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Tout se joue-t-il avant cinq ans ? |
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L'enfant
Gallimard - Folio essais 2001 / 1.4 € - 9.16 ffr. / 532 pages
ISBN : 2-07-041650-X
Collectif publié sous la direction de J.-B. Pontalis
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<i>L’Enfant est à l’origine un numéro de la Nouvelle Revue de Psychanalyse (XXIVe Congrès international de psychanalyse, 1965). Il rassemble divers articles sur la clinique de l’enfant de Philippe Aries, André Green, Martha Harris, Bertrand Cramer ou encore René Diatkine. Ouvrage collectif, l’Enfant porte à interroger la référence dans la psychanalyse à l’enfant et à l’infantile. Si une certaine version populaire laisse entendre que "tout se joue avant 5 ans", la psychanalyse doit constamment revenir sur ce fantasme de l’adulte: croire que sa vie est modelée de part en part par les traumatismes, les peurs ou les conflits de l’enfant. Cela signifie que la clinique de l’enfant doit éviter l’écueil d’une clinique de l’adulte: confusion qu’une certaine "pédagogie" entretient. Pas un analyste qui, sous la plainte de son patient - fragments d’archéologie, ne cherche à entendre la détresse de l’enfant et sa jouissance secrète. Aussi, Pontalis inaugure : "Nous voulions inviter les psychanalystes à une interrogation, les engager à réfléchir sur la référence qu’ils font tous – quelle que soit leur orientation – à l’enfant et à l’infantile".
L’infantile peut être considéré, "comme le lieu psychique des émergences pulsionnelles premières et représentables, sous la forme des théories sexuelles infantiles d'une part, et des traces mnésiques d'autre part. Il est le point le plus aigu de nos affects ; il fonctionne la vie durant, selon une double spirale processuelle et signifiante. Dans sa forme métaphorique, le concept vaut aussi pour ce qu'il entraîne avec lui de l'hallucinatoire et du protosymbolique, préformes en devenir permanent de toutes nos activités mentales". Plusieurs articles rendent compte, à partir d’interrogations et d’expériences personnelles, de l'impact sur sa pratique et ses réflexions théorico-techniques de certains concepts freudiens et post-freudiens (M.Klein, W.R.Bion, D.Meltzer). L'un des intérêts majeurs de cet ouvrage - qui montre la recherche d'une psychanalyste qui ne cesse d'interroger la concordance théorique de certains paramètres, ainsi que leur "cohérence", au regard de certaines avancées de la psychanalyse contemporaine-, est lié au fait que le lecteur voit apparaître au fil des pages une série de mises à l'épreuve des tensions théoriques, voire des oppositions, qu'entraînent nombre de ces concepts post-freudiens avec tout ou partie de la métapsychologie freudienne. Ceci concerne notamment les conceptualisations de M. Klein dans le domaine de l'Oedipe précoce et de son étude approfondie des identifications narcissiques ainsi que les avancées de W.R.Bion dans la constitution d'une théorie psychanalytique des processus de pensée ou encore l'observation de la "mentalité de groupe" au cœur du fonctionnement individuel.
Ainsi, parmi les très nombreux thèmes qu’il aborde, qu'il s'agisse de l'infantile dans la relation analytique, des théories sexuelles comme défenses contre la découverte de la sexualité infantile, de la culpabilité du désir chez l'enfant, de la position dépressive et du complexe d'Oedipe, de l'identification projective, de l'objet inconnu du transfert, du contre-transfert de l'analyse d'adultes à la lumière du transfert de l'enfant en analyse, etc., L’Enfant montre en quoi "irréductible, unique et par là même universel, alliage de pulsionnel et de structure souple, qui fait que l'on est soi et pas un autre, l'infantile est donc bien ce par quoi notre psychisme va advenir". Sans doute, cet ouvrage s’adresse aux spécialistes – étudiants ou praticiens – qui s’intéressent à l’enfant. Et malgré un contenu difficile, les parents, jeunes ou moins jeunes, pourront y trouver quelques réflexions les aidant dans leur pratique. Comment instituer la relation à l’enfant, doit-il y avoir un couloir entre sa chambre et celle de parents et comment répondre à ses questions… L’Enfant n’est pas un abécédaire. Sa lecture est plus exigeante car elle interroge l’adulte qui lit et qui lie l’enfant à lui. La venue d’un nouveau-né n’est pas un événement anodin et engendre une multitude de processus psychiques liés à la parentalité. Les professionnels de la périnatalité, à travers leurs textes, nous font prendre connaissance de ces processus psychiques et insistent plus particulièrement sur le "devenir père" ou le "devenir mère". Ce qu’on dit ordinairement de l’enfant exprime la représentation que l’adulte se fait de l’enfant. Alors, l’enfant devient le support ou le refuge de la névrose des parents. C’est cette fuite qui explique tous les mythes de la pédagogie et de la pédiatrie: l’enfant sans problème, l’enfant bien adapté, les parents parfaits… Mais dans tout cela est-il encore question de l’enfant ?
Olivier Sécardin
( Mis en ligne le 20/08/2001 )
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