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Histoire & sciences sociales  ->  Période Contemporaine  
 

Les tribulations posthumes d'un fils de la Révolution
Jean Paul  Baillard   Kléber après Kléber (1800-2000) - Les pérégrinations posthumes des restes du général Kléber
I.d. L'édition 2001 /  2.86 € -  18.71 ffr. / 160 pages
ISBN : 2913302084
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Si l'on peut penser que les Français amateurs d'histoire connaissent les grandes lignes de la vie de Jean-Baptiste Kléber, rares sont ceux, en revanche, qui se doutent des pérégrinations rocambolesques de son corps et des vicissitudes des monuments qui lui ont été consacrés.

Dans un ouvrage tout aussi érudit qu'agréable à lire, le général Baillard nous plonge dans le monde des vengeances posthumes, des cultes civiques et des luttes idéologiques autour d'un personnage mort en pleine gloire. On y découvre en effet un Bonaparte rancunier - à qui Kléber même après sa mort faisait de l'ombre - enfermant son cadavre pendant des années dans une cellule du château d'If; un Louis XVIII élégant qui autorise le transfert de la dépouille du vainqueur des Vendéens à Strasbourg; un Louis-Philippe consensuel qui encourage l'érection de la statue-tombeau sur cette place d'armes qui devient place Kléber.

Il n'est pas jusqu'aux "Prussiens" qui après 1870, se montrent presque magnanimes, laissant le corps du général en paix, tolérant même certaines années des manifestations d'étudiants francophiles au pied de son monument, mais se raidissant pendant la Première Guerre mondiale (où le Kléber de bronze échappe de peu à la fonte).

L'un des premiers soins des français en 1918 est d'aller saluer la figure du général. Les plus hautes personnalités politiques et militaires sacrifieront à ce rite. On ne s'étonne donc pas de voir les nazis, éphémères maîtres de la situation, faire disparaître ce symbole du nationalisme français et du particularisme alsacien. Heureusement, s'ils détruisent le monument élevé à Kléber au Polygone, ils se contentent de remiser la statue de Philippe Grass au musée historique et de transférer la dépouille du général au cimetière de Cronenbourg.

Revenu à sa place en 1945, le monument sera épargné par les contemporains lors de la construction d'un parking souterrain ou de la réfection complète de la place. Une place sur laquelle on jette désormais un autre regard après avoir refermé ce livre. On lira aussi avec intérêt les pages consacrées au coeur de Kléber, conservé dans la crypte des Invalides, et à la postérité littéraire du général, héros de plusieurs oeuvres poétiques et théâtrales.

Afin de faire revivre une histoire si riche et si mouvementée, l'auteur s'appuie sur des archives et sur une bibliographie rigoureuse et abondante. Les illustrations sont nombreuses et bien choisies. Voilà en cette année du plus célèbre des Strasbourgeois, un livre bien venu qui nous démontre, sans contestation possible qu'il y a bien une vie après la mort !


Jean-Noël Grandhomme
( Mis en ligne le 18/04/2000 )
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