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Histoire & Sciences sociales -> Science Politique |
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''Petits pépins de santé'' | | | Denis Demonpion Laurent Léger Le Dernier tabou - Révélations sur la santé des présidents Pygmalion - Histoire secrète 2012 / 19.90 € - 130.35 ffr. / 300 pages ISBN : 978-2-7564-0578-0 FORMAT : 24,0 cm × 15,2 cm Imprimer
En 1996, dans Le Grand Secret, le docteur Gubler relatait le suivi médical du président François Mitterrand au cours de ses deux mandats présidentiels. Il y écrivait notamment que le président socialiste souffrait dun cancer de la prostate, lequel avait été diagnostiqué très peu de temps après sa prise de fonction. Claude Gubler révélait en sus que les communiqués médicaux publiés par la présidence étaient mensongers. Pis, depuis 1994, François Mitterrand n'était plus capable d'assumer ses fonctions selon Claude Gubler. Le prix de ces révélations fut extrêmement lourd : louvrage fut tout simplement retiré de la vente, le docteur Gubler fut condamné à quatre mois de prison avec sursis, puis radié de lordre des médecins. Il fut également exclu de lordre national du mérite et de lordre national de la légion dhonneur, avant que la Cour Européenne des Droits de l'Homme ne condamne la France notamment pour avoir porté atteinte à la liberté dexpression
Comme le relèvent Denis Demonpion et Laurent Léger dans leur ouvrage Le Dernier tabou. Révélations sur la santé des présidents, paru aux éditions Pygmalion, le cas du docteur Gubler est tout à fait symptomatique des pratiques opaques des plus hauts dignitaires de la Ve République. Certes le président de la République nest évidemment pas un citoyen comme les autres, mais il nest pas insensible aux affres de la maladie pour autant. En effet, le cas nest pas rare : à linstar de Georges Pompidou, puis de François Mitterrand, le magistrat suprême peut être empêché dexercer pleinement ses fonctions présidentielles. En raison dune de ces ruses dont lhistoire a le secret, à chacune de ces deux reprises, cest Édouard Balladur qui assura «lintérim», et ce dabord en tant que secrétaire général de l'Élysée, puis comme Premier ministre. Il exerça donc le pouvoir, et ce «sans en avoir le titre ni avoir été élu pour le poste, il a fait office de vice-président».
Létat de santé des présidents est lun des secrets les mieux gardés de notre République. Il sapparente même à un «secret dEtat». Quel que soit le degré de gravité de la maladie du président, les Français nen sont pas mis au courant, alors même que cest grâce à lonction du suffrage universel que certains hommes politiques sont envoyés à lElysée. Aucun chef dEtat na jamais fait toute la lumière sur ses «petits pépins de santé», pour reprendre leuphémisme des conseillers de Jacques Chirac. Ainsi que laffirment les deux auteurs, «quand, par la force des choses et des évènements, il est contraint de sexpliquer, cest toujours de manière parcellaire, approximative et tronquée quil sy emploie, lui ou sa garde rapprochée». Et pourtant, la main sur le cur, les candidats à la présidence de la République promettent toujours avec la plus grande vigueur de se montrer transparents en la matière, den informer le peuple régulièrement. Certes «les promesses nengagent que ceux qui y croient», comme avait coutume de le dire le cinquième président de lactuelle République, mais jamais lécart entre les promesses et la réalité ne disparait vraiment. La règle dor a toujours été den révéler le moins possible
Très fouillée, lenquête de Denis Demonpion et de Laurent Léger se penche sur ce que furent la pratique et les habitudes concrètes des présidents en matière de santé, de Charles de Gaulle à Nicolas Sarkozy en passant par Georges Pompidou et François Mitterrand. Chacun dentre eux cultiva le secret, nhésitant pas à se faire soigner à lhôpital militaire du Val-de-Grâce dans le but de ne pas divulguer leurs éventuelles faiblesses à lopinion. Létude des deux journalistes révèle par exemple que le service médical élyséen du général était très rudimentaire. Le héros de la France libre se contentait de deux internes. Son successeur, quant à lui, se faisait discrètement soigner chez lui et mourut dans la stupeur en cours de mandat. Valéry Giscard dEstaing modernisa le dispositif médical de la présidence. Régulièrement, il consulta un psychologue. Découvrant quelques jours après son élection quil souffrait dun cancer, François Mitterrand termina son règne couché au lit, entouré dune véritable cour de blouses blanches en tous genres. Jacques Chirac perpétua ce système. Nicolas Sarkozy doubla les moyens médicaux et linfrastructure mis à la disposition du chef de lEtat.
Loin dêtre anecdotique, louvrage soulève un point tout à fait crucial : qui doit assumer les fonctions présidentielles en cas dabsence ou dincapacité soudaine - définitive ou momentanée - du chef de lEtat ? Lexercice des prérogatives présidentielles nécessite incontestablement une légitimation démocratique. Il existe ici un vide juridique : la Constitution de 1958 est totalement muette sur un sujet pourtant loin dêtre secondaire et ne prévoie que la lourde procédure dempêchement (article 7).
Jean-Paul Fourmont ( Mis en ligne le 12/06/2012 ) Imprimer | | |
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