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| Musique Classique &Opéra -> Musique instrumentale |
 Transcriptions pour piano seul
Maurice Ravel (1875-1937)
Igor Stravinsky (1882-1971)
Claire-Marie Le Guay( piano )
Accord / Universal 2001 22.29 € - 146 ffr.
Sélection Paru.com 2001
ffff Télérama 2001
TT : 76 mn.
461 946 2
1 CD |
Ravel :
Daphnis et Chloé (version du ballet intégral pour piano / Première mondiale)
Stravinsky :
Trois mouvements de Petrouchka
Enregistrement (studio) : avril-mai 2001. Stéréo DDD. Prise de son un peu distante et sèche, mais ample.
Notice (français, anglais, allemand) précise et intéressante de Jean Gallois. Argument détaillé (avec minutage) du ballet de Ravel. Court texte de Claire-Marie Le Guay.
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Aussi curieux que cela paraisse, aucun pianiste ne s'était jusqu'à présent aventuré à enregister la somptueuse transcription que Maurice Ravel réalisa lui-même au printemps 1910 de son ballet Daphnis et Chloé - "transcription" étant ici un terme impropre puisque la version pour choeur et orchestre fut achevée deux ans plus tard. On est heureux de mettre cette première mondiale au crédit de Claire-Marie Le Guay, prodigieuse pianiste de 27 ans qui, après deux disques Schumann et Liszt, avait montré l'an dernier son affinité avec un répertoire plus contemporain (sonates de Carter, Dutilleux, Bartok).
C'est ici un programme placé sous l'égide des Ballets russes qu'elle a choisi de présenter. Créé en juin 1912 au Théâtre des Champs-Elysées, le ballet de Ravel connut un succès immédiat, qui lui valut notamment d'être "réduit" à deux suites d'orchestre. Mais, comme souvent chez le compositeur, la version pour piano avait servi de point de départ au processus créatif. C'est peut-être dans cette partition méconnue que Ravel a donné le meilleur de sa science du piano. Elle montre à quel point le compositeur pensait l'écriture pianistique en termes de coloris et d'expressivité : sur soixante minutes confiées au seul clavier, pas une fois le fil narratif ne doit casser.
Cette gageure, elle est relevée haut la main ("haut les quatre mains", même, puisque la partie chorale a été enregistrée en re-recording) par Claire-Marie Le Guay, dont le jeu se révèle aussi précis dans le détail (cf. "Introduction et Danse religieuse", "Lever du jour") que cohérent dans la vision d'ensemble (voir le soin apporté aux jeux d'opposition rythmique, aux transitions entre les numéros). L'intimisme et l'exquise poésie de numéros comme la Danse des Nymphes et la Danse de Daphnis sont merveilleusement restitués, mais plus admirable encore est le refus chez l'interprète de céder, dans les passages plus emportés, à la tentation pyrotechnique. Aucune esbroufe ici, une approche d'une intégrité totale, où la folie a certes sa part - mais toujours dans l'esprit de la musique.
La digitalité virtuose, c'est surtout avec Stravinsky et ses Trois Mouvements de Petrouchka qu'on la trouve. Autre ballet commandé par Diaghilev et créé par Pierre Monteux (en 1911), il met moins l'accent sur la narration et les jeux timbriques que sur le rebond rythmique et un motorisme effréné. C'est peut-être dans ce registre que le pianisme extrêmement "piqué" de Claire-Marie Le Guay montre, sinon ses limites, du moins ses réserves. Car si, comme chez Maurizio Pollini (DG), la lisibilité des lignes mélodiques est constante, c'est parfois au détriment de l'esprit festif et crépitant qui anime la partition et qu'un Yakov Kasman (Calliope) a su rendre avec tant de panache.
Un splendide disque de piano, quoi qu'il en soit. Les amoureux de Ravel pourront prolonger le plaisir en écoutant la récente gravure du Duo Benzakoun (Deuxième suite de Daphnis et Chloé, version 2 pianos, label Intégral).
Pierre Brévignon
( Mis en ligne le 18/10/2001 )
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