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Histoire & Sciences sociales -> Biographie |
| Philippe Maxence Maximilien Kolbe - Prêtre, journaliste et martyr (1894-1941) Perrin 2011 / 22 € - 144.1 ffr. / 320 pages ISBN : 978-2-262-02868-8 FORMAT : 14cm x 21cm Imprimer
Journaliste et écrivain, Philippe Maxence vient de consacrer une intéressante biographie à Maximilien Kolbe (1894-1941), lequel fut à la fois prêtre, journaliste et martyr pendant la Seconde Guerre mondiale. Né en Pologne à la fin du XIXe siècle, le futur père Maximilien-Marie fut marqué à jamais par une apparition de la Vierge Marie durant son enfance. De lordre franciscain, le prélat créa une chevalerie spirituelle prônant le don total de soi à Marie, puis un journal. Dans les environs de Varsovie, à la fin des années 1920, il bâtit un couvent abritant quelques huit cents religieux, une maison dédition et une station de radio.
Maximilien Kolbe se distingua essentiellement par sa destinée, laquelle la conduit à une fin on ne peut plus héroïque. Sa mort nest pas sans susciter tant ladmiration de son courage que lhorreur du nazisme. Parce quil cacha des réfugiés et des Juifs, M. Kolbe fut déporté au camp dAuschwitz en février 1941. Au cours de son internement, plusieurs détenus parvinrent à séchapper lors du travail au champ. Naturellement, les gardiens le remarquèrent en faisant lappel et se mirent dans une fureur extrême. La sanction était dune redoutable simplicité, prévient Philippe Maxence : «pour décourager dautres tentatives, dix à quinze prisonniers du même Block étaient choisis au hasard pour mourir à sa place» (p.280).
Lévasion de trois détenus eut pour effet de plonger encore davantage les prisonniers dans la consternation et langoisse. Ils durent tout dabord demeurer au garde-à-vous jusquà 21 heures avant dêtre dispersés. A leur grande surprise, tous les détenus à lexception de ceux du Block 14 reçurent leur maigre ration de nourriture. Après une nuit dangoisse, de faim et de peur, ceux-ci ne furent pas envoyés aux corvées le lendemain, mais durent rester au garde-à-vous jusquà une très courte pause à 15 heures.
En fin de journée, nayant pas retrouvé les fuyards, les autorités du camp, dont Karl Fritzsch et Rudolf Höss, revinrent pour sélectionner des victimes parmi les prisonniers du Block 14. Le SS-Hauptsturmführer Karl Fritzsch annonça froidement que des hommes allaient mourir en guise de punition. Pour ce faire, il passa de rang en rang. Sadique, il examina les détenus un à un et finit par désigner arbitrairement les victimes de son courroux. Si les survivants soufflaient par soulagement, certains des dix prisonniers retenus crièrent pour saluer une dernière fois leurs compagnons plus chanceux ou bien pour manifester leur amour de la Pologne.
Toutefois, un sergent de larmée polonaise refusa la mort. En larmes, il réclamait que la vie lui soit laissée parce quil avait femme et enfants. «Mais, sinterroge P. Maxence, que pouvaient ses cris et ses larmes devant lindifférence haineuse des SS pour lesquels il nétait quun prisonnier parmi dautres, un simple matériau humain ? Ce fut alors quun détenu savança à travers les rangs en direction de Fritzsch. Un kapo lui hurla de sarrêter, les gardes pointèrent leurs armes, et Fritzsch lui-même porta la main à son revolver. Très calme, le prisonnier indiqua simplement quil souhaitait parler au Schutzhaftlagerführer Karl Fritzsch. Puis il continua à avancer et se mit au garde-à-vous devant lofficier interloqué. Pendant un instant, les rôles semblèrent sinverser. Puis Fritzsch retrouva ses esprits et demanda au détenu ce quil voulait. Dans un allemand parfait, celui-ci expliqua quil désirait soumettre une requête. (
) Le prisonnier lui demandait à prendre la place du sergent (
)».
Perplexe, le SS alla senquérir de lidentité de ce courageux prisonnier. On lui indiqua quil sagissait dun prêtre, dun simple «curaillon» pour reprendre sa propre expression (pp.282-283). Le capitaine accepta léchange. Débuta alors le pire des calvaires pour ces dix condamnés à mort. Nus, puis privés deau et de nourriture pendant des jours, ils moururent les uns après les autres dans datroces souffrances. Le 14 août 1941, un certain Boch vint achever ceux des suppliciés qui étaient encore en vie et dont le prêtre Kolbe faisait partie.
Aussi héroïque soit-il, et assurément il le fut, le sacrifice du Franciscain ne résume pas sa vie, loin sen faut. Dans cet ouvrage, Philippe Maxence dévoile avec force détails la trajectoire hors du commun de Maximilien Kolbe.
Jean-Paul Fourmont ( Mis en ligne le 11/10/2011 ) Imprimer
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