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Les régionalismes ridiculisés
Entretien avec Jérôme Jouvray - Dessinateur de La Région
2002 /  1.21 € -
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Parutions.com : Votre album évoque divers indépendantismes qui, de la Corse au Pays basque, trouvent souvent un écho dans l’actualité. Est-ce un sujet qui vous touche particulièrement ?

Jérôme Jouvray : Au départ, le choix de ce thème vient de notre expérience personnelle. Denis Roland, le scénariste, et moi, nous avons tous les deux habité en Alsace, et nous aimions bien nous moquer un peu de la culture autarcique assez répandue là-bas. De plus, Denis, qui est d’origine parisienne, habite à Mulhouse depuis quelque temps, et il éprouve certaines difficultés à s’habituer à la mentalité ambiante, cette espèce d’esprit de clocher qui peut régner là-bas. Je crois que son scénario lui a aussi servi de défouloir !

Le traitement du sujet était d’ordre très général au départ, et notre intention encore plus légère. Mais petit à petit, et notamment sous le coup de divers événements qui se sont déroulés pendant la réalisation de l’album, nous nous sommes rendus compte qu’il fallait aller plus loin dans le détail. Je pense notamment à l’attentat meurtrier du McDonald’s, perpétré par les indépendantistes bretons dans les Côtes d’Armor, ou à la situation au Pays basque. Du coup, dans l’album, nous avons placé des références de plus en plus précises. Nous voulions montrer que certains personnes pouvaient aller très loin dans la violence pour faire triompher leurs idées. Une phrase prononcée à l’époque par un militant m’avait particulièrement frappé. Il disait : «Les bombes font partie du paysage de la Bretagne», vantant les attentats qui ne faisaient que des dégâts matériels. On a vu la suite.

En fait, nous avons voulu nous moquer du chauvinisme, du régionalisme, de l’extrémisme, ou qu’ils soient et quels qu’ils soient. D’où l’invention de cette Nation et de cette Région qui n’ont pas d’existence réelle.

Parutions.com : Dans votre album, personne n’est épargné: les politiques, les extrémistes, les journalistes, les touristes. Est-ce une façon de renvoyer tout le monde dos à dos ?

Jérôme Jouvray : Ce qui est sûr en tous cas, c’est que Denis et moi nous ne souhaitions pas prendre parti, désigner les bons et les méchants. C’est pourquoi nous avons imaginé cette caricature de tous, cette parodie généralisée.

Pour les journalistes, l’idée est venue de mon frère, qui a fait des études dans ce secteur. Il nous parlait souvent des recettes qu’utilisent les journalistes pour faire du sensationnel avec pas grand-chose. Ces recettes ont été parfaitement compilées dans un ouvrage humoristique intitulé Le Journalisme sans peine. Denis, parfois énervé par le ton employé dans les journaux télévisés, a lu ce livre et s’en est largement inspiré pour bâtir les propos des journalistes qui couvrent les événements de la Région.

J’ajouterais aussi que nous ne voulions pas d’une histoire classique avec un héros, une mission, etc. Denis a une culture essentiellement littéraire, il lit très peu de bandes dessinée. Il a donc du recul par rapport aux structures traditionnelles du récit. Voilà pourquoi il m’a proposé cette histoire originale, où personne ne tire vraiment son épingle du jeu, où aucun personnage ne tire la couverture à lui.

Parutions.com : Pourquoi avoir choisi ce style de dessin, que l’on peut qualifier de naïf ? Est-ce celui qui colle le mieux au traitement humoristique d’un sujet sérieux ?

Jérôme Jouvray : Je suis d’accord avec le qualificatif de naïf. La première influence qui saute aux yeux, c’est le style Dupuy et Berberian. Mais je dois dire que j’ai également été élevé au dessin d’Hergé. Un nez rond, deux points pour les yeux, un trait pour la bouche : c’est fou le nombre d’émotions que l’on peut exprimer avec trois fois rien.

La couleur aussi, réalisée à l’ordinateur et en aplat par mon épouse, participe grandement de l’esprit de la BD naïve. Cette façon de coloriser les dessins est beaucoup plus simple, beaucoup plus, directe que l’aquarelle ou l’acrylique par exemple.

Cependant, le choix de telle ou telle technique de colorisation n’est pas forcément dépendant de l’histoire elle-même. Je dirais même qu’il dépend davantage de mon esprit du moment. Par exemple, quand nous avons réalisé La Région, je venais d’acquérir un ordinateur et nous avions envie d’en exploiter toutes les possibilités.

Parutions.com : Comment travaillez-vous avec le scénariste Denis Roland ?

Jérôme Jouvray : En étroite collaboration ! Denis me propose d’abord un synopsis, sur lequel je fais mes remarques et mes suggestions. Une fois que nous nous sommes mis d’accord, je réalise le découpage de l’album, page par page. Puis Denis écrit le scénario précis et les dialogues. Mais il n’intervient pas dans la mise en scène, dans la mise en image du scénario. Ce qui me laisse une grande liberté. C’est moi qui décide, par exemple, si je veux traiter telle ou telle scène en deux ou quatre pages. Et je dois dire que c’est cette partie-là du travail qui m’intéresse et m’amuse le plus.

Parutions.com : Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris que vous étiez sélectionné à Angoulême, pour le Prix Alph-Art du premier album ?

Jérôme Jouvray : Tout d’abord, une grande fierté. Je l’ai appris en temps quasiment réel, sur un site Internet qui retransmettait les informations au fur et à mesure des nominations. J’ai tout de suite téléphoné à ma famille, à mes amis. C’est d’autant plus important que notre maison d’édition, Paquet, est beaucoup moins connue que d’autres. J’espère que la présence de La Région dans la sélection du jury va aussi leur donner un coup de pouce. On croise les doigts, maintenant, pour remporter le prix.

Propos recueillis le 10 janvier 2002


Thomas Bronnec
( Mis en ligne le 14/01/2002 )
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  • La Région
       de Jérôme Jouvray , Denis Roland

    Ailleurs sur le web :
  • Le site web de Jérôme Jouvray
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