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Un art au service de l’objet
Pierre  Kjellberg   Objets montés - du Moyen Age à nos jours
les Editions de l'Amateur 2000 /  2.89 € -  / 219 pages
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Entre la sacralisation et le plaisir esthétique, l'objet monté suscite bien des convoitises. Dès l'antiquité, l'homme met en scène sa fascination pour certaines productions naturelles, comme les coquillages et les minéraux. Taillé, poli, façonné, le matériau se civilise et manifeste une beauté étrange que l'artisan se doit de rehausser.

La finalité de la monture est multiple: il s'agit bien sûr de mettre en valeur l'identité et la spécificité de l'objet. Dans cette perspective, on trouve en particulier tous les minéraux, comme le cristal de roche, les marbres, la sardoine, ou encore le lapis-lazuli. Admirés à juste titre pour la grande diversité de leurs couleurs, de leurs strates et de leurs textures, les orfèvres vont les sertir de métaux précieux et accompagner le travail des lapidaires qui ont préalablement préparé les minéraux afin de les convertir en vases, coupes ou aiguière.

Mais les minéraux ne sont pas les seuls à occuper les cabinets de curiosités: les productions de la nature, par leur harmonie et leur étrangeté, fascinent davantage les collectionneurs. Oeufs d'autruche montés en argent doré et agrémentés d'ornementations ciselées de mascarons, dauphins, coquilles et rinceaux, cornes de rhinocéros ou noix de coco savamment présentées rivalisent avec les somptueux coquillages.

Les cours royales et princières raffolent des nautiles et turbos dont les coquilles sont meulées ou attaquées à l'acide pour faire apparaître la surface nacrée. La monture, le plus souvent en argent doré, protège les fragiles coquillages et les intègre dans des compositions inventives et extravagantes où les monstres marins côtoient les divinités mythologiques.

A partir du XVIIè siècle, les matières animales et minérales ne fascinent plus autant: plus que l'insolite, le décoratif intéresse davantage les collectionneurs. De même, l'argent et l'or sont délaissés au profit du bronze. Les objets montés sortent des cabinets de curiosités et envahissent toute la maison. Les bronziers français vont connaître deux siècles de prestige et de réputation inégalables. En règle générale, les montures de bronze respectent l'intégrité de l'objet et peuvent être démontées. Elles s'inspirent des ornementations de l'argenterie (feuilles d'acanthe, lambrequins, coquilles…) et accompagnent principalement des vases en porcelaine de Chine.

Cache-pots, rafraîchissoirs, fontaines, mais aussi des pots-pourris qui modifient la pièce de porcelaine et que l'on s'arrache à partir de la fin du XVIIè siècle… La monture permet ainsi de conférer à la pièce une fonction différente de celle pour laquelle elle a d'abord été conçue. Si la monture vient souligner et protéger la beauté intrinsèque de l'objet, elle se permet donc parfois de métamorphoser la pièce. Cette liberté invite l'orfèvre à laisser libre cours aux inventions les plus audacieuses. La monture acquiert alors la dignité d'oeuvre d'art à part entière, et l'objet devient un prétexte pour une débauche de virtuosité.

La malléabilité du bronze au moment de la fonte autorise toutes les fantaisies et sa solidité assure les compositions les plus audacieuses. Le style rocaille va s'emparer avec passion des objets montés et les orfèvres vont se prêter au jeu des torsions, enchevêtrements savants et des courbes. Par cette thématique originale et passionnante, Pierre Kjellberg parcourt les époques et les différentes représentations du monde dont ces objets montés témoignent. De la sacralisation de la pièce à la débauche d'imagination, cet ouvrage rappelle que la monture n'est jamais un simple faire-valoir.

Qu'elle souligne la beauté d'un objet ou qu'elle s'amuse à le détourner de sa fonction première, la monture se définit par le lien privilégié qu'elle entretient avec l'objet qu'elle n'a de cesse de servir. On se rappellera le commentaire de l'antiquaire Nicolas Landau à propos du vase de Suger: "J'aime le principe de la pièce montée qui modifie l'aspect ou l'emploi primitif de l'objet et lui signifie un destin supérieur…" ("Connaissance des Arts", septembre 1966).

La grande diversité des objets et des matériaux explique l'éclectisme des oeuvres présentées. La monture acquiert progressivement ses lettres de noblesse jusqu'à ce XXè siècle qui a tendance à la bouder injustement. L'auteur choisit un double fil conducteur: une évocation chronologique s'entrelace avec une présentation des matériaux et des orfèvres. Le texte passe en revue le maximum de pièces recensées et explique clairement l'évolution des montures. La superbe photographie sert parfaitement les thèmes abordés.

Cet ouvrage original et précieux est une formidable source d'informations et de plaisir et il permet d'isoler un art que l'on a tendance à minimiser et à réduire à de la simple ornementation. La question des objets montés s'articule donc autour de la notion de créativité, depuis le matériau premier qui suscite l'intérêt jusqu'à la composition définitive. Créativité par laquelle la nature et l'artifice humain rivalisent de puissance et d'ingéniosité.



Véronique Godfroy
( Mis en ligne le 30/01/2001 )
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