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Affaires de famille
Martine Orange   Ces messieurs de Lazard
Albin Michel 2006 /  19 € - 124.45 ffr. / 345 pages
ISBN : 2-226-16802-8
FORMAT : 14,5cm x 22,5cm

L'auteur du compte rendu: Guy Dreux est professeur certifié de Sciences Economiques et Sociales en région parisienne (92). Il est titulaire d'un DEA de sciences politiques sur le retour de l'URSS d'André Gide.
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"Le secret de Lazard, c'est le secret". Voilà la formule magique d'une des banques d'affaires les plus connues comme les plus fermées. C'est à dévoiler un bout de ce secret que Martine Orange, journaliste au Monde, s'est attachée. Une enquête à travers les hommes qui ont construit et fait cette quasi-institution.

Comme toutes les légendes familiales, la célébration des origines consacre les belles heures que l'on entend raviver dans les périodes difficiles. Car il s'agit bien au départ d'une histoire de famille. En 1848, des lorrains installés aux Etats-Unis fondent une société de commerce : Lazard Frères. La dimension familiale est sensible par une des dispositions statutaires : en cas de différend, les associés s'interdisent de recourir à la justice ! Très tôt, les affaires sont florissantes. Au gré de l'expansion économique et de la vie de la dynastie, les affaires n'étant pas toujours absentes des stratégies matrimoniales, quelques familles président au partage chaque année de bénéfices conséquents. Les millions de dollars ou de francs se partagent inégalement entre associés selon les anciennetés et les préséances. Dans la dernière période, un homme a dirigé cette banque d'affaires : Michel David-Weill. Chef tout puissant de cette institution, jusqu'au jour où le pouvoir lui échappa et qu'il dut reconnaître la "victoire" d'un nouveau venu, Bruce Wasserstein.

L'intérêt de l'ouvrage, sans dévoiler naturellement toute son histoire, est de présenter quelques moments forts qui ont assuré la fortune de cette banque. En avril 1964, par exemple, Lazard lance à Wall Street la première OPA hostile. "Par une pleine page de publicité, Lazard annonce une offre de rachat sur la société Franco-Wyoming au prix de 55 dollars par actions." La stupéfaction ne vient pas de la société pétrolière concernée, peu connue d'ailleurs, mais du caractère hostile de cette opération. Elle inaugure une nouvelle pratique à laquelle, depuis, nous nous sommes habitués. Mais encore en 1968, lorsque BSN et Lazard décident de s'attaquer à une partie des actifs de Saint-Gobain, ce genre d'opération n'est pas tout à fait encore rentré dans les mœurs. "La tension était si forte que j'ai même eu des CRS pour surveiller ma maison", précise Jean Guyot, ancien responsable de Lazard.

Si Martine Orange a intitulé son livre Ces messieurs de Lazard, c'est aussi parce qu'en la matière le facteur humain joue un rôle. Si la précision des rapports financiers et la rigueur des calculs sont à la base de ces activités, il reste que l'idée que l'on se fait de certaines associations peut aussi avoir son importance. Ainsi, lors de la bataille pour le contrôle de quelques entreprises de luxe (que Bernard Arnault finira par contrôler), Henry Racamier, ancien dirigeant de Louis Vuitton, réagit très fortement à des opérations de rapprochement avec le groupe… Guinness. "Voir l'univers de luxe des sacs Vuitton mêlé à la bière et aux supermarchés…! C'en est trop pour Racamier." De même, lorsque le Crédit Agricole décide de rentrer dans le groupe Lazard, il acquiert des titres à un prix 20% supérieur à leur valeur boursière du moment. Parmi les réactions du moment plus ou moins étonnées, l'auteur cite un témoin de ces manœuvres : "Malgré sa puissance, le Crédit agricole reste complexé face à ses concurrents. Il a toujours le sentiment de sortir du champ d'à côté."

Ce sont donc bien des hommes qui, in fine, décident et réagissent y compris et surtout dans des établissements qui entendent avoir l'histoire pour eux. Des hommes comme tout le monde ? Oui et non, à croire le reproche qu'adresse Antoine Bernheim, un des dirigeants de Lazard, à un banquier prétendant rejoindre la banque : "Vous êtes un excellent banquier d'affaires. L'ennui, c'est que vous n'aimez pas l'argent."

Mais les histoires de famille ne finissent pas toujours très bien. Entre les conflits avec son gendre et la cotation en bourse qu'il est obligé d'accepter en mai 2005, Michel David-Weill doit reconnaître qu'une histoire prend fin avec la fin de son propre pouvoir. Aujourd'hui, seule la banque financière David de Rothschild réussit à développer des activités de banque d'affaires au niveau mondial tout en gardant une structure financière digne des pionniers.


Guy Dreux
( Mis en ligne le 29/05/2006 )
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