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Histoire & Sciences sociales  ->  Biographie  
 

En attendant les derniers jours
Pierre Racine   Frédéric Barberousse (1152-1190)
Perrin 2009 /  23 € - 150.65 ffr. / 440 pages
ISBN : 978-2-262-03012-4
FORMAT : 15,5cm x 24cm

L'auteur du compte rendu: Gilles Ferragu est maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Paris X – Nanterre et à l’IEP de Paris.
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Ce n’est pas rien d’avoir fasciné Hitler et Wagner, et d’être au cœur d’un mythe politique majeur dans l’histoire allemande, celui de l’empereur des derniers jours : l’empereur Frédéric Barberousse (1152-1190) peut rivaliser en popularité avec son petit-fils, l’étincelant Frédéric II, nimbé comme lui d’une aura un peu mystérieuse (à commencer par sa date de naissance !). Un mythe que Pierre Racine, professeur émérite d’histoire médiévale à l’université de Strasbourg, entreprend d’éclairer et de remettre en contexte. Une biographie de l’empereur Frédéric Barberousse, dont l’empire, de la Baltique à l’Italie, entend prolonger le rêve d’une Europe latine… rêve ou utopie ?

La première partie mérite pleinement le titre de partie d’exposition : dans un panorama synthétique et solide, l’auteur présente successivement le monde oriental – empires byzantin et musulman – ainsi que l’Europe. A cet égard, le tableau se densifie : questions religieuses (l’an Mil, le «blanc manteau d’églises» évoqué par le moine clunisien Raoul Glaber, et la Croisade, pèlerinage armé pour une chrétienté en mal d’aventure et de défoulement) et questions géopolitiques dans un monde occidental morcelé et hétérogène (des monarchies féodales, un empire, des cités-Etat…). Un monde compliqué, dont les fils sont débrouillés très pédagogiquement par l’auteur, lequel met ainsi en lumière les enjeux, les forces, les ambitions et les tensions du règne de Frédéric Barberousse.

Un règne impérial qui suppose déjà une élection (1152) pour un homme qui constitue justement un trait d’union entre les familles prétendantes, Welfs et Staufen. Une élection programmée donc, pour mettre fin à un vieux conflit politico-familial, mais pour laquelle l’auteur pose une question inusitée, celle du «programme politique». Car l’impression qui se dégage de cette élection, c’est que c’est Frédéric lui-même qui fait figure de programme politique, celui du rétablissement de la concorde : concorde entre l’Empire et l’Eglise, entre le pouvoir temporel et le spirituel, et concorde au sein de l’Empire. C’est là la première dimension du règne : la pacification, qui passe par la reprise en main des territoires allemands, la fin de la querelle Welfs/Staufen et – plus largement – l’affirmation d’un Etat et d’un pouvoir, prélude au couronnement impérial romain (comme consécration). Mais l’étape romaine – rituel majeur, indispensable – se heurte aux arguties protocolaires d’Adrien IV à Sutri, et à une Italie rétive (notamment le Milanais) à ce nouveau roi des Lombards : une Italie finalement compliquée avec laquelle il est bon de ne pas s’en tenir aux idées simples. Mais bien débrouillé par l’auteur, l’écheveau italien s’avère finalement accessible. Une Italie dont les dangers, les tensions, les conflits scandent l’ouvrage.

Car Frédéric, empereur, doit savoir s’imposer à son empire, et imposer sa loi. L’histoire de Frédéric Barberousse se confond alors avec une histoire de l’Etat impérial en pleine construction, dans une perspective d’affirmation politique et juridique. Mais affirmer la souveraineté de l’Empire, c’est inévitablement se heurter à l’Eglise, autre souveraineté autant temporelle que spirituelle, et qui se revendique comme unique source de légitimité. L’affrontement est rendu encore plus délicat par le schisme, suite à l’élection au trône pontifical de 1159, un schisme dans lequel Frédéric Barberousse va peser, contre le pape Alexandre III, jusqu’à se faire «décerner» le titre de persécuteur de l’Eglise. On le voit, les affaires italiennes et pontificales occupent durablement le règne, et posent la question, traditionnelle, du rapport entre le sacré et la politique, du rôle de l’Eglise dans les affaires d’Etat (et inversement), et plus largement du fracas entre les «deux glaives» au temps où le temporel entend bien s’affranchir de la tutelle du spirituel. La Croisade, comme épilogue (trop court au regard des questions posées), fait finalement entrer l’empereur dans le mythe, qui conclut l’ouvrage (comme il l’introduisait du reste).

Le livre se présente, de manière très pédagogique, comme un bon cours, où chaque référence, chaque allusion, est prétexte à une digression explicative, dans un petit chapitre ponctué par une bibliographie (une présentation qui tient parfois plus du bon manuel universitaire que d’une biographie classique) : bien plus qu’une simple biographie, le livre de P. Racine propose un tableau riche du monde de Frédéric Barberousse, un monde qui s’étend de l’Orient à l’Occident, comprend l’Islam, le monde byzantin autant que les cours européennes, un monde théoriquement dominé (en préséance) par l’empereur. D’un style très factuel, l’ouvrage s’adresse avant tout à un public non spécialiste, intéressé par la période et le personnage, en quête d’une étude de référence sur l’homme et son temps. L’appareil de notes, qui intègre une bibliographie importante, et l’index, permettent de développer plusieurs points. A ce titre, l’ouvrage de P. Racine remplit parfaitement son office, et offre, aux spécialistes comme aux non-spécialistes, une base solide pour l’étude du personnage et de la période.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 22/09/2009 )
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