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La mondialisation, d'hier à aujourd'hui
Nayan Chanda   Au commencement était la mondialisation - La grande saga des aventuriers, missionnaires, soldats et marchands
CNRS éditions 2010 /  25 € - 163.75 ffr. / 446 pages
ISBN : 978-2-271-06961-0
FORMAT : 15cm x 23cm

Traduction de Marie-Anne Lescourret

L'auteur du compte rendu : Grégory Prémon est agrégé d'histoire-géographie.

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Le projet est ambitieux et séduisant : faire l'histoire longue de la mondialisation. Ancien collaborateur de la Fast Eastern Economic Review, docteur de la Sorbonne en relations internationales, Nayan Chanda travaille aujourd'hui à l'Université de Yale. Son propos s'inspire d'interrogations qui pourraient être les nôtres. Que répondre à l'électricien venu réparer des prises électriques défectueuses lorsque celui-ci interroge l'auteur sur ses liens avec la mondialisation et les risques que celle-ci fait courir à la forêt tropicale ? Quel étonnement de s'apercevoir que l'Ipod commandé par son fils sur le site d'Apple est fabriqué en Chine et parvient en moins de 48 heures à parcourir 12 800 km !

S'inspirant notamment des travaux de Fernaud Braudel – inscrits dans le temps long -, Nayan Chanda nous livre une vaste étude sur les origines et l'histoire – tortueuse et complexe – de la mondialisation. Quatre acteurs dominent cette histoire : les marchands, les prêcheurs, les aventuriers et les soldats.

Du commerce à dos de chameau au commerce électronique, les premiers n'ont eu de cesse d'élargir l'horizon de leurs échanges, locaux, régionaux, internationaux et enfin mondiaux. Les prêcheurs ont participé à la mondialisation des croyances depuis plusieurs millénaires. Leur prosélytisme a favorisé la domination du monde par trois grandes religions : le bouddhisme, le christianisme et l'Islam. Quant aux aventuriers, ils n'ont eu de cesse de repousser les limites du monde connu, du Cartaginois Hannon à Marco Polo, de Magellan à Christophe Colomb : aujourd'hui, migrants et touristes parcourent le monde que ces premiers aventuriers ont défriché. Enfin, les guerriers, les soldats et autres ambitieux ont favorisé la création de vastes ensembles – royaumes ou empires – au sein desquels se sont effectués de manière dialectique à la fois le brassage des cultures et la création d'une culture commune : Alexandre le Grand, César et Gengis Khan auraient ainsi apporté leur pierre à l'édification de la mondialisation telle que nous la connaissons aujourd'hui.

Que penser cependant d'un ouvrage qui prétend retracer l'histoire longue de la mondialisation alors même que le terme n'est entré dans notre vocabulaire que dans les années 1960 ? Le phénomène a bien sûr précédé la prise de conscience du fait lui-même mais cet écart peut-il être aussi important ? Nayan Chanda consacre un chapitre à la question et montre ainsi comment le mot est d'abord entré progressivement et rapidement dans notre vocabulaire, comment ensuite les sens qu'on lui donne ont peu à peu été modifiés et enfin dans quelle mesure le terme a été peu à peu chargé, positivement parfois, négativement souvent.

A la fin du livre, les mots de l'historien cède la place à ceux de l'analyste politique : s'appuyant sur sa longue démonstration, Nayan Chanda s'interroge à la fois sur celui "Qui a peur de la mondialisation ?" et "Ce qui nous attend". Il souligne notamment le paradoxe selon lequel la mondialisation, en dépit des progrès économiques importants qu'elle a suscités, engendre de nombreuses critiques et pose la question du sort que nous réservons à ses laissés-pour-compte.

Au terme de l'ouvrage, le lecteur peut sembler désorienté : tant d'idées et tant de siècles parcourus en un seul ouvrage. Tout cela peut paraître bien ambitieux et prétentieux. On notera ici et là des approximations et des raccourcis un peu rapides. Mais est-il possible de faire autrement lorsqu'on prétend embrasser une telle période ? La méthode déroute également : l'auteur passe sans hésitation de ses remarques – pertinentes – sur ses habitudes de consommateur à des propos plus généraux sur la mondialisation et ses effets. L'ensemble peut à bien des égards paraître iconoclaste. Naissent parfois de ces sauts de puce des pistes de réflexions et des idées pertinentes mais le propos laisse le lecteur sur sa faim : le menu était prometteur mais la cuisine fut brouillonne.


Grégory Prémon
( Mis en ligne le 17/05/2011 )
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