courte, mais cela semble davantage dû aux impératifs éditoriaux quà la volonté de lauteur.
Thérèse Krempp ( Mis en ligne le 20/04/2007 ) Imprimer
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