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Sciences, écologie & Médecine -> Ecologie & nature |
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Un peu de prospective n’a jamais fait de mal au citoyen | | | Adolphe Nicolas 2050 Rendez-vous à risques Belin - bibliothèque scientifique 2004 / 22.50 € - 147.38 ffr. / 190 pages ISBN : 2-7011-3859-0 FORMAT : 19x25 cm
Lauteur du compte rendu : Rémi Luglia, professeur agrégé dHistoire et interrogateur en deuxième année dans une classe préparatoire commerciale, est doctorant à Sciences-Po Paris où il mène une recherche sur lhistoire de la protection de la nature en France de 1854 à nos jours à travers le mouvement associatif. Imprimer
Dans cinquante ans, faudra-t-il renommer Aigues-Mortes ? Louis IX ne sest pas posé de questions quand il lui a fallu y construire un port pour ses croisades. Depuis le XIIIe siècle, celui-ci sest ensablé. Grâce à lhomme du XXe siècle, cet investissement aura peut-être une suite, quand la mer Méditerranée sera revenue clapoter au pied des remparts et des quais de pierre.
Certes, Adolphe Nicolas en convient, lhomme des XVIIIe et XIXe siècles, qui a véritablement lancé laventure industrielle et le «progrès» technique, navait pas pleinement conscience des modifications planétaires que son action pourrait engendrer. Encore que certains sen étaient déjà émus dès les années 1890. Ceux qui doivent prendre leurs responsabilités sont les hommes actuels pour la simple raison quils ont les moyens de se représenter les risques de leur conduite.
Cest véritablement le but de louvrage dAdolphe Nicolas : aider le lecteur non spécialiste à appréhender une échéance proche afin quil puisse, en conscience, construire son choix politique au sens large du terme. Un livre pour le citoyen donc.
Lexposé est remarquablement complet. En effet, lauteur part du constat que lanthropisation de notre monde progresse à grand pas en exerçant une pression de plus en plus insoutenable pour la planète. Il quitte ensuite la démographie et les tensions qui en découlent pour exposer le réchauffement climatique. Le texte est toujours précis, les sources sont citées, les thèses confrontées. Le plus souvent, les données sont présentées de manière claire et simple avec une infographie de qualité, qui enrichit véritablement le propos. La compréhension du profane en est facilitée. On ne peut toutefois pas nier que, parfois, lauteur sattarde dans des considérations un peu techniques mais cest le plus souvent sous la forme dencadrés qui viennent éclairer une notion ou un ensemble de données. Résumons abruptement les choses : la planète connaît actuellement un réchauffement et lhomme en est la cause.
Une fois ceci établi, lauteur envisage les conséquences possibles de ce réchauffement qui, conjugué à la pression anthropique, induirait un changement global. Ces scénarios, parfois catastrophistes, sappuient sur létude des climats passés, de leurs variations et de leurs conséquences : glaciations, réchauffements «brutaux», extinctions massives despèces
Le chapitre suivant constitue la clé de louvrage. Lauteur y interroge en effet la notion de «développement durable» et la lie à la question de lénergie. Ceci est déterminant car il en ressort que, dune part, la planète étant finie, la croissance éternelle est un mythe dangereux ; que, dautre part, le fond du problème est bien énergétique. Les énergies qui permirent et qui permettent toujours notre développement sont fortement productrices de gaz à effet de serre ; ce sont ces mêmes énergies dont les experts prévoient la pénurie à léchéance de 2050. Assez classiquement, lauteur présente les différentes formes dénergies de remplacement possibles avec leurs avantages et leurs inconvénients. Cest un sujet où le dogmatisme lemporte trop souvent sur la raison, mais chacun a ici de quoi se faire son opinion. Pour Adolphe Nicolas, qui sépare nettement ses explications et ses convictions, une solution énergétique semble être de coupler une bien meilleure efficacité (indispensable dans tous les scénarios mais qui implique une transformation de nos sociétés) avec un panachage dénergies renouvelables et de nucléaire, en attendant la maîtrise de la fusion de lhydrogène.
Enfin, en rassemblant tous les éléments exposés précédemment, l'auteur définit deux défis que lhumanité doit relever dans les cinquante prochaines années : «construire un monde équitable», «changer un mode de vie fondé sur la consommation et le gaspillage». On le constate, loin dêtre exclusivement technique, les problèmes de notre planète sont avant tout politiques.
On peut sincèrement remercier lauteur de son effort de vulgarisation sur un sujet où lon entend tout et son contraire. Avec cet ouvrage, le citoyen a les moyens de se faire sa propre idée sur le sujet. Il sera alors plus à même den saisir lenjeu prospectif.
Rémi Luglia ( Mis en ligne le 22/09/2004 ) Imprimer | | |
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