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| Films -> Drame |
Regarde les hommes tomber
de Jacques Audiard
avec Jean Yanne, Jean-Louis Trintignant, Mathieu Kassovitz, Bulle Ogier, Christine Pascal, Yvon Back
Arte Vidéo 2002 / 2.29 €
César du meilleur premier film 1995
César du meilleur espoir masculin 1995
César du meilleur montage 1995
Durée film 110 mn.
Classification : - 12 ans |
Format image : 1.66 d'origine respecté. Ecran 16/9 compatible 4/3
Format son : DD 2.0
Bonus :
* Commentaires du réalisateur et de son co-scénariste Alain Le Henry
* Bandes-annonces des trois films de Jacques Audiard précédées d'un bref commentaire du cinéaste : Regarde les hommes tomber, Un héros très discret, Sur mes lèvres
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Au cours d'une planque qui tourne mal, un flic, Mickey (Yvon Back) est mortellement blessé. Hospitalisé dans le service des comas dépassés, il reçoit la visite régulière de Simon Hirsch (Jean Yanne), un de ses amis qui, par hasard, l'assistait dans cette opération. Devant l'inefficacité de la police, Hirsch, VRP fatigué et misanthrope, va bientôt décider de mener lui-même l'enquête. Quelques mois plus tôt, sur une aire d'autoroute, Marx (Jean-Louis Trintignant), un demi-clochard flambeur, rencontre Frédéric (Mathieu Kassovitz), un jeune paumé. Entre Hirsch, Marx et Frédéric - rebaptisé "Johnny" parce que "Frédo, ça fait clébard ou gonzesse" -, c'est le début d'un étrange chassé-croisé ...
Cinéaste aussi ambitieux qu'exigeant, Jacques Audiard signait en 1994 avec Regarde les hommes tomber une oeuvre où apparaissent déjà les grandes lignes de son style : primauté donnée aux acteurs sur l'intrigue, détournement des codes d'un genre (ici, le polar), réalisation anti-spectaculaire donnant presque l'impression d'un "film de chambre" comme on parle de musique de chambre. Les partis pris d'éclairage, de cadrage, le morcellement de la narration et le refus d'expliciter les scènes témoignent de ce raffinement du propos qui, paradoxalement, ne limite jamais l'extraordinaire abattage des trois acteurs principaux, chacun dans un registre différent : Yanne est stupéfiant en "vengeur las", tantôt gueulard, tantôt d'une fragilité enfantine, se raccrochant à son enquête pour ne pas sombrer dans le néant d'une vie qui part à la dérive ; Trintignant et Kassovitz dupliquent génialement les duos beckettiens, avec la même oscillation entre amour et cruauté, folie et lucidité. Fraîchement sorti de Métisse, Kassovitz compose un personnage halluciné, qui tient du Lenny de Des souris et des hommes et annonce le Mehdi de son film Assassin(s) (1997) : un gamin dans un corps d'adulte, incapable de distinguer la fiction de la réalité et, pour cette raison, ouvert à la plus grande et à la plus absurde violence. La façon dont il emplit progressivement l'écran tout au long de ces 110 minutes, sa métamorphose subtile révélée dans un regard, l'esquisse d'un geste, montrent assez l'étendue de son talent ; plus qu'un talent, une "nature" de comédien, dont le réalisateur souligne à plusieurs reprises dans son commentaire l'exceptionnel instinct.
Ces commentaires, chapitrés, constituent le principal complément de cette remarquable réalisation. Jacques Audiard et son co-scénariste Alain Le Henry s'étendent sur leurs choix narratifs, les différents montages, les choix musicaux (superbe partition d'Alexandre Desplat, une autre raison, avec l'apparition lumineuse de Christine Pascal, de ne pas rater ce film) ainsi que sur les nombreuses difficultés rencontrées lors du tournage : dépassements de planning, acteurs tatillons (de Trintignant découvrant que sa première scène est une scène d'amour et quittant le plateau sur le champ, à Yanne assaillant Audiard de questions sur les motivations de son personnage), etc. Lorsqu'on apprend, dans la filmographie commentée, que le cinéaste a failli jeter l'éponge après ce premier film, on mesure combien cette oeuvre si maîtrisée, si fluide, connut une gestation laborieuse et violente. Et on se réjouit que d'autres, tout aussi réussies mais moins douloureuses, lui aient succédé...
Pierre Brévignon
( Mis en ligne le 21/06/2002 )
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