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Le Chant du Rossignol
Igor Stravinsky (1882-1971)
 Orchestre de Cleveland
Pierre Boulez( direction )

Deutsche Grammophon / Universal 2002   
Sélection Paru.com 2002
Diapason d'or 2002
TT :  65 mn.
471 197-2
1 CD

+ Scherzo fantastique
Le Roi des étoiles
L’Histoire du Soldat- suite


Enregistrement (studio) : novembre 1994 et février 1996. Stéréo DDD. Excellente prise de son, très fine, très claire.
Notice (anglais allemand français) bien faite et bien documentée, claire et concise (normal, elle est due à Harry Halbreich)

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Plutôt que de mettre ces pièces de Stravinsky en complément des chefs-d’œuvre reconnus, Pierre Boulez a préféré les réunir sur un album, par ordre chronologique. Ainsi l’évolution du style du grand compositeur cosmopolite dans sa période dite « russe » apparaît plus clairement, du post-romantisme rutilant à la plénitude de sa créativité.

Le Scherzo fantastique est une des rares œuvres de Stravinsky à posséder un numéro d’opus (pratique qu’il a rapidement abandonnée). L’influence du maître Rimski-Korsakov se fait encore nettement sentir dans l’orchestration riche et chatoyante, mais les effets rythmiques de décalage et d’opposition laissent entrapercevoir le futur style du jeune compositeur. Ce sont justement ces caractéristiques que Pierre Boulez souligne dans son interprétation. L’orchestre de Cleveland – rompu à ce répertoire - sonne à merveille, de manière très riche, mais en jouant presque constamment un phrasé staccato qui nous rappelle que cette pièce appartient bien au XXeme siècle. Boulez avait déjà enregistré magnifiquement ce >i>Scherzo (Orchestre symphonique de la BBC, Sony), ainsi que Riccardo Chailly (Concertgebouw, Decca, hélas supprimé à la vente).

Le Roi des étoiles (Zvezdoliki) est un des morceaux les plus étranges et les moins connus de Stravinsky. Ecrite en 1912 pour chœur d’homme (fortement divisé et avec de nombreuses difficultés d’intonation) et grand orchestre (jamais utilisé en tutti, un peu à la manière de Mahler), l’œuvre, dédiée à Claude Debussy, fut jugée injouable et créée seulement en 1939. C’est une pièce d’inspiration mystique dans lignée de Scriabine, toute en demi-teinte – elle ressemble fortement au début de la deuxième partie du Sacre du printemps et est admirablement défendue par ses interprètes, malgré ses nombreux pièges. En l'absence de la version Chailly (Decca), et après la version plutôt brouillonne et desservie par une mauvaise prise de son laissée par le compositeur (Sony), cette lecture s'impose naturellement.

Pour composer Le Chant du Rossignol , Stravinsky reprend son opéra Le Rossignol, dont le premier acte fut écrit en 1908 (donc très post-romantique, dans le style du Scherzo fantastique) et les deux suivants en 1914, après l'ouragan du Sacre. Le compositeur répond à une demande de Diaghilev qui souhaitait en faire un ballet. Il reprend donc les deux derniers actes qu’il réorchestre pour une formation plus réduite et dont il supprime toute partie vocale. L’opulence et le raffinement de l’orchestration laissent place à une instrumentation plus claire, plus aérée et aussi plus mordante, plus acide. Comme à son habitude, Pierre Boulez nous livre une interprétation quasi analytique, en gommant tout effet de flou et tout « relent » de romantisme. L’ensemble est âpre, rêche mais jamais brouillon ni vulgaire. Les partisans d’une interprétation plus flamboyante pourront se rabattre sans regrets sur Fritz Reiner et l’orchestre de Chicago (RCA) ou Lorin Maazel et l’orchestre philharmonique de Vienne (RCA). A noter que Pierre Boulez a déjà gravé cette œuvre avec l’orchestre national de France (Erato)

Enfin, les solistes de l’orchestre de Cleveland sont réunis pour l’œuvre finale, la plus connue : L’Histoire du Soldat, dans une version sans récitant. Evidemment, la réussite est totale et on se prend à regretter que Pierre Boulez n’y ait pas joint le texte original de Charles-Ferdinand Ramuz.
Moins enregistrée que le ballet intégral, la suite a toutefois été gravée magistralement par les membres de l’orchestre symphonique de Prague et Zdenek Kosler (Praga)

Un album réunissant tous les « petits chefs-d’œuvre » de Stravinsky restait à faire. L’oubli est réparé, et de façon magistrale.


Maxime Kapriélian
( Mis en ligne le 25/02/2002 )
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