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On ne peut plus actuel
Emmanuel et Mathias Roux   Michéa l'inactuel - Une critique de la civilisation libérale
Le Bord de l'eau - Documents 2017 /  16 € - 104.8 ffr. / 220 pages
ISBN : 978-2-35687-513-6
FORMAT : 13,0 cm × 20,0 cm
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Emmanuel Roux (agrégé et Docteur en philosophie) et Mathias Roux (ancien de l’ENS-Lyon et agrégé en philosophie) ont décidé de défendre l’un des philosophes les plus critiques de la civilisation et de l’imaginaire libéraux, Jean-Claude Michéa, auteur de L’Empire du moindre mal, La Double pensée ou encore Notre ennemi, le capital. La tâche n’était pas aisée car si Jean-Claude Michéa est devenu une figure incontestée de paysage intellectuel, admiré par certains, il est en revanche très attaqué par d’autres, souvent d’une façon lapidaire.

Au long des chapitres, les deux auteurs s’attachent à formuler l’unité et la solidité de la pensée de Michéa. Cela commence par les fondations du libéralisme dans la critique du philosophe (chapitre «Logique et unité du projet libéral», ensuite retourné pour démontrer le «Malaise dans la civilisation libérale». Ils remontent alors à ce qui spécifie l’approche de Michéa, notamment son attachement à la pensée d’Orwell et à la logique du don de Marcel Mauss, puis à ses attaques précises contre la «gauche» et sa double pensée.

««Piégée» par les mots d’ordre et les dogmes de la culture-libérale-libertaire (le refus des frontières, la méfiance de principe envers la question de l’«identité», du localisme et des traditions, la réduction des luttes sociales aux enjeux de la reconnaissance juridique et à l’anti-racisme, etc.), la gauche intellectuelle ne parvient pas à comprendre que l’illimitation du règne de la valeur d’échange requiert précisément la libéralisation complète des mœurs et l’extension indéfinie de la sphère des droits qu’elle appelle de ses vœux». Jean-Claude Michéa critique l’imaginaire libéral dans ce qu’il a de plus «subtil» et de plus «pervers», parvenant en effet à reprendre les anciennes critiques adressées contre lui et à les faire siennes. Car la grande force du système libéral est sa plasticité.

Marx l’avait mentionné dans le Manifeste du Parti communiste et dans une lettre à Aknenkov, datée du 28 décembre 1846. Le libéralisme est une métaphysique. Il est tout sauf conservateur (Marx disait que le Capital avait déjà été écrit par Balzac). Il est dans un incessant changement, cherchant à déterritorialiser toujours plus, nanti des carottes du Progrès et de la Croissance. Quand il avait besoin de la religion, il l’utilisait. Quand il n’en eut plus besoin, il la liquida pour promouvoir le matérialisme utilitariste, l’utilisant alors comme épouvantail. Quand l’esclavage devient inutile, il l’abandonne pour installer le salariat : le patron n’est plus obligé de nourrir ses esclaves et se sert de l'abolition comme une de ses éclatantes victoires. C’est ce qui fait que ceux qui sont restés à d’anciennes critiques du libéralisme (l’Eglise, le Patriarcat) se retrouvent à épouser l’imaginaire libéral du moment tandis que ceux qui ont compris ce tour de passe-passe se retrouvent à être classés de facto comme réactionnaires.

Emmanuel Roux et Mathias Roux reprennent les critiques d’autres auteurs, d’une part ceux qui, à droite, reprennent Michéa à leur compte (Zemmour, Finkielkraut et Levy), d'autre part ceux qui, à gauche - Jean-Louis Amselle, Frédéric Lordon, Florent Gulli, Isabelle Garo et Anselm Jappe -, lui décernent des qualificatifs peu honorables. Les auteurs auraient pu mieux démasquer les premiers en indiquant comment ils reprennent une partie des critiques de Michéa sans leur tenants et aboutissants, ce qui n’arrange pas le philosophe qui voit ainsi le qualificatif de réactionnaire lui coller à la peau. On voit mal un Zemmour, adepte de Napoléon Ier, assumer un Jean-Claude Michéa dans ses conclusions. S’il l’utilise, c’est pour emmener les votes populaires vers d’autres voies que celle soutenues par le philosophe.

Cet essai offre une véritable plongée dans la pensée de Michéa, une remarquable introduction qui permettra à ses futurs lecteurs d’aller à l’essentiel et vérifier au besoin dans les textes originaux. Les auteurs remettent les pendules à l’heure d’autant qu'ils ne louent guère Jean-Claude Michéa ; ils veulent simplement faire valoir la pertinence de sa pensée critique.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 09/03/2018 )
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