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Les Ch’ti, corsaires du littoral
Patrick  Villiers   Les Corsaires du littoral - Dunkerque, Calais, Boulogne , de Philippe II à Louis XIV (1568-1713)
Presses universitaires du Septentrion 2001 /  3.72 € -  24,39 ffr. / 358 pages
ISBN : 2859396330
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En 1645, la parution d’un pamphlet hollandais intitulé De la nécessité de prendre Dunkerque soulignait la crainte des Provinces Unies devant la menace qu’exerçaient sur leurs navires les corsaires dunkerquois. De ces marins, tour à tour au service des rois d’Espagne puis de France, la mémoire nationale a surtout conservé le nom de Jean Bart, personnage éminemment symbolique qui ne reflète qu’en partie des pratiques anciennement répandues au sein de la population maritime. Dans son ouvrage Les Corsaires du littoral, Patrick Villiers, professeur à l’Université du Littoral-Côte d’Opale, montre l’ampleur et les caractéristiques du phénomène corsaire dans les trois principaux ports frontaliers du nord, Dunkerque, Boulogne et Calais, depuis la guerre de 80 ans entre l’Espagne et les Provinces Unies, jusqu’à la guerre de succession d’Espagne (1701-1713).

Bien que divisé en six chapitres précédé d’un seul avant-propos introductif et dénué d’une conclusion spécifique, ce livre tend à comparer les deux époques de la course entre lesquelles s’insère une large décennie de transition (1648-1662) pendant laquelle Dunkerque fut successivement sous contrôle français, espagnol, anglais puis, à nouveau et définitivement, français. Ainsi, une fois établie la sempiternelle nuance entre corsaires et pirates par un historique sommaire du phénomène, les deux premiers chapitres sont consacrés à la période s’achevant en 1646 lors de la prise de Dunkerque par le duc d’Enghien, le vainqueur de Rocroi. Si le premier chapitre s’intéresse à la guerre de course, tant espagnole qu’anglaise, autour de ce carrefour maritime qu’est le Pas-de-Calais, le deuxième érige Dunkerque en capitale de la course espagnole, pratiquée par des navires royaux, comme le prouve la création d’une Armada établie dans la cité flamande, ou par des navires armés par des fonds privés. Étouffés par la marine des insurgés, les marins-pêcheurs sont en effet encouragés à se faire câpres pour se défendre et s’enrichir. Au terme de cette guerre de 80 ans, le chapitre trois dresse un très intéressant tableau de la course espagnole dunkerquoise au milieu du XVIIe siècle.

L’annexion de Dunkerque par la France suscite la joie de la Hollande, débarrassée pour un temps de la menace des câpres. C’était sans compter sur la politique d’expansion commerciale voulue par Louis XIV et définie par Colbert. La réorganisation de la marine par ce dernier tend à en faire un instrument de lutte contre les Province Unies et les corsaires sont perçus comme une force d’appoint non négligeable par un pouvoir royal qui les encourage tout en tentant de les contrôler, comme le prouvent les 34 articles réglementant les prises dans l’ordonnance de la Marine de 1681 et analysés longuement par Patrick Villiers. Derrière Jean Bart, ce sont plus d’une centaine de capitaines corsaires qui vont affronter les navires hollandais, espagnols et anglais au cours des guerres de Hollande (1672-1678), de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697) et de Succession d’Espagne.

On l’aura compris, à l’image de Jean Bart, figure de proue de la guerre de course du littoral, si l’ouvrage de Patrick Villiers aspire à traiter des trois cités portuaires, il est en fait principalement consacré à l’activité des câpres dunkerquois. Explicable par la disponibilité des sources dont tout historien est tributaire, la cause de cette prédominance réside surtout dans l’ancienneté du phénomène corsaire à Dunkerque, principal port de guerre dans cette région de l’Espagne, puissance navale, ce que n’est pas la monarchie française détentrice de Calais et Boulogne à la même époque. Inscrit dans le long terme, la course dunkerquoise devient un phénomène d’amplitude. Il est dès lors regrettable que Patrick Villiers n’en ait pas développé une vision plus synthétique, car si l’étude abonde en tableaux des armements ou des prises sur de courtes périodes, il manque d’une réelle comparaison entre les deux grands temps de la câprerie. Il appartient au lecteur de la faire, chose malaisée d’autant que, si l’ouvrage possède une bibliographie et une liste des illustrations et tableaux, il est malheureusement dépourvu d’index.

Cette absence trahit le manque d’une vision d’ensemble des Corsaires du littoral. D’une richesse remarquable, l’ouvrage fourmille de mille et un détails quant à l’activité corsaire, en partie parce qu’il s’appuie beaucoup, surtout pour la période espagnole, sur des travaux très érudits et anciens, comme Les Corsaires dunkerquois de Henri Malo, paru en 1913. Associé à une approche somme toute quantitative de la guerre de course, cet aspect tend à mettre un peu de côté une approche plus prosopographique qui eût peut-être permis une lecture plus transversale et moins événementielle et quantitative de la câprerie. Seule exception, le chapitre trois sur « Les caractères de la guerre de course espagnole à Dunkerque au milieu du XVIIe siècle » offre une véritable synthèse et ouvre des perspectives intéressantes tout en mesurant l’apport dunkerquois à la construction navale.

C’est ce côté hispanique qui contribue à faire des Corsaires du littoral un ouvrage précieux. Il a le mérite de remettre à jour la pratique hispanique de la course et la participation dunkerquoise à l’effort de guerre de la couronne espagnole, effort grâce auquel certains corsaires deviennent amiraux de la flotte espagnole, à l’image d’un Jacques Colaert ou d’un Mathieu Maes qui se fixe et meurt en Espagne dix ans après la perte définitive de la ville par sa majesté très catholique. Autant de contributions à l’étude de la politique navale espagnole et à celle des rapports tissés entre une population septentrionale et son méridional souverain.

S’inscrivant dans la logique de trente années de recherches, ainsi que l’auteur le rappelle lui-même, Les Corsaires du littoral constitue donc une incontournable somme, davantage qu’une synthèse, et comme telle, fort riche, mais qui manque de recul, tant l’auteur reste proche du nombre et du tonnage des navires armés ou encore du résultat des prises. Cette proximité ne facilite pas la lecture de cet ouvrage destiné avant tout à un public universitaire.


Hughes Marsat
( Mis en ligne le 06/06/2002 )
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