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| Films -> Drame |
La défense Loujine
de Marleen Gorris
avec John Turturro, Emily Watson
France Télévisions Distribution 2004 / 20 ffr.- 3.05 €
Durée film 108 mn.
Classification : Tous publics |
Version : DVD Zone 2/PAL
Format vidéo : 1.33
Format image : 1.85
Format audio : français (5.1 Dolby Digital ) ; Anglais (Dolby Digital 2.0 Stereo
Sous-titres : français
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La Défense Loujine est de ces films qui sont aussi des œuvres d’art et font du cinéma ce beau septième qui mériterait sa muse… Elle s’appellerait Lumière, Lux, Lucie. Injustement boudé par la critique et passé inaperçu à sa sortie en France en 2001, ce film mérite une seconde vie, voire une renaissance, sur support DVD. Dommage que celui-ci, magnifiquement habillé, ne soit pas enrichi de bonus autres qu’une bande-annonce solitaire.
Adapté du roman éponyme de Nabokov, l’histoire est centrée sur Alexandre Ivanovitch Loujine, brillant joueur d’échecs mais un personnage décalé, hanté par une enfance à la fois heureuse et tragique, le magistère d’un mentor malveillant, Valentinov, et une passion pour les échecs, exacerbée en addiction, sinon en névrose… A l’occasion du championnat du monde d’échecs, il rencontre, sur les bords envoûtants d’un des grands lacs italiens, la belle Natalia Katkov. Les deux émigrés russes se voient et tombent en amour. Entre la jeune femme et la dépendance aux échecs, un combat tacite est enclenché. Natalia voudrait que Loujine ne danse plus seul… L’issue est incertaine, mais notre jeune joueur est assurément… damé…
La beauté du film est polymorphe. Elle emprunte sa force au talent de Nabokov, assurément. Mais aussi aux jeux des acteurs. On n’aurait pas trouvé meilleur interprète que John Turturro pour camper ce joueur malade, excentrique et touchant. C’est son rayon ! Après le Jésus joueur de bowling ou le scénariste torturé imaginés par les frères Coen (dans The Big Lebowski et Barton Fink respectivement), il donne toute sa mesure au personnage tracassé de Nabokov. Quant à Emily Watson, elle excelle dans ces rôles de jeunes femmes à la beauté non immédiate, loin des sex symbols hollywoodiens, mais non moins évidente. Que ce soit Adam Sandler dans Punch drunk love (un autre chef d’œuvre passé trop inaperçu) ou Ralph Fiennes dans Dragon rouge, et Turturro ici, on tombe amoureux avec eux, charmé par ces yeux clairs, lumineux et enfantins et cette tête pouponne encadrée par de beaux cheveux roux… Ces deux acteurs donnent à ce qui serait sinon une simple histoire d’amour, une belle épaisseur.
Enfin, Bernard Loutic, directeur de la photographie, n’est pas pour rien dans la beauté de l’œuvre. Il n’y a pas un plan qui ne soit un régal pour les yeux. Le travail sur les couleurs, les ambiances, les ombres, mettent en valeur des décors par ailleurs sublimes : les vieux palais italiens, les lacs alpins et toute une époque, les années vingt, recréée avec brio. Comme ce roi de cristal que Loujine conserve religieusement dans sa poche, ce film est un petit bijou.
Bruno Portesi
( Mis en ligne le 08/03/2004 )
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