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Deux intellectuels dans le siècle
Jean-Toussaint Desanti   Dominique Desanti   La liberté nous aime encore - Entretiens avec Roger-Pol Droit
Odile Jacob 2002 /  21.53 € - 141.02 ffr. / 340 pages
ISBN : 2 7381 10517
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Ainsi, jusqu'au bout, le philosophe Jean-Toussaint Desanti n'aura cessé de converser. Lui qui préférait le dialogue à l'exposé magistral laisse comme ultime opus, après sa disparition le 20 janvier, cet ouvrage d'entretiens réalisé à trois : autour du micro, il retrouve en effet son épouse Dominique et Roger-Pol Droit, l'ami de longue date qui joue ici moins le rôle d'intervieweur que celui d'"aiguilleur" de la mémoire. C'est, avant toute chose, sur cette particularité formelle que le lecteur s'arrêtera : classé en dix chapitres chronologiques, La liberté nous aime encore présente séparément les réflexions et souvenirs de Jean-Toussaint et Dominique, puis confronte leurs points de vue en une troisième partie synthétique.

Un livre de souvenirs atypique, à l'image de ce couple. Au-delà des combats partagés, des idéaux défendus, des épreuves traversées, ce sont bien deux voix singulières que l'on entend ici. Entre Dominique, la jeune journaliste et romancière issue d'un milieu bourgeois et Jean-Toussaient, philosophe et mathématicien corse aux manières farouches, le dialogue ne pouvait se dérouler qu'hors des règles communément admises. C'est ainsi que, mariés contre toute conviction, uniquement pour émanciper Dominique, tous deux refusent, dès le début de leur histoire, de nier par leur amour la liberté de l'autre. Loin du rapport de possession-répulsion de leurs amis Sartre-Beauvoir, ils cultivent donc un état de "sérénité passionnée" qui laissera la place, soixante ans durant, à d'autres attachements.

Cette liberté revendiquée au sein de leur couple, ils vont aussi la quêter et la défendre dans leurs prises de position politiques. La Seconde Guerre mondiale les voit entrer en Résistance et se rapprocher des groupes d'action communistes - c'est à cette époque qu'ils se lient avec Sartre, Malraux -, puis adhérer pleinement au PC à la Libération. Portés, dans cette période "exaltée mais pas toujours exaltante" par l'espoir bientôt mué en conviction de la Révolution tout proche, ils sont pourtant vite soumis à l'exténuant exercice de "double vérité" : fermer les yeux sur les dérives du stalinisme pour ne pas prêter le flanc aux anticommunistes, anesthésier un esprit critique mis à mal par des exactions de plus en plus difficiles à camoufler, adoucir une réalité trop brutale pour en livrer, dans les colonnes de l'Humanité, une version conforme aux fantasmes du Parti.

En 1956-1957, tous deux ont le courage de rompre avec quinze années vécues pour et par l'idéal communiste. Un idéal qu'ils poursuivent, par d'autres moyens et sans plus jamais abjurer leur soif de vérité, dans l'engagement pendant la guerre d'Algérie, au côté du FLN, ou dans l'explosion jubilatoire de mai 68. Des trois dernières décennies, les Desanti brossent un panorama qui va s'assombrissant, les revendications de liberté cédant le pas, après des victoires éphémères ou partielles, à des revendications de pouvoir et de contrôle de l'autre. L'imaginaire politique s'est déplacé, le pouvoir "mondialisé" n'appartient désormais plus aux Etats mais à une minorité d'individus et l'humanité doit faire face à une nouvelle menace : le virtuel, qui remplace le réel par l'image sans passer par le symbole. Dans ces conditions, qu'espérer pour l'homme ? Peut-être un nouvel état du monde qui mette "en posture de pouvoir aimer la vie" jusqu'aux auteurs des attentats-suicide du 11 septembre. Sans cela, les horreurs du XXe siècle n'auront été qu'une "préface"...


Pierre Brévignon
( Mis en ligne le 29/01/2002 )
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