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Les petites odyssées
Jirô  Taniguchi   L'Homme qui marche
Casterman - Ecritures 2003 /  1.91 € -  12.50 ffr. / 160 pages
ISBN : 2-203-39604-0
FORMAT : 17 x 24 cm
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Avec L’homme qui marche la très belle collection Écritures de Casterman s’enrichit aujourd’hui d’une pièce de choix. Cette réédition de l’album paru il y a huit ans se voit augmentée pour l’occasion d’une histoire inédite, prépubliée dans le troisième numéro du magazine Bang ! Passons rapidement sur ces onze planches inédites qui n’apportent finalement pas grand-chose à l’œuvre originale et dont la particularité première était une mise en couleurs malheureusement absente de cette édition.

L’homme qui marche, donc. Tout le scénario se résume à ce titre faussement mystérieux puisque, effectivement, il n’y aura réellement rien d’autre que cet homme qui marche.

Marcher sans but si ce n’est celui de se faire plaisir. Se promener, errer et peut-être même avoir la chance de se perdre. Chacune des dix-huit petites "histoires" qui composent cet album se déroule de la même façon. L’homme anonyme, n’importe qui, se promène et s’ouvre au monde, au climat, à la faune et la flore, dans une sorte de quête simple du plaisir anodin et pourtant primordial. En symbiose avec la nature qui l’entoure, et suivant les principes bouddhiques de base (cette tendresse et ce respect portés à toutes les créatures vivantes), l’homme n’en finit plus de savourer ces longues promenades silencieuses.

Cet album ne raconte rien d’autre que le bonheur. Sujet soigneusement évité de toutes formes de narration dramatique depuis Homère car, forcément, le bonheur est ennuyeux à suivre. Le pari de Jirô Taniguchi avec L’homme qui marche, était de rendre passionnante cette joie d’être en vie sans tomber dans le mièvre ou le ridicule. Les petits plaisirs au quotidien mis en scène au fil de ces planches se devaient d’être aussi captivants que les déboires d’Ulysse à travers la Méditerranée.

Ce pari insensé est pourtant réussi dès les premières planches ; la technique de Taniguchi consistant à mettre en scène sensations et micro-événements qui construisent ce bonheur. Succession de vignettes silencieuses, découpage aéré ou parfois plus serré, le rythme de lecture doit alors suivre celui de ce marcheur anonyme. Ne pas se précipiter, savourer chaque vignette et dévorer du regard les décors tous très travaillés et superbement restitués par le trait précis et sans faille de Taniguchi. Loin de céder à une esthétique impressionniste qui aurait sans doute alourdi la thématique de départ, l’auteur de Quartier lointain continue de rendre avec une précision d’architecte chemins de campagnes et quartiers résidentiels.

Le monde qui s’offre alors au regard du marcheur devient aussi domaine du lecteur qui se doit d’adopter le même esprit d’ouverture à tous ces petits riens. Et tel l’homme, de rester aux aguets de toutes ces sensations dessinées. Paradoxalement, L’homme qui marche, la bande dessinée où "rien" ne se passe, exige donc de son lecteur une attention constante s’il veut atteindre son but.

Forcément poétique par son refus - éminemment moderne - d’une quelconque fiction narrative, L’homme qui marche aurait hérité du haïku japonais cette façon de rendre soudainement unique un petit rien. Une feuille qui tombe, la sensation de l’écorce d’un arbre sous les doigts, ou encore le verre d’eau fraîche lors d’un après-midi de canicule. Véritable entomologiste de la sensation, Taniguchi excelle dans l’art de rendre palpables tous ces petits riens. Chacun des cinq sens est ainsi soigneusement mis en valeur à un moment ou un autre ; le plus important pour le lecteur, la vue, n’étant pas forcément primordial pour l’homme qui marche, comme le montre l’une des histoires, Un paysage flou.

Album ovni, et par là indémodable, L’homme qui marche reste toujours aussi pertinent tant par son contenu que dans sa manière d’aborder la bande dessinée comme art à part entière, finalement libérée de toutes inspirations littéraires ou cinématographiques. Et si l’œuvre ravit par sa thématique simple et optimiste, c’est avant tout cette formidable leçon de bande dessinée méthodiquement mise en place par Taniguchi qui rend cet album définitivement indispensable.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 08/10/2003 )
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