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Sœurette
Agnès Soral   Frangin
Michel Lafon 2015 /  16,95 € - 111.02 ffr. / 283 pages
ISBN : 978-2-7499-2429-8
FORMAT : 14,0 cm × 22,5 cm
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Agnès Soral (née en 1960) est restée célèbre pour deux rôles : Françoise dans Un moment d'égarement (1977) et Lola dans Tchao Pantin (1983), deux films de Claude Berri. Ensuite, ses apparitions jalonnent les années 90 et 2000 mais sans le succès connu durant la décennie précédente. Elle est la sœur cadette de l'écrivain Alain Soral (né en 1958). C'est ce frère problématique qui fait l'objet de cette autobiographie.

Depuis 2006, Alain ne parle plus à Agnès. Il s'est retiré du monde du show-biz tout en regrettant de n'être plus invité sur les plateaux télé pour défendre ses livres. Ostracisé par le système médiatique et culturel, le pamphlétaire s'est du même coup radicalisé en s'auto-publiant et en se créant une sorte de parole sur Internet (au travers de son site "Égalité et Réconciliation"). En quelques années, Soral le frère est devenu une sorte de porte-parole de la dissidence et un symbole fort de l'anti-système. Et c'est en lisant dans les médias le nom Soral (qui fait maintenant penser à Alain) qu'Agnès a décidé de prendre la plume (pour récupérer le sien) afin d'écrire à son frère. En effet, la mauvaise réputation du frangin contaminait les projets de la soeur : contamination par le patronyme. Il fallait donc calmer les esprits, récupérer le popularité perdue et peut-être renouer avec la famille !

Les stars du show-biz ont ce privilège de régler leur compte par livre interposé. En écrivant puis publiant aux yeux du grand public, ils peuvent libérer leurs démons et communiquer par voie éditoriale, si ce n'est médiatique. Agnès souffre de l'absence de son frère et des propos antisémites (juge-t-elle) qu'il énonce un peu partout. Elle s'indigne de voir sur la couverture des magazines son nom accolé à ceux de Zemmour et de Dieudonné (comme s'ils étaient les équivalents de Hitler et Staline !). Elle s'insurge de le voir préférer la "Haine de l'autre et du Juif" plutôt que l'amour de son prochain et des ''races'' en général. Du coup, elle décide de prendre la plume et de raconter son enfance (où Alain a une certaine importance) afin d'expliquer peut-être d'où viennent ces cassures. Une certaine psychologie féminine est en marche !

Il serait inutile de résumer ici tant le récit ressemble à beaucoup d'autres (avec, il est vrai, un père omnipotent, violent et pervers). Elle tente de déceler chez son frère les prémices de sa contestation puis de sa radicalisation : pipi au lit, raclées du père, contestation lycéenne, amour de la peinture, séduction des femmes, puis les premières publications autour de la mode et des goûts vestimentaires au début des années 80. Au final, rien de bien surprenant ! En fait, en voulant comprendre la destinée du frère, elle raconte plutôt sa propre jeunesse, ses premiers amours, sa vocation pour le théâtre, les figurations dans des films et, aussi, l'évocation d'une fratrie soudée (avec l’aînée Florence), les nombreux déménagements, les problèmes d'argent et surtout ce père violent qui frappe et humilie à tout va (il ira jusqu'à faire de la prison). Puis, entre deux rappels du passé, elle s'adresse au frère disparu, lui reprochant ses propos antisémites.

Agnès Soral aurait dû s'interroger davantage sur l'exclusion et la persécution médiatique dont son frère fait l'objet plutôt que nous faire partager, parfois de manière impudique et naïve, ses souvenirs d'enfance ; le lire et l'écouter sur Internet afin de relever expressément des propos antisémites (qu'il ne faut pas confondre avec antisionistes). La quenelle célèbre au Mémorial de la Shoah (à laquelle Agnès fait référence) est-elle un geste antisémite ? Ou un geste provocateur qui tend à dénoncer l'idéologie faite autour du fameux devoir de mémoire ? Y a-t-il dans le combat d'Alain (qu'il faut distinguer de sa nature polémiste, sanguine, provocatrice) une apologie de l'antisémitisme avec citations de textes nazis ? Agnès ne se penche pas sur la question et préfère relayer le discours des médias qui ont exclu son frère (aux propos bien plus subtils) de la place publique de la même façon qu'il l'a peut-être exclue de sa vie. Au final, elle écrit un livre qui s'attache très peu à décrire un frère qu'elle ne connaît désormais plus.

Frangin est donc un témoignage vain et souvent sans intérêt pour ceux qui voudraient connaître le Soral intime (le portrait, ici, s'arrête véritablement en 1980). On attend donc le livre - Sœurette ? - du même Alain afin de connaître l'enfance du jeune homme... s'il y a un intérêt à la dévoiler...


Henri-Georges Maignan
( Mis en ligne le 04/05/2015 )
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