|
Essais & documents -> Questions de société et d'actualité |
| Xavier de C. L'Edit de Caracalla - Plaidoyer pour des Etats-Unis d’Occident Fayard - Documents 2002 / 10 € - 65.5 ffr. / 140 pages ISBN : 2213612544
Suivi d'une épitaphe de l'auteur par Régis Debray
Imprimer
Examen de conscience dun traître ? Dissertation de khâgneux ou de jeune cuistre de sciences politiques sur les « grandes lignes de partage du monde contemporain » ? Xavier de C. plaide dans cette lettre adressée à son vieil ami Régis Debray en faveur de la constitution dEtats-Unis dOccident. En ces temps troublés où laméricanophobie fait figure de valeur refuge, le propos ne manque ni de courage ni dintérêt. Dans cette perspective, Xavier de C., féru dhistoire romaine, rappelle que lempereur Bassanius Caracalla décida détendre, en 212 après Jésus-Christ, la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de lEmpire. Et ce afin de faire cesser « chicanes et réclamations », cest-à-dire de rallier tous les sujets à la cause de Rome, alors que les poussées barbares se faisaient de plus en plus pressantes sur les frontières. Sous-entendant que nous sommes des sujets de facto de « lEmpire dAmérique », il propose que soit renouvelé cet acte politique « face à la montée des périls » qui menacent, selon Xavier de C., lOccident.
Dailleurs, lEurope au teint bleu horizon frappé de douze étoiles ne sinspire-t-elle pas de la Convention de Boston ? Les édifices de Strasbourg et de Bruxelles ne rêvent-ils pas secrètement de se mirer dans les eaux du Potomac ? Aussi Xavier de C. nous encourage-t-il à aller au bout de la logique de la construction européenne et à ne pas nous épuiser dans une stérile confrontation avec les Etats-Unis dAmérique. Il utilise pour cela limage de la fertile union de la Grèce antique (la culture, la généalogie) et de Rome (le Droit, le rayonnement impérial), présentée comme un exemple à suivre pour les deux piliers de lOccident. Lalliance des philosophes et des paysans
Notre Mare Nostrum sappelle désormais Atlantique; ne serait-il pas lheure den tirer les conséquences, maintenant que la Guerre Froide sest définitivement arrêtée ?
Dans une épitaphe puisque lauteur est mort- , Régis Debray réagit à ces propos, tour à tour les modérant ou les réfutant. Il revient sur ce « désir sournois dabandonner à leur sort les banlieues du monde pour faire chorus avec le maître, bonheur lâche de qui se met dans le sillage du plus fort ». Cette tempérance nen est pas moins un exercice dadmiration (dailleurs, comment sempêcher de voir dans le portrait de Xavier de C. le reflet fantasmé de Régis Debray ?). Lessai, testament dun ancien du Quai dOrsay tué en opération et par ailleurs personnage sans (aucun) doute fictif, est-il lappendice de Loués soient nos seigneurs, lexcellente confession politique de Régis Debray ? Dans tous les cas, L'Edit de Caracalla tient le haut du pavé de la littérature post-11 septembre. Contrairement à beaucoup dessais de circonstances, le propos ici développé nest ni apocalyptique ni trop emphatique. Lhumour, lintelligence et lironie sont même de la partie. Souhaitons donc que Xavier de C. soit lu !
Vianney Delourme ( Mis en ligne le 08/03/2002 ) Imprimer | | |
|
|
|
|