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Comme les cigognes...
Leïla Sebbar   Mes Algéries en France - Carnet de voyages
Bleu autour 2004 /  28 € - 183.4 ffr. / 238 pages
ISBN : 2-912019-24-9
FORMAT : 17x22 cm

L’auteur du compte rendu : agrégée d’histoire et docteur en histoire médiévale (thèse sur La tradition manuscrite de la lettre du Prêtre Jean, XIIe-XVIe siècle), Marie-Paule Caire-Jabinet est professeur de Première Supérieure au lycée Lakanal de Sceaux. Elle a notamment publié L’Histoire en France du Moyen Age à nos jours. Introduction à l’historiographie (Flammarion, 2002).
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Leïla Sebbar est née en Algérie d'un père algérien et d'une mère française. Élevée en Algérie où son père est instituteur, elle garde à vie l'amour de sa terre natale. La séparation s'impose en 1968 lorsque le père se résigne à l'exil à Nice, double exil loin de l'Algérie et, désormais, hors de la parole : il choisit de se taire. Leïla Sebbar entame une carrière littéraire en 1982 avec Shéhérazade. L'an dernier elle a fait paraître chez Julliard Je ne parle pas la langue de mon père.

Mes Algéries en France n'appartient à aucun genre défini : superbement et abondamment illustré (photos, reproductions de dessins, de cartes postales…), accompagné d'un index, c'est effectivement d'une sorte de carnet de voyage qu'il s'agit. Il est composé comme une mosaïque : juxtaposant entretiens, reprise d'articles, auteurs variés (M.Perrot, P. Vidal-Naquet..), reportages à travers la France d'aujourd'hui, villes, marchés, campagnes, paysages, quête inlassable d'une terre à la fois perdue et toujours présente.

L'auteur reprend son histoire personnelle, se livre dans ce qui pourrait être une autobiographie. C'est une recherche passionnée et émouvante, tendre et cruelle à la fois, de tout ce qui, dans sa terre maternelle, lui rappelle sa terre natale, la terre paternelle. Entre deux rives, entre deux souvenirs, entre deux époques, passé et présent s'entremêlent. Un regard acéré lui fait dénicher tout indice d'Algérie ; indices douloureux : les tombes de musulmans morts pour la France, tombes oubliées dans les cimetières d'Alsace ou de la baie de Somme, ou encore à Ainay le Château dans l' Allier, tombes musulmanes profanées à Thiais en octobre 2003 ; indices plus légers : les papiers qui enveloppent les oranges, le zouave du papier à rouler le tabac zig zag… Tout lui parle d'Algérie, et parfois à elle seule comme cette enseigne publicitaire Singer qui ramène en un instant le souvenir des femmes algériennes au village penchées sur leur machine à coudre. Les cigognes elles aussi, oiseaux migrateurs… alsaciennes et algériennes, liens fragiles entre les deux rives de la Méditerrané, et dont l'auteur collectionne de façon nostalgique les représentations.

Livre de rencontres : rencontres de ces algériens des différentes générations installées en métropole, les "chibanis", les hommes assis ("Ils étaient jeunes, vigoureux, illettrés et pauvres. Ils sont vieux, fatigués, illettrés et pauvres." - p.182), ainsi nommés car ils n'ont pas fait le pèlerinage à la Mecque, et qui, trop pauvres pour bouger, attendent la mort dans la paix et l'espoir d'une sépulture au carré musulman. Il y a aussi, omniprésentes, ces femmes qui peuplent le livre : de la préface de Michelle Perrot, à l'interview de la même, reprise de la revue Algérie/Littérature/Action : Je ne suis jamais retournée en Algérie depuis 1951. La photo, superbe, de Germaine Tillon, le souvenir des combattantes de la guerre, en Algérie ou en France, illustrées de leurs portraits, des photos de maquis, les portraits des conteuses algériennes dans la France de l'an 2000.... Autres lectures : celles offertes par les cartes postales de la colonisation et l'exotisme des tenues orientales, Isabelle Eberhardt partie se chercher dans le désert. Souvenirs des rapatriés : le témoignage émouvant de Marthe Stora : Constantine-Sartrouville.

Un chapitre est consacré aux femmes, avec une riche iconographie, qui se clôt sur une odalisque romantique : aller/retour encore entre passé et présent, réalité et imaginaire. De courts portraits de femmes actuelles, telle Noria Boukhobza, l'anthropologue qui se définit comme auvergnate, dont la mère est née à Tiaret et qui travaille sur les liens matrimoniaux dans les familles de l'immigration maghrébine.

Quête des racines, des morts, mais surtout des vivants, le livre s'articule autour de six parties : Portrait de famille : Les écoles ; Algériennes, Arts et Lettres ; Une passion algérienne ; Les hommes assis ; le champ des morts, ; Parcs et jardins. Bestiaire. Le programme est annoncé dès la couverture où l'on retrouve les photos qui encadrent le titre : célébrités (Zinedine Zidane, Isabelle Eberhardt), imaginaire (le zouave de zig zag, le spahi ou l'odalisque romantiques), l'auteur petite fille, algériens et algériennes anonymes….Tout un paysage intime et public, celui de l'auteur.

Bel ouvrage, superbe maquette, livre d'images et de recherche d'une identité, dont on recommande vivement la lecture pour rêver, pour réfléchir, pour retrouver à la fois une Algérie des années 60, et la France d'aujourd'hui.


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 14/04/2004 )
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