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Cet ''inconnu célèbre''
Victor Cousin   Souvenirs d’Allemagne
CNRS éditions 2011 /  10 € - 65.5 ffr. / 230 pages
ISBN : 978-2-271-07086-9
FORMAT : 12 x 19 cm
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«La révolution de 1830 avait fait de Louis Philippe le roi des Français et de Victor Cousin le roi des philosophes. Mais, ajoutait Jules Simon, Louis Philippe n’était qu’un roi constitutionnel, [tandis que] M. Cousin était un roi absolu». Les éditions du CNRS viennent de rééditer les Souvenirs d’Allemagne de Victor Cousin, que le philosophe a rédigés en 1817. Présenté par Dominique Bourel, directeur de recherche au CNRS, ces Souvenirs sont le fruit du voyage d’initiation, de pèlerinage et d’émerveillement que le jeune Professeur de la Sorbonne entreprit au début du XIXe siècle.

Au cours de l’introduction, D. Bourel écrit d’emblée que «Victor Cousin ne mérite pas l’oubli dans lequel il est tombé». Dernièrement, en effet, peu a été publié sur le philosophe, hormis quelques rééditions qui sont la plupart du temps photographiques, si bien qu’aucune «bibliographie savante ni catalogue récent de ses lettres ne peuvent aider les lecteurs». Pourtant, Victor Cousin a fait débat : «attaqué par la droite et par la gauche, par les catholiques et par les agnostiques, son éclectisme pas assez dialectique est méprisé, sa clarté serait une incapacité spéculative et ses intérêts politiques de gestion de savoir et littéraire suspects».

Le parcours de Victor Cousin - cet ''inconnu célèbre'' pour reprendre la formule de Dominique Bourel – est tout sauf banal. Normalien, agrégé, puis directeur de l’ENS, Victor Cousin a été interdit d’enseignement pendant huit ans en France. Il a également été arrêté outre-Rhin à cause de son carbonarisme : après avoir été appréhendé à Dresde en 1824, «sans doute sur dénonciation de la police française», il fut transféré à Berlin. Grâce à l’intervention de son ami Hegel, il sera néanmoins libéré. Sa carrière se poursuivra en France, où il sera notamment président de l’agrégation de philosophie, puis ministre de l’instruction publique.

Très rapidement, Victor Cousin est devenu un véritable «gourou». Pour l’un de ses contemporains, de Sacy, on n’avait plus vu quelqu’un «d’aussi éloquent depuis Mirabeau». A l’époque, les portraits de V. Cousin versaient littéralement dans la dithyrambe : «représentez-vous un jeune homme de 23 ans maigre, avec une tête expressive et des yeux flamboyants, l’air d’un mourant dans les premières minutes s’enflammant peu à peu, faisant assister l’auditoire au travail de la pensée, cherchant les mots en en trouvant d’admirables assez clairs pour qu’on sût à peu près ce qu’on applaudissait, assez nuageux pour donner arrière aux imaginations, doué d’un bel organe, comédien jusqu’au bout des ongles, penseur assurément, encore plus artiste, prédicateur plutôt que professeur avec des airs de tribun et d’apôtre tout ensemble».

Il fit de nombreux séjours en Allemagne, où il chercha à se confronter à la philosophie allemande et notamment à l’œuvre de Kant. Il correspondit très souvent avec Hegel et Schelling. Il entreprit la traduction des œuvres de Goethe et essaya d’«apprendre des Allemands puis de construire son originalité en les dépassant», ce que l’on retrouvera plus tard chez Ernest Renan, Jean-Paul Sartre et bien d’autres encore. Il perpétua, en quelque sorte, la tradition du Tour de l’Europe intellectuelle, lequel débuta avec Montaigne. Ce sont les impressions qui furent les siennes lors de la rencontre avec les plus grands esprits allemands que V. Cousin livre dans ses Souvenirs. Comme l’indique très justement D. Bourel, «lorsque l’on parle de l’Allemagne, c’est aussi à la France qu’on s’adresse. Nous sommes bien à la naissance d’une culture européenne». A cet égard, il s’agit ni plus ni moins de «générosité intellectuelle».


Jean-Paul Fourmont
( Mis en ligne le 31/05/2011 )
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