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Histoire & sciences sociales  ->  Moyen-Age  
 

Economie et société de siècles dits obscurs
Pierre  Toubert   L'Europe dans sa première croissance
Fayard 2004 /  3.82 € -  25 ffr. / 478 pages
ISBN : 2-213-61946-8
FORMAT : 15x24 cm

L'auteur du compte rendu : Historienne et journaliste, Jacqueline Martin-Bagnaudez est particulièrement sensibilisée aux questions d’histoire des religions et d’histoire des mentalités. Elle a publié (chez Desclée de Brouwer) des ouvrages d’initiation portant notamment sur le Moyen Age et sur l’histoire de l’art.
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Voilà ce qui s’appelle une «somme», fruit de décennies de recherches, comme si P. Toubert, parvenu à des certitudes sur les questions qui l’intéressent depuis si longtemps, se retournait pour mesurer le chemin parcouru et exposer systématiquement, à la manière d’un bilan, les conclusions des travaux concernant d’une part l’économie domaniale carolingienne, d’autre part la morphologie sociale du haut Moyen Age. Il ne s’agit pas pour autant de s’arrêter sur une ligne d’arrivée à partir de laquelle il ne resterait plus qu’à se satisfaire du résultat des efforts : à la fin du livre, l’auteur expose la problématique du thème vers lequel il se tourne désormais, celui de la révision de la doctrine gélasienne des deux pouvoirs.

On l’aura compris, ce gros volume est un livre érudit, un ouvrage de référence qui marquera l’historiographie des sujets traités. Pour chacun d’eux, explicitement annoncé par le titre du chapitre, l’auteur suit avec rigueur la même méthode : un état historiographique de la question, remontant parfois jusqu’à l’aube de la recherche historique au XIXe siècle, qu’il examine de façon critique, après quoi il expose ses propres conclusions. En place d’une bibliographie générale, qui serait totalement inadaptée au procédé utilisé, une abondance de notes infrapaginales. L’éditeur les a insérées page après page en fonction des appels, ce qui en rend la consultation aisée. La plume érudite de P. Toubert se fait stylet tranchant lorsqu’il s’agit de commenter des travaux avec lesquels il est en désaccord. On lira par exemple la descente en flèche du «mythe historiographique» concernant la sériciculture italienne. Il admet cependant (mais ses propres recherches et sa méthode ne contredisent-elles pas cette affirmation ?) l’existence d’un «vide historiographique» sur la période. De surcroît, ne s’appuie-t-il pas lui-même sur des éditions de sources plus nombreuses et plus sûres que celles utilisées par ses devanciers ?

Deux grands ensembles se partagent l’ouvrage. Le premier appartient au domaine économique et s’interroge sur le rôle joué par le système domanial dans le développement général de l’économie des VIIIe-Xe siècles. Le second s’intéresse à ce qu’on pourrait désigner, avec prudence, comme l’émergence d’une conscience chrétienne de la famille. La conclusion, reprise de celle d’un colloque (Lille 1998) consacré aux élites carolingiennes, apparaît comme un peu artificiellement «plaquée» sur cette œuvre monumentale. L’auteur s’attache d’abord à embrasser chacune des questions étudiées de la façon la plus générale possible (par exemple la totalité du monde carolingien), puis envisage les choses depuis le point de vue italien, voire depuis le seul Latium, objet privilégié de nombre de ses recherches. L’existence – ou l’absence – de sources utilisables conditionne souvent cette méthode. Ajoutons que le lecteur a parfois l’impression d’être invité au cœur même du travail du chercheur, lequel utilise, dans sa rédaction, les mots, le plus souvent latins, qu’il trouve dans ses sources : toute traduction trahissant, c’est vrai, la complexité des réalités, il en donne une définition et ne se sert plus que des termes de pars dominica, pars colonica, curtes, mansi absi, caritas, proles, etc.

Impossible de rendre compte en quelques lignes de la richesse foisonnante apportée par cette synthèse. On retiendra, en tout cas, en ce qui concerne le grand domaine carolingien, à l’intérieur d’une extrême complexité de situations toujours mouvantes, une position résolument optimiste de l’auteur en ce qui concerne les capacités d’adaptation et de gestion des grands propriétaires fonciers. Elles se concrétisent notamment par le rééquilibrage au cours de la période de la part réservée aux «manants» aux dépens de la réserve, et aussi – découverte récente de la recherche – par l’organisation d’une véritable circulation monétaire, alimentée par la commercialisation de réels surplus.

On devra aussi noter que la période carolingienne, plus précisément du milieu du VIIIe au milieu du IXe siècle, constitue un moment décisif pour l’histoire de la famille occidentale, celui de la construction d’une doctrine et d’une idéologie concernant le mariage. S’il n’est pas encore un sacrement, il représente un véritable mysterium sacré, à l’intérieur duquel les époux, dans l’égalité des sexes (on se serait attendu à une position hostile aux filles d’Eve), se voient proposer par l’Eglise un idéal d’union dans la fidélité, bien étranger à une morale monastique au rabais.

Un monde (presque) parfait, le monde carolingien dans lequel P. Toubert nous invite à voyager avec lui ? Une époque qui reste encore bien mal connue. Mais à travers les données économiques, les traits de société, l’historien nous permet de retrouver des événements et aussi des comportements concrets. Ainsi nous pénétrons avec lui dans les demeures paysannes, habitées d’une famille comptant en général les deux parents et trois enfants ; à l’ambition, à la violence et au désir charnel qui guettent le mâle de l’aristocratie, nous voyons le moraliste opposer fidélité à son prince et à son épouse ; et nous pouvons imaginer l’intendant d’une grande abbaye dresser soigneusement le «polyptique» qui sert d’inventaire des biens fonciers, des habitants et des redevances… et de source irremplaçable pour les études historiennes des XXe-XXIe siècles.


Jacqueline Martin-Bagnaudez
( Mis en ligne le 15/09/2004 )
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