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| Documentaires -> Sport |
Un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître...
avec Jules-César Muracciole
Editions Montparnasse 2006 / 16 € - 104.8 ffr.
Durée DVD 114 mn.
Durée film 104 mn.
Classification : Tous publics |
Sortie Cinéma : 2005, France
Version : DVD 9 Zone 2
Format vidéo : PAL
Format image : Couleurs et Noir & Blanc, 4/3
Format audio : Stéréo
Sous-titres : non
Bonus :
Interview d'Aimé Jacquet
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Nous parlons ici d'un temps que les moins de vingt temps ne peuvent pas connaître. La bohème ? Non, du foot! Voire plus, la légende du foot. En ce temps là, Zidane nétait pas né et ce bon vieux Platoche devait apprendre à marcher en courant derrière un ballon.
Allez le Stade !: le stade Toulousain, le Stade français ? Léventuel Stade rennais ou bien encore le stade Malsherbes de Caen ? Mais non, on est loin du compte ! Il sagit du mythique Stade de Reims, qui, bien avant les vertes aventures stéphanoises et lOM de Tapie, faisait vibrer la France du Football. Gary Lineker, lavant-centre anglais des années 1980, parlant du football à cette époque, disait : cest un jeu qui se joue à onze contre onze et à la fin, cest lAllemagne qui gagne. L'assertion a pris du plomb dans laile aujourdhui, ce qui nest sans doute pas pour déplaire aux nostalgiques de 1982 et de 1986. Ah Séville ! A lépoque qui nous intéresse, le football européen et la Coupe dEurope des Clubs Champions nouvellement créée se jouaient également à onze contre onze avec les champions de tous les pays européens mais la finale opposait inévitablement la Réal de Madrid au Stade de Reims. Il faut bien avouer quencore plus inévitablement le Réal lemportait à la fin.
Quimporte ! La France préférait encore les glorieux seconds. Toujours plus Poulidor quAnquetil en somme. Il faut bien admettre quà de rares exceptions près (1984, Hinault, Noah) il aura fallu attendre les années 1990 pour que la France se vive en championne avec les Perec, Limoges et autre OM évidemment. Jusque là, on se remémorait la larme à lil les grandes aventures qui butaient si près du but, lémotion et la tendresse accordées aux vaincus évidemment maudits, la marée verte de 1976 qui emplissait les Champs-Elysées après une défaite, bref, un parfum de victoire avec sa dramaturgie qui faisait que chacun pouvait sidentifier au perdant.
En cette période de «Coupe du Monde de la FIFA 2006», une chaîne câblée a eu la bonne idée de rediffuser le match France/RFA de 1982, un match intense en émotion et en rebondissements malheureux
Ce qui surprend lorsque lon revoit les images, cest labsence de vitesse, sans remettre en cause les accélérations foudroyantes de Tigana et autre Giresse. Mais que cest lent ! Avec, en plus, des arrières qui remontent la balle en marchant!... Alors, imaginez-vous vingt-cinq ans plus tôt !!! Est-ce que le jeux était moins beau pour autant ? Est-ce que lon prenait moins de plaisir ? Certainement pas... C'était tout simplement différent.
Différent. Voilà d'ailleurs le qualificatif qui correspondait le mieux à cette équipe rémoise qui domina le championnat de France sur plus dune décennie. Une équipe dont la spécialité était le jeu court, le dribble et la multiplicité des passes : en un mot, le spectacle. Il faut bien dire qu'avec les Kopa, Fontaine et autre Piantoni ou Vincent, l'équipe était pourvue offensivement. Un jour, Albert Batteux, lentraîneur, a même menacé Kopa de le sortir de l'équipe s'il arrêtait de dribbler. Tout était dit.
Jules-César Muracciole, le réalisateur, nous entraîne sur les traces de ses collections d'enfant, lui, le voisin de la famille Batteux à Reims. Tous les objets qui illustrent son propos feraient pâlir d'envie tout bon collectionneur qui se respecte. Cela donne un charme désuet à l'ensemble qui est très agréable et rafraîchissant. Avouons ici que le documentaire vaut plus pour ces témoignages que pour les images darchives qui les accompagnent. On a un peu de mal a bien sentir ce fameux football-champagne. A une époque où les matchs se regardaient... à la radio, les images passaient encore ! Mais pour nous qui sommes habitués aux vingt-cinq caméras couvrant absolument tous les angles de vue possibles et imaginables, le décalage est grand.
Derrière cette équipe, il y avait un homme, sorte d'entraîneur mythique : Albert Batteux. Il fait l'objet du second documentaire, «Batteux, L'homme du match», parfois redondant mais sans que cela ne gène. Vainqueur de la Coupe de France avec Reims en 1950, il occupait le poste d'inter (milieu de terrain) et devint dès la saison suivante l'entraîneur du Stade de Reims. Il est alors âgé de trente et un ans. et va marquer pendant douze ans l'histoire du club mais aussi celle de l'équipe de France qu'il conduira à la troisième place de la coupe du Monde de 1958 en Suède. Héros humaniste et proche de ses joueurs, il est touchant par sa simplicité et son intelligence. L'homme qui refusa de diriger le Barça dans son antre du Nou Camp pour rester à Reims avant de rejoindre Grenoble en deuxième division, puis les Verts qu'il conduira au succès, ne peut être qu'un homme bon. Ardent défenseur du jeu d'attaque, il n'hésitait pas à prendre la plume dans les journaux pour défendre ses idées, le fair-play et le beau jeu.
Avec ces deux documentaires, tous ceux qui ont moins de quarante ans pourront apprécier un peu plus justement les commentaires des Thierry Rolland et autre Jean-Michel Larqué, ex-duo vedette sur cette période si spéciale. On finit aussi moins bête : pourquoi parle-t-on du fameux corner à la rémoise qui, il faut bien le reconnaître, ne donne jamais rien (mais cest une marque déposée) et attire parfois la rigolade ? Tout simplement parce que, trop petits et moyens de la tête, les rémois préféraient essayer de construire que de faire un grand centre qui ne donnerait rien. Une vraie philosophie...
Judicaël Tracoulat
( Mis en ligne le 14/06/2006 )
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