L'actualité du livre
Littératureet Romans & Nouvelles  

Et n’attendre personne
de Eric Genetet
Editions Héloïse d’Ormesson 2013 /  15 €- 98.25  ffr. / 153 pages
ISBN : 978-2-35087-210-0
FORMAT : 14,3 cm × 20,8 cm

Blues alsacien

Strasbourg, la petite bourgeoisie alsacienne ; un couple entre quarante et cinquante ans ; ils se sont rencontrés il y a vingt ans, coup de foudre réciproque, trajectoire rectiligne et sans histoire ; un fils unique de vingt ans, qu’ils chérissent tous les deux ; un jour, leur fils prend son envol, au sens propre et au sens figuré puisque, musicien dans un groupe de rock, il part à New-York pour y vivre sa vie d’adulte et d’artiste.

Grain de sable dans la belle mécanique : alors qu’Isabella, la mère, vit très bien le départ du fils, et prend aussi son essor vers d’autres responsabilités professionnelles à Bruxelles, Alberto, le père, resté seul à Strasbourg, s’effondre inexplicablement : il se met à douter de tout ; de lui, de son couple, de la fidélité de sa femme, de ses capacités professionnelles ; il sombre dans la dépression et va jusqu’à se faire licencier de son poste de photographe dans un magazine, pour tenter de reconquérir sa femme ; ce sera aussi pour lui l’occasion de retrouver, au hasard d’une discussion avec sa propre mère, le terrible secret de son père, secret de famille qu’il va reproduire pour son propre malheur.

«Rétrospectivement, j’avais le sentiment d’avoir manqué de tout. D’amour surtout, c’était comme si je ne l’avais pas connu. J’avais des doutes sur ma propre identité. J’étais incapable de savoir si j’allais bien ou mal. J’ignorais tout de moi, de la pluie, du beau temps, des ombres qui aveuglent et mettent des coups de pied au cul» (p.19).

N’en disons pas plus ! Même si le suspense n’est pas l’élément principal de Et n’attendre personne, la dernière partie du livre nous surprend, bien plus que le début, où les personnages et l’intrigue, un peu trop lisses de prime abord, ont un peu de mal à nous passionner. Il reste que ce roman de la «crise de la cinquantaine» nous offre quelques jolis passages, bien sentis, sur ce que peut vivre un couple dont les repères s’effondrent ; on sourit tendrement à l’évocation de quelques moments empreints d’une certaine nostalgie poétique, et l’on referme le livre, très vite lu, avec le sentiment d’avoir passé un beau moment.

Eric Genetet est journaliste ; il a publié en 2008 Le Fiancé de la lune.

Michel Pierre
( Mis en ligne le 11/02/2013 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)