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SMIC & SMAX
Philippe Villemus   Le Patron, le footballeur et le smicard - Quelle est la juste valeur du travail ?
Editions-dialogues.fr - Nouvelles ouvertures 2011 /  19,90 € - 130.35 ffr. / 305 pages
ISBN : 978-2-918135-24-1
FORMAT : 13,5cm x 21cm
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Lors d’un débat télévisé du 25 janvier 2010, le syndicaliste Pierre Ménahès (CGT) s’insurge du montant des rémunérations des patrons du CAC 40, face au Président de la République, N. Sarkozy, qui n’est choqué que par le salaire mirobolant de certains footballeurs et certains sportifs… ce qui tend à justifier celui des patrons. Mais quelle est la juste valeur du travail ? Cette question est historiquement ancrée dans nos sociétés depuis Aristote mais l’économiste Philippe Villemus démontre comment, depuis une vingtaine d’années, ce débat a été vidé de sa substance par la financiarisation de l’économie mondiale et française et la recherche effrénée du profit uniquement financier.

Pour aborder ce sujet, l’auteur replace le Travail dans une perspective historique, dont il rappelle le fondement, les ruptures, les changements et les évolutions à l’appui des différentes théories économistes. Cette longue marche du salariat aboutit aujourd’hui à ce qu’un trader et un publicitaire, pourtant moins utiles à la société qu’une infirmière, un professeur des écoles ou un chercheur, soient plus payés du fait que la valeur du travail est réduite à sa simple valeur financière. L’accroissement des inégalités entre le haut et la base de la pyramide s’accentue entre l’indécence des salaires des patrons du CAC 40, héliportés par le pouvoir politique mais qui ne créent ni emploi ni valeur financière, et les travailleurs pauvres.

L’ouvrage traite du haut de la pyramide des salaires, très exactement de la pointe du haut de la pyramide : l’Olympe ou la cime des Très Très Hautes Rémunérations (TTHR), supérieures au million d’euros par an et qui concernent quelques patrons, footballeurs, sportifs, traders, stylistes, et autres ''bouffons'' (chanteurs, acteurs, top-modèles,…).

Rémunérations de patrons du CAC 40

Évitant les clichés trop facilement colportés au sujet des TTHR des patrons du CAC 40, l’auteur a fait preuve d’une détermination remarquable pour s’attaquer à ce pinacle tant les données, rédigées dans un jargon opaque, sont difficiles à obtenir et à croiser. Solidement argumenté, son ouvrage s’intéresse aux questions très sensibles de qui attribue la rémunération, du pourquoi de cette explosion des TTHR, des mythes et réalités (création de la valeur, responsabilité,..), etc. Ces TTHR que les patrons du CAC 40 s’octroient, avant-pendant-après leur contrat, restent une exception française complexe, déconnectée de leur performance individuelle, de la réalité sociale, de la réalité financière et de la réalité économique. P. Villemus décompose le principe de rémunération «mille-feuille» de ces dirigeants managers salariés devenus patron-managers-salariés-actionnaires qui empilent de titanesques émoluments : bonjour doré (ou golden hello) + primes de rideaux + avantage en nature + actions gratuites + participation + intéressement + dividendes + salaire fixe + salaire variable + stock options + remboursement de titres + parachutes dorés + retraites chapeaux + jetons de présence et… d’absence  (l’heure la mieux payée du mille-feuille : 3000 € environ). A cela peut s’ajouter des dons : pour preuve, la femme la plus riche de France, Liliane Bettencourt, a fait des dons… à l’homme le mieux payé du pays, Lindsay Owen-Jones, qui a occupé le sommet de l’échelle de perroquet. L’auteur (qui ne manque pas d’humour – caustique) note que la tradition philanthropique anglo-saxonne est peu développée chez nous…

Rémunération des footballeurs et des sportifs

Professeur-Chercheur, Philippe Villemus étudie ensuite les revenus du football. Si aucun patron français du CAC 40 n’a été débauché pour prendre la tête d’un grand groupe étranger, de nombreux footballeurs français talentueux sont appelés hors de l’Hexagone où ils attirent un large public ; leur valeur marchande dépend de leur succès alors que la valeur marchande des patrons du CAC 40 n'est cotée sur aucun marché : pour un qui s'en va, dix candidats sérieux peuvent le remplacer ce qui n’est pas le cas d’un Pelé, d’un Platini, d’un Zidane. Dès lors, est-ce les footballeurs et les sportifs ou les patrons du CAC 40 (nullement sollicités mais héliportés) qui sont trop payés ? L’auteur démontre comment la rareté introduit le déséquilibre entre l’offre et la demande et de quelle manière le footballeur peut être considéré comme un actif immatériel au sens comptable du terme, vendu et acheté avec une plus-value puisqu’il représente la richesse du Club. Ces grands Clubs fonctionnent comme des «marques», dans une logique de chiffre d'affaires, sur un marché du football déséquilibré dont l’économiste n’occulte ni l’argent sale, ni l’enjeu des transferts, ni le marché secondaire, etc. Peut-on lier la valeur du travail et donc de la rémunération à l’utilité du travail ? A la rareté du travailleur ? A la morale ? Les stars de la chanson, du cinéma, de la mode, de la télévision, moins nombreuses à atteindre ces TTHR, sont elles aussi aptes à remplir des salles de spectacles, à fédérer des spectateurs, des amateurs d’art, etc., sur leur seul talent alors que les traders des salles de marché…

Le paradoxe de l’eau et du diamant ou de l’infirmière et du footballeur

Or, si les arguments économiques légitiment les gains des footballeurs et discréditent ceux des patrons salariés dont l’échec rapporte autant que le succès, Philippe Villemus note l’absurdité du système qui néglige l’intérêt général et l’équité. Il nous entraîne dans une brillante conclusion qui interroge le lecteur sur cette juste valeur du travail, point central de notre société en incorporant plusieurs éléments occultés depuis la financiarisation de l’économie, telle que l’utilité sociale, esthétique et morale. Outre l’idée de plafonner ces TTHR (qui fait son chemin un peu partout en Europe) pour aboutir à un Salaire Maximum (SMAX), l’auteur propose des mesures réalistes pour que la valeur financière ne l’emporte pas sur la valeur sociale.

Un ouvrage pertinent, de grande utilité sociale et morale mais pourtant… peu coûteux (19.90€).


Marie-Claude Bernard
( Mis en ligne le 11/07/2011 )
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