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Paris et la Seine : histoire d’un divorce
Isabelle  Backouche   La Trace du fleuve - La Seine et Paris, 1750-1850
Editions EHESS 2000 /  6.53 € -  42.75 ffr. / 430 pages
ISBN : 2713213517
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Aujourd’hui « espace étranger à la vie de Paris », la Seine n’a pas toujours été « absente » de la capitale. Comprendre cette disparition est le but d’Isabelle Backouche qui retrace ici les évolutions du paysage urbain, social, économique et politique particulier formé par le fleuve et ses rives à Paris entre le XVIIIe siècle et le milieu du XIXe siècle. L’analyse, qui porte à la fois sur la place du fleuve dans la ville et sur les relations que les Parisiens entretiennent avec lui, se déroule en trois temps : après avoir décrit la Seine comme un espace partagé et voué à d’innombrables pratiques, l'auteur montre qu’il devient un espace de confrontation finalement remis en cause par les rationalités nouvelles qui guident désormais le développement urbain.

D’abord lieu de travail et voie de communication, la Seine est aussi un lieu de détente et de fêtes. L’auteur montre l’existence d’une société originale, vivant du fleuve dans un paysage urbain particulier marqué au XVIIIe siècle par la présence de bateaux, de moulins et de ponts souvent bâtis qui morcellent l’espace riverain et forment de véritables quartiers organisés autour du port. Lieu majeur de la vie parisienne à cette époque, lieu de mixité sociale aussi, la Seine est également un enjeu de pouvoir entre le Roi et la Ville, dont le prévôt des marchands trouve dans le contrôle du fleuve le dernier fondement de son autorité.
Au cours du XVIIIe siècle, deux faits majeurs vont transformer cet espace de pratiques juxtaposées en un territoire de pratiques hiérarchisées : l’accroissement de la population parisienne et la volonté de plus en plus affirmée de lever les obstacles à la navigation et à la circulation. Des tensions apparaissent donc entre les usages anciens et les besoins nouveaux, marque de la saturation croissante de l’espace fluvial. Cette pression contribue à transformer radicalement le paysage, notamment par l’évolution des pratiques fluviales : les ports se spécialisent, des métiers disparaissent, emportant parfois avec eux les moulins, les établissements de bains, etc.

Les autorités, plus que les usagers, cherchent à remédier à cette situation. A partir de 1740, plusieurs projets prévoient donc une série d’aménagements. Pour la première fois, la Seine est considérée sur l’ensemble de son parcours et l’on tente de l’intégrer avec le reste de l’espace parisien dans le cadre d’une vision globale de la ville et du fleuve. De manière significative, la Seine est le fil directeur du premier plan d’aménagement parisien conçu par le prévôt des marchand Pontcarré de Viarmes et par le maître général des bâtiments de la ville, Moreau-Desproux.. En quelques années, on assiste à une transformation radicale du paysage fluvial avec la démolition des maisons des ponts, celle du Petit Châtelet ou encore le dégagement du parvis de Notre-Dame.

Dès le début du XIXe siècle, le fleuve apparaît de plus en plus clairement comme un espace économique voué au transport et au commerce. L’amélioration des conditions de navigation passe au premier plan, au détriment des anciens métiers du fleuve ou de ses usages festifs. Désertée, la Seine perd également sa spécificité au sein de la capitale, en particulier avec la disparition du prévôt à la Révolution. Indissociable de ses ports et de ses quais sous l’Ancien Régime, le fleuve appartient désormais à l’Etat tandis que les quais sont propriété de la Ville. De plus, la division en bassins de navigation en 1803 confine maintenant la Seine dans un cadre strictement fluvial. Parallèlement, on assiste à la marginalisation relative du fleuve puisque la diversification des voies de navigation (terrestre et fluviale) et la promotion d’un réseau de canaux court-circuite la navigation fluviale dans la ville.

Jusque vers 1850, les travaux se poursuivent sur la Seine : l’achèvement de la ligne de quais, la disparition de la plupart des activités et le dégagement du fleuve donnent à ses rives une certaine unité. Après avoir été un lieu de contacts et de tensions, la Seine coule désormais entre des berges que le pouvoir embellit certes, mais aussi fige par une monumentalisation de plus en plus poussée, entérinée par l’Unesco qui classe le site en 1991. Ainsi, « la transformation de la ville passe explicitement par la suppression d’une partie de son passé et si Paris gagne une voie de circulation, les Parisiens perdent un lieu de vie et de travail auquel ils sont attachés ».

Rigoureux travail historique, La Trace du fleuve met en lumière le processus de transformation d’un espace urbain tout en recréant l’ambiance de la vie à Paris sur la Seine, avec ses bruits, ses clameurs et ses odeurs. L’écriture est claire et s’appuie sur d’intéressants tableaux synthétiques. L’intérêt de ce livre réside non seulement dans l’objet qu’il construit (la Seine et Paris), mais aussi dans la démarche de construction de l’objet, donnant à voir une méthode historique utile à la compréhension des relations entre une société et un espace. La démonstration passant aussi par l’étude de projets d’architecture et par celle des représentations graphiques des bords du fleuve, de nombreuses reproductions de cartes, plans et gravures illustrent cet ouvrage, d’une lecture passionnante et agréable.


Claire Fredj
( Mis en ligne le 29/11/2001 )
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