|
|
| -> |
| Ivonne Lamazares Oublier Cuba
Belfond - Les Etrangères 2001 / 18.17 € - 119.01 ffr. / 290 pages
ISBN : 2-7144-3755-9
Imprimer
A l'image des dangers qu'elle affrontera en mer sur un radeau de fortune pour fuir Cuba, c'est entre des écueils redoutables que doit naviguer la narratrice pour tenter de trouver sa voie. Les fées en effet ne se sont pas vraiment penchées sur son berceau : un père intermittent, un pays sous le joug castriste mais profondément aimé, une mère impossible, à la fois détestée et adorée, qui se met dans les situations les plus inextricables par refus des compromis. A plusieurs reprises, encore enfant ou adolescente, Tanya se trouve confrontée à de véritables cas de conscience, des choix dont chaque option entraîne des catastrophes pour l'un ou l'autre de ceux auxquels elle tient.
Sa mère a d'abord rejoint la guérilla, les abandonnant elle et son frère Emanuel pendant une dizaine d'années ; elle revient après s'être détournée de cette lutte et avoir fait un séjour en camp de réhabilitation, son obsession étant désormais de quitter Cuba pour la Floride. C'est une mère idéaliste, sans cesse habitée par des projets qui paraissent fous mais qu'elle parvient souvent à réaliser ; elle alterne périodes euphoriques et profondes dépressions, où prostrée, elle rumine sans rien faire. Pendant ce temps-là, la jeune fille court les rues, apprend la vie, se pose des questions, oscille entre un pragmatisme qui contient déjà sa part de cynisme et un idéalisme inculqué par sa mère. Dans un conflit permanent avec celle-ci, en raison de sa forte personnalité, elle affirme ses choix ; mais elle finira par la suivre en Floride à son corps défendant ; les deux femmes abandonnant le jeune Emanuel à une vieille parente musicienne qui le chérit en souvenir de son fils disparu et qui a résolu d'en faire un grand pianiste.
On retiendra surtout de ce livre la description très intéressante de la vie quotidienne et de la société à Cuba dans les années cinquante à soixante-dix, ses déchirements et ses contradictions ainsi que quelques beaux portraits, dont celui, flamboyant, de la mère de l'héroïne.
Née en 1962 à la Havane, Ivonne Lamazares a émigré en Floride à l'âge de quatorze ans. Elle signe là un premier roman un peu inabouti. Celui-ci manque en effet de maîtrise dans la construction et est un peu décousu (pour une raison de bon augure pour la suite de l'oeuvre, à savoir la complexité des caractères et des situations abordés). Un matériau riche en somme, mais un peu brut de décoffrage.
Florence Trocmé
( Mis en ligne le 21/05/2001 )
Imprimer | | |
|
|
|
|
|