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Une carte du tendre version 1001 nuits
Ahmed Youssef   Cocteau l'Egyptien
Rocher 2001 /  18.32 € - 120 ffr. / 190 pages
ISBN : 2-268-03970-6
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Cocteau égyptien, voilà un attribut qu’on ne lui connaît généralement pas. Ses épisodes cairotes ou algérois ne sont pourtant pas anecdotiques, loin de là. Non content de souligner ses obsessions bien connues (la mort transcendée, le sexe contre-nature, la création ou le néant…) ses séjours orientaux réveillent ses sens, voire les éveillent tout court.

L’épopée orientale de Cocteau ressemble à un chemin de croix – avec ses stations. Ahmed Youssef en relève les différentes étapes. Il part du cliché absolu (l’Orient aux lourdes senteurs sensuelles), jusqu’à la réconciliation de la vision métaphysique (l’Egypte éternelle des sphinx…) avec la réalité (ou encore appelée l’Egypte physique, celle des fellahs pouilleux, des rues sales, des monuments dégradés).

Cette épopée ressemble aussi à une carte du tendre version 1001 nuits ; Shéhérazade hante les premières veillées arabes de Jean Cocteau, alors qu’il ne sait pas encore tout à fait pourquoi il désire les femmes, et les hait dans le même temps. Viendront ensuite les amours masculines.

Pourquoi cet attrait de Cocteau pour l’Orient ? Certes : Ex oriente lux … L’Orient tient une place de choix dans la littérature et l’imaginaire européens. A tel point que l’on peut d’ailleurs se demander si l’Egypte, ce n’est-ce pas un peu la part d’exotisme facile des Bouvard et Pécuchet de ce début de siècle (le XX ème) ? C’est à dire un rêve banalisé, en somme.

Toujours est-il qu’Ahmed Youssef prend (heureusement) les clichés de l’orientalisme de Cocteau à bras le corps. Les assume et les dépasse. Sensualité, drogues, mirages, sphinx, kabbale alexandrine et autres mystères. Il y a nécessairement une part triviale dans le fantasme littéraire, et le fantasme tout court. Inspiré par les divers lieux communs d’une époque, il peut toutefois être fécondé par un génie créateur et donner matière à écrire. Ce que nous montre ce livre : un être inspiré peut transformer le sable en or. Et le mensonge ou la demi-vérité devenir, sous la plume, réalité.

Le Levant nous offre un miroir excitant devant lequel frissonner d’un délicieux effroi… Ce pourrait être une définition de l’exotisme. Avant d’être massifié par le tourisme, il fut moteur littéraire. A la fois procédé et déclic. Cocteau en Egypte est la démonstration, la preuve assumée. Un lecteur avisé de Proust devait dire que celui-ci avait compris que les comtesses rêvent des ouvriers, et vice-versa. Ainsi en est-il de l’Orient et de l’Occident. La formule de Ahmed Youssef : Bakchich et haschisch, résume un certain prisme de la vision européenne, l’histoire d’un cliché savamment construit et entretenu. Dans ce sens la littérature de voyage – dont le Malesh de Cocteau est une pièce de choix – est de la littérature tout court. A défaut de trop bien connaître l’auteur du Testament d’Orphée, on trouvera ici une introduction vue par la lorgnette de l’Orient . Qui n’est pas sans attraits.


Vianney Delourme
( Mis en ligne le 21/07/2001 )
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