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Histoire & Sciences sociales -> Temps Présent |
| Jean-Marc Le Page Les Services secrets en Indochine Nouveau monde - Le Grand jeu 2012 / 24 € - 157.2 ffr. / 522 pages ISBN : 978-2-84736-643-3 FORMAT : 13,9 cm × 22,5 cm Imprimer
Docteur en histoire, diplômé de Sciences Po Paris, Jean-Marc Le Page est spécialiste de lhistoire du renseignement et de la guerre dIndochine. En 2011, le professeur dhistoire-géographie a participé à louvrage Les Espions français parlent (Nouveau Monde Editions), avant de consacrer une belle et riche étude aux services secrets français en Indochine, découlant de sa thèse de doctorat et récemment parue aux éditions du Nouveau Monde.
Pour parvenir à cette synthèse on ne peut plus solide et sérieuse sur la guerre dIndochine (1946-1954), Jean-Marc Le Page a réalisé un très grand travail de dépouillement des archives notamment au Service historique de la Défense à Vincennes, aux Archives nationales à Paris ainsi quaux Archives nationales doutre-mer à Aix-en-Provence. Outre ces recherches à bien des égards considérables, le chercheur sest également penché sur toutes les publications hexagonales et américaines parues sur le sujet.
Autant dire que sa connaissance de laction des services secrets français en Indochine est très fine et précise. Les espions de cette époque nont plus aucun secret pour lui. Dans le présent ouvrage, Jean-Marc Le Page sinterroge sur lefficacité des services de renseignement français dans la guerre dIndochine : sont-ils en effet responsables, ou pas, de la défaite hexagonale là-bas ? Convient-il de procéder à une réévaluation de leur rôle à la hausse, ou bien à la baisse ?
Il faut dores et déjà rappeler que le renseignement français souffrait en Indochine dun manque de rationalité frappant : au lieu dêtre dirigé par un centre dimpulsion unique, le renseignement était divisé en plusieurs services rivaux. Le SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage) et le renseignement militaire menaient en effet de vives luttes dinfluence pour cornaquer les services secrets hexagonaux sur le terrain. Lune des autres causes de linefficacité du renseignement réside dans la méconnaissance et le désintérêt de lencadrement pour lespionnage.
La formation des officiers de renseignement était on ne peut plus lacunaire. Au fil des pages, Jean-Marc Le Page dresse leur portrait : il sagissait le plus souvent de notables, de catholiques, ou bien de gens agissant par vengeance ou même par besoin dargent. Le renseignement se caractérisait donc par une grande hétérogénéité et, à lévidence, par une grande inadaptation. Sont en outre passés en revue le quotidien des officiers de renseignement, les techniques dinterrogatoire et le développement de la torture.
1950 parait faire figure de césure avec lengagement des grandes unités militaires et la révision des méthodes de renseignement. La formation des espions est corrigée, le renseignement devient une priorité et les services sont une fois encore réorganisés. A partir de là, la coopération entre les services secrets sinternationalise. La France travaille alors de concert avec les services secrets britanniques, puis américains. Il sagissait de participer à leffort dendiguement du communisme sur la scène internationale. Ce qui nest pas sans créer des frictions entre Américains et Français, saccusant mutuellement de duplicité.
Jean-Marc Le Page défend lidée que cette coopération, en dépit de ses évidentes imperfections et du climat de méfiance qui régnait alors entre les alliés occidentaux, permit à la France déviter quelques surprises stratégiques majeures. Toutefois, en raison de labsence dinformation sur laide militaire chinoise, les Français se retranchèrent à Diên Biên Phu. Funeste décision qui mena à la défaite que lon sait
Jean-Paul Fourmont ( Mis en ligne le 11/09/2012 ) Imprimer
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